Pourtant beaucoup plus efficace et mieux sécurisé, le taux de paiement électronique ne dépasse pas les 10%. Le paiement cash l’emporte toujours et il temps de faire basculer la tendance.
En dépit des mutations économiques et autres développements technologiques que l’Algérie a pourtant suivis, le marché monétique reste en deçà des aspirations de ses différents acteurs. La culture du paiement cash ou en espèces reste très ancrée et plus généralisée, voire appréciée par les algériens, du simple citoyen aux grandes institutions ou entreprises, commerçants… Les billets qui, pourtant, s’usent à force de changer de main sont omniprésents à toutes les transactions ou autres recouvrements.
Pourtant, il suffirait d’introduire une simple carte dans un terminal de paiement électronique TPE pour éviter de s’encombrer d’importantes sommes d’argent et de s’exposer à des risques de vol.
Il est grand temps, aujourd’hui, pour l’Algérie de suivre également l’évolution du marché monétique en rangeant les liasses de billets pour une simple et efficace carte bancaire. C’est justement pour débattre des mesures et moyens à même de basculer la tendance actuelle que divers intervenants nationaux et internationaux ont convenu d’une rencontre.
En effet, un forum monétique a réuni, hier à l’hôtel Sofitel, des leaders mondiaux du domaine tels que Oberthur Technologies, Ingenico, Satim, Master Card, Data Card, S2M, les opérateurs de téléphonie mobile, les banques… Le représentant de Oberthur Technologies, fournisseur mondial de solutions à base de cartes à puce, ayant d’ailleurs remporté deux sésames à cartes en 2008, nous dira que “l’objectif du forum est de booster l’utilisation des cartes bancaires. Le taux de bancarisation, qui est de 4%, est très faible. Il faut donc proposer des solutions pour privilégier le paiement par carte et non le paiement cash”. Selon Hamid Bakli, “la rencontre qui se tient sous l’égide de la Satim permettra aussi aux différents participants de haut niveau de faire un état des lieux du marché de la monétique et de lancer des projets à même de promouvoir le paiement bancaire. Nous sommes là pour proposer nos solutions et dire ce que l’on est capable de faire dans ce sens”.
Le représentant d’Oberthur Technologies en Algérie, Hamid Bakli, estime que l’une des solutions préconisées est de trouver une bonne intégration entre les banques et les différents opérateurs de téléphonie mobile pour le paiement électronique. “Les trois opérateurs, qui ont pris part hier au forum, se sont dits très intéressés par cette formule de paiement pour toutes leurs prestations. Des propositions, dans ce sens, sont d’ailleurs faites par l’autre leader mondial des TPE des Logiciels Associés et des systèmes de transactions sécurisées”, en l’occurrence le groupe Ingenico.
Selon le directeur Afrique de ce groupe, Rachid Oulad Akdim, le forum vise à renforcer l’image de la monétique en Algérie par la vulgarisation, l’éducation et un plan d’action. Insuffisance et retard sont les deux caractéristiques actuelles de la monétique. “Pourquoi ne pas développer ce marché d’autant que des potentialités existent ? Nous tentons d’apporter des solutions avec tous les partenaires du réseau monétique”, ajoute encore Oulad Akdim. Les solutions ? Le groupe Ingenico préconise une meilleure communication des banques via un marketing bancaire, révision du taux de commission pratiquée pour chaque transaction, une législation qui privilégierait le paiement électronique au cash. “La banque centrale devrait lancer des campagnes de vulgarisation pour cette formule de paiement.” Selon d’autres représentants de ce groupe, Khalid hadj et Naïma Ould, “les TPE comptent outre l’application du paiement, d’autres applications telles que la recharge de téléphonie prépayée, la loterie, la microfinance…” Partenaire incontournable chargée de la gestion du réseau monétique et interbancaire, la DG de la Satim, Nawel Benkritly, révélera que “si le taux de bancarisation est de 4%, l’utilisation des cartes en paiement ne dépasse pas les 10%. Ce qui est très faible. La culture du cash est très répandue. Les gens utilisent la carte pour retirer de l’argent alors qu’ils devraient le faire pour le paiement.”
Selon la responsable de la Satim, “les commerces de proximité préfèrent le paiement cash en vue d’éviter la traçabilité. Pour eux, il n’y a aucun intérêt à utiliser les TPE alors que c’est plus efficace et plus sécurisé”. Que faire pour les inciter ? “Ce qu’il faudrait, c’est convaincre les grandes institutions et entreprises d’opter pour les TPE et les GAB pour que la formule se généralise”. Des projets, dans ce sens, sont en cours avec notamment des opérateurs de téléphonie mobile. Les banques devront plaider cette formule auprès d’autres organismes tels que Sonelgaz, Seaal…
M B