L’Etat français, par le biais de ses institutions, a annoncé son refus d’indemniser les Algériens victimes des radiations émanant des essais nucléaires au plutonium, procédés le 13 février 1960 et le 31 décembre 1967 à Reggane.
Paradoxalement et comme pour souligner le déni de droit qu’elle affiche à l’égard de l’Algérie, la France accepte d’indemniser les populations de la Polynésie où elle perdura ses essais jusqu’aux années 2000.
Le douloureux souvenir des explosions nucléaires dont les populations ont constitué des cobayes humains est encore vivace dans les esprits des autochtones de Reggane et des régions limitrophes mais également dans celui des vétérans français qui furent des cobayes humains utilisés pour «étudier les effets des radiations».
Les conséquences destructrices de ces essais perpétrés sous le nom de code «Gerboise bleue» sont encore perceptibles de nos jours. Une terre brûlée où ni flore ni faune (disparition des gazelles, fennecs et autres espèces animales) n’existe.
Des populations sont atteintes des radiations et «s’excusent devant leurs progénitures atteintes de malformations». 50 ans après ces terribles essais nucléaires, les hommes pleurent et exigent réparation d’un Etat qui pourtant prônait les vertus de la liberté, de la fraternité et de la démocratie.
De nos jours, l’oubli n’est pas permis et les milliers de victimes réunies au sein des associations réitèrent leur cri de détresse et exigent des réparations de la France qui continue à faire la sourde oreille.
Auguste Ribet, ancien militaire français parmi les milliers d’autres utilisés comme des cobayes par l’armée coloniale, se bat toujours pour faire valoir ses droits suite au cancer qu’il a contracté, et ce, au même titre que ses compagnons qui se disent avoir été «trompés». 50 ans après, la France refuse de reconnaître la causalité des effets des irradiations atomiques et notamment ceux de Reggane.
Mais l’Etat algérien ne cessera de réitérer ses appels en direction de la rive nord afin d’arracher «une reconnaissance de la France vis-à-vis des essais criminels perpétrés sur le sol algérien». La société civile algérienne dénonce avec ferveur les conséquences de ces essais. Ce n’est que 50 ans après qu’une probable décontamination des sites fait l’objet d’étude.
Réactions et dénonciations
Maître Benbraham, avocate agréé près la Cour suprême et au Conseil d’Etat, Abderrahmane Leksassi, vice-président de l’association du 13 février 1960, ainsi que le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, ont réagi d’une manière énergique en mettant en exergue
le caractère préjudiciable découlant de ces essais et des conséquences dramatiques que les populations du sud algérien continuent de subir faute de décontamination des espaces irradiés, où se dressent encore le bunker et les câbles, vestiges de ces essais criminels perpétrés par les forces coloniales.
D. M.