50 000 mineurs victimes de maltraitance chaque année: Silence complice

50 000 mineurs victimes de maltraitance chaque année: Silence complice

Malgré l’existence de textes juridiques condamnant et punissant ceux qui les maltraitent, les enfants continuent d’être victimes de violence, négligence, viol… Cet état de fait n’a pas laissé indifférente la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (FOREM).

La situation est alarmante au regard des chiffres avancés par la FOREM, dont le président, le Pr Mustapha Khiati, informe que près de 50 000 enfants sont maltraités annuellement, citant de récentes statistiques établies par les services de sécurité et les hôpitaux.

La FOREM estime aussi que le nombre de cas d’agression sexuelle, près de 10 000 par an, reflète un véritable phénomène de société. Les enfants victimes de ces agressions souffrent en silence, car 80% de ces actes condamnables sont enregistrés dans le milieu familial et demeurent impunis en raison des tabous qui pèsent très lourd dans notre société.

Selon le Pr Khiati, la violence à l’égard des mineurs qui ne cesse de prendre de l’ampleur ces dernières années risque d’exploser en raison du nombre croissant de victimes enregistrées par les services de la Gendarmerie nationale aux quatre coins du pays.

Il a rappelé que la Convention internationale des droits de l’enfant, en vigueur en Algérie depuis mai 1993, définit la maltraitance comme «toute forme de violence, d’atteinte ou de brutalités physiques ou mentales, d’abandon ou de négligence, de mauvais traitements ou d’exploitation, y compris la violence sexuelle». La violence peut revêtir un aspect physique ou psychologique et peut être aussi une violence passive comme l’exclusion ou la marginalisation de l’enfant.

En effet, les quelques chiffres recensés par la Gendarmerie nationale et les services de la police sont révélateurs de la dangerosité du phénomène. Pédophilie, viol, attentat à la pudeur, inceste, incitation à la débauche, acte contre-nature et autres sévices sexuels que subissent les enfants sont devenus des maux que la société évoque au quotidien. La FOREM suggère donc, selon notre interlocuteur, une «éducation morale et sexuelle auprès des familles».

Le Pr Khiati fait état cependant de l’existence de textes juridiques, mais qui ne sont pas appliqués sur le terrain. «Le code pénal protège l’intégrité morale et physique des enfants. La loi est claire», a-t-il estimé. C’est la raison pour laquelle il interpelle les autorités concernées à prendre les mesures qui sanctionnent tout acte de violence à l’égard des mineurs. Ainsi, la FOREM constate que malgré la baisse du taux de mortalité, la réduction sensible de cas de malnutrition et les progrès enregistrés en matière d’éducation, beaucoup reste à faire pour améliorer la situation de l’enfant en Algérie.

Lynda Louifi