Le mode de gouvernance négocié confère à Vimpelcom le contrôle de l’entreprise à travers la présidence du CA et les finances.
Les termes négociés par les Algériens pour l’acquisition des 51% de Djezzy demeurent encore aujourd’hui inconnus tant les deux parties concernées par la transaction annoncée le 18 avril dernier, refusent de se prononcer sur la question invoquant la confidentialité du dossier par laquelle ils sont tenus. “L’Algérie s’en est bien sortie dans cette affaire”, commente notre source, qui a accepté de nous révéler quelques détails inhérents à la transaction et qui valent leur pesant d’or.
Celle-ci a tenu à mettre en exergue les exigences des Russes à entamer les négociations en étant intransigeants sur le fait de garder le contrôle de l’entreprise. Elle expliquera, en outre, que “c’est là une pratique tout à fait ordinaire, mais qui suppose un coût”. Autrement dit, ce préalable a coûté de l’argent aux Russes qui n’ont pas hésité à mettre la main à la poche ou à céder une part du supposé gain pour garder un pouvoir non négligeable dans la prise de décision.
S’il est dit clairement que dans la nouvelle configuration, Djezzy gardera la gestion de l’entreprise, il ne s’agit pas là de vains mots mais plutôt d’un mode de gouvernance bien établi. Cela signifie plus clairement que la présidence du conseil d’administration (CA) reviendra aux Russes et que la partie algérienne décrochera la vice-présidence. Ce conseil réunira à la fois les représentants de Djezzy, des membres du FNI ainsi que le partenaire social.
À souligner, à ce stade, que jusqu’à présent le pacte d’actionnariat n’est toujours pas signé et Djezzy continue à fonctionner en tant qu’Orascom Télécom Algérie et non Optimum Télécom Algérie avec une probable conclusion définitive de la transaction en septembre prochain ou au plus tard à la fin de l’année en cours. “De nombreux détails restent à affiner entre les deux parties qui continuent à travailler régulièrement”, insiste notre source qui rappellera que “rien ne sera conclu avant que Djezzy n’assainisse complètement sa situation fiscale”.
L’accord prévoit, en ce sens, le règlement du contentieux opposant le fisc algérien à OTA, qui avait fait l’objet en 2009 d’un redressement fiscal d’un montant de 596,6 millions de dollars. Là-dessus, le communiqué qui a sanctionné l’annonce du rachat de 51% des parts de Djezzy par l’Algérie, avait déjà indiqué que “les restrictions inhérentes au blocage des fonds en devises et à l’importation dictées par la Banque d’Algérie contre OTA, le 15 avril 2010, seront levées suite à l’acquittement d’une amende de
99 milliards de dinars algériens (environ 1,3 milliard de dollars) qu’OTA devra verser au Trésor public”.
Il a mentionné aussi qu’“OTA cessera définitivement (sans admission de faute ou de responsabilité) toutes les procédures connexes en cours”. À la suite de la résolution de ces contentieux, GTH et Vimpelcom auront un hors frais (un montant d’exception) de 2 milliards de dollars dans leurs états financiers de 2013. Autre détail important, l’abandon par GTH de sa plainte portée à l’arbitrage international contre l’État algérien.
Des cadres algériens en guise d’adjoints à la tête des directions d’opérations
En abordant le volet inhérent à la gouvernance, notre source n’a pas été en mesure d’affirmer avec certitude si la partie algérienne, à travers le FNI, a négocié la prise en main de certaines directions des opérations (la technique et le commercial). Ce qui est sûr, en revanche, c’est que les finances seront du ressort exclusif des anciens propriétaires qui demeurent à hauteur de 49% au moment où les nouveaux propriétaires devraient décrocher des postes d’adjoints.
Cela est loin d’être insignifiant dans la mesure où le FNI garde, également, des droits de veto sur les grandes décisions stratégiques. Mais qu’a donc acheté l’Algérie ? La réponse, en somme est toute simple : 51% d’Orascom Télécom Algérie (OTA) qui est détenue par Global Télécom
Holding (GTH) à 97% et le reste appartient au groupe Cevital. GTH relève de Vimpelcom à hauteur de 54% et le reste des actions (comptes flottants) est partagé entre la Bourse américaine et celle de Londres. Ce dénouement constitue, en définitive, une véritable bouffée d’oxygène pour les deux parties. Résultat : Vimpelcom et GTH récoltent 4 milliards de dollars qui leur permettront de rembourser les dettes et consolider la position, déjà très forte, d’OTA qui a fini par lancer la 3G en juillet dernier.
Reste qu’aucune supposée vente ne peut être envisageable avant 7 ans, sans être en mesure de confirmer d’aucune manière que se soit le cas où il y aurait vente un jour, si l’État algérien serait le candidat prioritaire. Le nouvel accord a porté, contre toute attente, sur la garantie des droits des travailleurs assurée au-delà de toute autre considération.