«Frères contre frères». Une légende que Mouloudéens et Usmistes d’Alger avaient obligation d’entretenir. Bab-El-Oued et Soustara, tout Alger, voire toute l’Algérie, et d’autres contrées de la planète respirent le Clasico algérien. Le rendezvous d’hier, 92e du genre entre ces deux vieilles connaissances, était assurément spécial. C’est une finale de coupe, la cinquième de l’histoire entre ces deux teams. A eux deux, Mouloudéens et Usmistes accumulent 20 finales sur les 49 jouées depuis le 24 avril 1963 (ESS-ESM) au stade municipal d’El-Annassers. 50 ans plus tard, le Noir est à nouveau de la fête. L’USMA, menée 4-0 dans le palmarès des finales perdues devant le rival du MCA, a nié l’évidence. En égalant le record des Sétifiens en s’attribuant son huitième trophée en dix-sept finales.
Sur les gradins, en tout cas, le show était garanti malgré une matinée agitée. Des centaines, peut-être des milliers de supporters munis de leurs tickets n’ont pu accéder au stade faute de places sur les gradins du temple olympique trop exigu pour contenir cette marée humaine ornée de vert, rouge et de noir. Sur la pelouse reverdie, le spectacle promettait. Les deux effectifs comportaient une forte colonie d’internationaux, ex et nouveaux. Cela devait inéluctablement déboucher sur une bataille très rude, techniquement mais aussi tactiquement. Si Menad a tout simplement reconduit le Onze qui a permis au Mouloudia d’honorer sa septième finale, Courbis qui avait à gérer les effets du calendrier démentiel imposé à son équipe, mais aussi les blessures de dernière minute, a créé une petite sensation en se privant d’un défenseur sur le couloir droit où Ferhat et Gasmi se succédaient pour bloquer le trio mouloudéen Babouche- Metref-Bouguèche. Et cela a payé, ne serait-ce que sur le vu de la première mi-temps. 45 minutes de débats intenses qui verront le MCA s’offrir la première occasion du match quand le bolide de Bouguèche sera détourné en corner par l’excellent Zemmamouche (10’). Sur le coup du coin botté par Metref, la défense usmiste repousse sur Kacem qui remet instamment sur le paquet, Djallit met une tête décroisée à côté (11’). La réaction des Rouge et Noir fut d’abord timide. Deham, servi par Djediat, ne put reprendre devant le retour de Bachiri (13’). Sur l’action suivante, Haïmoudi siffle un coup à hauteur des 35 mètres. Benmoussa se charge d’exécuter, d’une frappe enveloppée, un Chaouchi visiblement gêné par le mur (17’). Un coup de théâtre ? Pas vraiment dans la mesure où l’USMA a joué simple en s’appliquant à bloquer les dangereux attaquants mouloudéens. Ces derniers butteront sur un Zemmamouche des grands jours. Metref (22’), Besseghir (22’ et 27’), Bouguèche (40’) et Babouche (45’+2’) avaient beau essayer mais le portier usmiste veillait.
«Zemma» en état de grâce
Il fallait aux poulains de Menad procéder autrement pour espérer changer le cours du jeu. En posant le ballon au lieu de le balancer vers des attaquants essoufflés par les longues transversales de Chaouchi et ses défenseurs. Mais également en mettant à profit les innombrables balles arrêtées. A l’entame de la seconde mi-temps, ce sont les Usmistes qui alerteront Chaouchi grâce à un tir de Djediat qui effleurera le poteau gauche des bois mouloudéens (46’). Sur le contre, Bouguèche, après un face-àface manqué de Djallit, met le cuir sur la transversale (47’). Le Mouloudia presse mais continue de pécher par manque d’efficacité devant Zemmamouche à l’instar de Besseghir qui pique une tête au-dessus (68’). Depuis lors, la cause semblait entendue. Les dieux du stade ont fini par user les capés de Menad, maladroits et écœurés par les arrêts de Zemmamouche.
M. B.
Fiche technique
Alger, stade du 5-Juillet, temps variable, affluence record, terrain praticable, arbitrage de MM. Haïmoudi assisté de MM. Bechirene et Gourari. 4e arbitre : Mial
But : Benmoussa (17’) USMA.
Avts. : Gasmi (19’), Benmoussa (29’), Djediat (44’), Khoualed (59’), Koudri (61’), Bouchema (82’), Zemmamouche (90’+5’) USMA, Babouche (34’), Attafen (69’) MCA.
MCA : Chaouchi, Besseghir, Babouche, Bachiri, Aksas, Ghazi, Kacem (Ouali 86’), Metref, Yachir (Attafen 66’), Bouguèche, Djallit.
Entr. : Menad.
USMA : Zemmamouche, Boudbouda, Benmoussa, Khoualed, Chafai, Bouchema, Koudri, Ferhat, Djediat (Andréa, 73’), Gasmi (Benamara, 90’+4’), Deham (Bouazza, 56’).
Entr. : Courbis.
À CHAUD
Amine Zemmamouche : «Je dédie cette coupe à nos supporters et à tous les gens de ma ville natale, Mila. Je suis heureux. Aujourd’hui, je ne fais que mon boulot. Le Mouloudia a une place dans mon cœur, mais aujourd’hui il nous fallait cette coupe pour donner de la joie à nos fans.»
Farouk Chafaï : «Ce fut difficile mais mérité. Nous avons joué comme nous l’a demandé le coach et au finish on est sacrés. Je pense que nos supporters sont ravis.»
Karim Ghazi : «Je suis déçu mais c’est la loi du football. Il fallait un gagnant et c’est l’USMA qui a eu le mot de la fin. Je les félicite. Je crois que nous avons raté trop d’occasions devant un Zemmamouche des grands jours. Je suis d’autant triste pour nos fans qui nous ont encouragés jusqu’au bout.»