Pour le président de l’association des hypertendus, «il y a plus de 65.000 personnes inscrites dans la wilaya d’Alger qui souffrent de la maladie, et on a de plus en plus de jeunes qui viennent.»
Plus de 35%, soit pratiquement un quart de la population algérienne, souffrent d’hypertension artérielle, selon les dernières statistiques de la Société algérienne d’hypertension artérielle (SAHA). C’est ce qu’a déclaré jeudi dernier à Alger le président de l’Association des hypertendus, M. Kheireddine Mokhbi, lors de la tenue de la 4e Journée mondiale de l’hypertension artérielle. En effet, M. Mokhbi a expliqué qu’«il y a plus de 65.000 personnes inscrites dans wilaya d’Alger qui souffrent de la maladie, et on a de plus en plus de jeunes qui viennent».
Le président de l’association déplore l’absence de prise en charge des hypertendus en Algérie. Il regrette aussi la pénurie de médicaments et du coût élevé des traitements contre l’hypertension artérielle et qui ne sont pas pris en charge par la Caisse nationale des assurances sociales (CNAS), sauf si cette pathologie est liée à d’autres maladies chroniques comme le diabète. «Nous demandons à ce que le remboursement des médicaments soit de 100% au lieu de 80», a-il-indiqué. Et d’ajouter : «On est en train de négocier avec la CNAS afin que l’obtention d’un tensiomètre soit remboursée aux malades au moins une fois par an.»
Au cours de cette journée, les spécialistes ont mis l’accent sur les complications que l’hypertension peut engendrer comme l’accident vasculaire cérébral (AVC), qui est en en augmentation permanente en Algérie, et l’insuffisance rénale.
En effet, environ 90% des gens atteints d’insuffisance rénale ont des antécédents d’hypertension artérielle. Au bout du compte, cette insuffisance rénale peut devenir terminale et conduire à la dialyse (rein artificiel).
Il est très important de comprendre que plus l’hypertension est importante, plus la fonction rénale se dégrade. Une insuffisance rénale se dépiste simplement par le dosage de la créatinine dans le sang. Au total, c’est en permanence et sur l’ensemble de l’organisme que l’hypertension artérielle exerce ses effets néfastes, même s’ils ne sont pas toujours visibles au début comme l’insuffisance rénale ne fait pas mal, d’où l’attention particulière à apporter au suivi du traitement de l’hypertension.
Pour sa part, la sous-directrice au ministère de la Santé chargée des maladies non transmissibles, Mme Djamila Nadir, a déclaré que ce sont les personnes âgées de plus de 60 ans qui sont les plus touchées. Ainsi, elle préconise un mode de vie plus sain pour «vieillir en bonne santé et avoir moins de pathologies à un âge avancé, d’autant plus que l’espérance de vie a augmenté», a-t-elle fait observer.
Elle a indiqué, à cet effet, qu’un programme, s’inscrivant dans le cadre de la lutte contre les maladies cardiovasculaires, et un plan de communication ont été mis en place par le ministère de tutelle, ajoutant qu’un travail de fond et de sensibilisation est appelé à être lancé dans le cadre de l’intersectorialité.
Les médecins et spécialistes ayant pris part à cette journée ont déploré, de leur côté, que les hypertendus en Algérie cumulent d’autres maladies, appelant ainsi à sensibiliser la population, en ciblant notamment les élèves dans les écoles et les lycées, à «consommer moins de sel et de sucre».
Ces spécialistes ont mis en garde contre les facteurs provoquant l’hypertension artérielle, citant notamment la consommation du sel, le stress et le cholestérol. S’agissant du stress qui «augmente le risque d’une attaque cardiaque», les spécialistes ont insisté sur le soutien social des proches, la pratique d’une activité sportive, une alimentation saine et des vacances annuelles.
Enfin, le maître assistant au service de médecine interne d’Aïn Taya, Mme Bensaime Medjahid Dahbia Radia, a de son côté indiqué que «l’association hypertension artérielle et tabac est mortelle, car elle constitue un grand facteur de risque cardiovasculaire». Selon elle, la nicotine agit directement sur les artères en augmentant de façon transitoire la pression artérielle et la fréquence cardiaque.
Wassila Benhamed