Le cercle des oppositions au 4emandat de Bouteflika s’élargit. Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) revient de ses soutiens par trois fois répétés à la candidature du chef de l’Etat et s’illustre dans un refus franc au renouvellement de la magistrature de ce dernier pour une quatrième fois de suite. Abderrazak Mokri, vice-président du parti, s’explique dans les colonnes d’El Khabar.
Prévisible, assurément, le revirement de la position du parti islamiste par rapport au chef de l’Etat, dès lors que le MSP avait quitté le giron présidentiel pour un parcours initiatique sur les sentiers tortueux de l’opposition.
Le divorce d’avec l’Alliance présidentielle s’est accompagné chez le MSP d’un notable amendement. Le parti d’Aboudjera Soltani plaide à présent pour une limitation de mandats présidentiels, après avoir soutenu et voté, en novembre 2008, la révision constitutionnelle qui a permis à Bouteflika de briguer un troisième mandat d’affilée.
C’est cette nouvelle conviction qui dicte aujourd’hui au MSP d’être contre un quatrième mandat pour le locataire du palais d’El Mouradia. Du moins, c’est par cela que Mokri explique la position de son parti. «Je ne sais pas comment il serait possible d’empêcher Bouteflika de se représenter pour un 4e mandat. Le mouvement est contre sa candidature, du fait de sa position qui milite pour la limitation des mandats présidentiels. Si la révision constitutionnelle ne viendrait pas à les en limiter ou interdire la prolongation, personne n’a les moyens de l’empêcher de se représenter», a affirmé le vice-président du MSP. L’on note aisément que le MSP n’emprunte pas la voie qui pourrait le mener à intégrer le front du refus à la constitution duquel Benbitour, Djilali et Méchati appellent.
Abderrazak Mokri pense qu’il n’est point possible en Algérie d’organiser des contestations pacifiques pouvant changer les cours politiques. «Le contraire est, en revanche, vrai : si un responsable se présente, les moyens de l’Etat lui seront affectés et des soutiens lui seront suscités d’une manière ou d’une autre.»
Au demeurant, Mokri estime que si le système adoube un candidat, ce dernier sera «élu». Il explique le mécanisme qui prévaut en l’espèce. «L’élection présidentielle n’a aucun rapport avec les partis politiques. Tout se déroule et se concocte au haut sommet de l’Etat. D’ordinaire, le candidat du système émerge du consensus entre les décideurs de l’institution militaire et la présidence de la République auxquels se sont ajoutés actuellement des gens qui ont des intérêts. Une fois ce consensus établi, vient le rôle des partis. Ceux qui font les mères porteuses et ceux qui jouent aux lièvres.»
S’agissant de la prochaine présidentielle, le vice-président du MSP entrevoit une certaine volonté du système à reconduire Bouteflika. Mais cette volonté essuie, dit-il, des oppositions de la part de responsables qui réalisent le danger de la situation à laquelle a conduit la corruption. «La question n’est pas encore tranchée», croit-il savoir.
S. A. I.