49 morts dans un attentat contre une mosquée à Damas,Cheikh Al-Bouti parmi les victimes

49 morts dans un attentat contre une mosquée à Damas,Cheikh Al-Bouti parmi les victimes

Cheikh Mohamed Saïd Ramadhan Al-Bouti, un homme de paix et de tolérance

Un attentat suicide a été commis jeudi soir contre la mosquée El Iman à Damas qui a occasionné la mort de 49 personnes dont celle du théologien Said Ramadhan Al Bouti.

L’éminent théologien Cheikh Mohamed Saïd Ramadhan Al-Bouti et plus de 40 autres fidèles ont été tués dans un lâche attentat suicide en Syrie. Le crime abominable a été perpétré par un kamikaze à l’intérieur de la mosquée El Iman à Damas peu avant la prière d’El Icha. «Le grand savant, Dr Mohammad Saïd Al-Bouti, est tombé en martyr dans un attentat suicide terroriste commis à l’intérieur de la mosquée El Iman, dans le quartier Mazraa à Damas» indiquaient, hier les télévisions et médias syriens.

Ce grand savant connu de tous les musulmans du monde entier dénonçait souvent, dans ses interventions, les courants salafistes et wahhabites, rappelant à ceux qui ont pris les armes de revenir à la raison. Tout en restant modeste, Al Bouti n’a jamais cessé de prévenir le monde sur les sectes criminelles de certaines monarchies du Golfe, et était l’ennemi juré de «l’Union mondiale des ouléma musulmans», parrainée par Yousef Al-Qaradhaoui, porte-voix de la mouvance intégriste dans le monde arabe et soutien actif des groupes terroristes en Syrie. Les Algériens se rappelleront longtemps de ses discours du temps de la «tragédie nationale» qui a endeuillé notre société. Il ne manquait jamais l’occasion pour lancer un appel à l’égard des terroristes ayant sévi en Algérie de déposer les armes dénonçant le faux Jihad proclamé par certains prétendus «spécialistes» de l’Islam. De l’Algérie où il avait séjourné, notamment en 2006 à Constantine, il avait déclaré, «Le Jihad désigne en son sens exact, la lutte pour la cause de Dieu… le Jihad, comme nous l’avons vu, était au début de l’ère islamique, un appel à l’Islam impliquant la nécessité de résister aux difficultés et aux épreuves par la voie pacifique…». Il dira aussi à ceux qui souhaitent comprendre «les gens du Livre, peuvent coexister avec les musulmans».

Un homme de paix et de tolérance, a été assassiné car il a refusé l’argent des pétromonarchies. Cela ramène à notre esprit la question de savoir s’il faut tuer tous ceux qui soutiennent le régime syrien? Al Qaradhaoui avait répondu oui. Qu’ils soient civils ou militaires, tous ceux qui luttent pour que la Syrie ne tombe pas entre les mains des sectes criminelles armées et soutenues par Israël, la Turquie, Qatar, l’Arabie Saoudite et les USA, et cheikh Ramadhan Saïd Al Bouti était l’un d’eux sont, selon le prédicateur attitré d’Al Jazeera, des cibles à abattre quelles que soient les circonstances. Le 21 mars, la «sentence» fut exécutée par un kamikaze tuant près d’une cinquantaine de personnes. Moralement, Al Qaradhaoui, qui avait autorisé et légitimé les crimes en Algérie, pourrait être considéré comme un des principaux commanditaires de ce crime odieux ciblant un homme qui a toujours constitué un rempart contre les sectes wahhabites et leurs relais. A l’inverse du planqué de Doha, Al Bouti s’est distingué de façon éclatante et courageuse en dénonçant le terrorisme. Il avait apporté son soutien à l’Algérie et aux Algériens dans la dure épreuve qui leur avait été imposée par les tueurs de bébés. Connu pour son immense savoir et son extraordinaire humilité, Al Bouti a toujours été un savant libre qui maîtrisait parfaitement son sujet. Contrairement aux pseudo-ouléma, il n’avait jamais dissocié le nationalisme et le patriotisme du dogme «al Aquida» islamique. Sa conception du Jihad n’était pas celle de ceux qui veulent mettre les pays arabes à feu et à sang. Son élimination physique révèle aujourd’hui la véritable nature de ces hordes armées financées par le Qatar et manipulées par le Mossad, qui ne reculent devant rien pour la destruction des pays musulmans encore debout. Cheikh Mohamed Saïd Ramadhan Al-Bouti avait 84 ans en même temps que son petit-fils. Al-Bouti né en 1929, est titulaire d’un doctorat de sciences islamiques obtenu à la célèbre université Al-Azhar du Caire. Il était à la tête du département des Croyances et Religions de la Faculté de la Charia à Damas.

Il prêche régulièrement dans les mosquées de Damas, mais souvent aussi dans d’autres villes de la Syrie. Le défunt est l’auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages dont beaucoup sont traduits en plusieurs langues dont le français. Il arrive à la 23e position du classement des 500 musulmans les plus influents. Il est originaire du village de Jilka situé sur l’île de Buthan en Turquie. Il obtient en 1955, «Al-Alamiyyah», le plus haut diplôme délivré par Al-Azhar à cette époque. En 1960, il enseigne à la Faculté de la Religion à l’Université de Damas où il a occupé plusieurs postes hiérarchiques. Il a de son vivant participé à de nombreuses conférences et colloques à travers le monde, en France notamment. Il a été membre de la Société royale de recherche en civilisation islamique du Haut conseil de l’Université d’Oxford en Grande-Bretagne. Il est apprécié pour son épistémologie et sa modération. Al-Bouti s’est toujours opposé aux fondamentalistes d’Arabie Saoudite. Dans un de ses livres, il accuse les salafistes de manipuler le terme «Jihad» à des fins d’intérêt. D’ailleurs dans son ouvrage «Djihad en Islam», il s’oppose à la fetwa controversée d’Al Albani ordonnant aux musulmans de quitter la Palestine. Sa droiture lui a coûté la vie jeudi soir.