Évènement économique majeur depuis les toutes premières années de l’indépendance, la 47e édition de la Foire internationale d’Alger a été inaugurée par le Premier ministre le 28 mai. Elle s’est singularisée par une présence notable des Américains.
Cette manifestation revêt une importance toute particulière, compte tenu à la fois des opportunités d’investissement qu’offre le prochain plan quinquennal 2014- 2019, mais aussi, de la nécessité pour notre pays d’attirer des IDE (investissements directs étrangers). Dans un contexte international marqué par l’une des plus graves crises économiques structurelles que les pays occidentaux aient connu depuis 1929, sauf à vouloir jouer à la “politique de l’autruche”, cette récession impactera inéluctablement l’économie algérienne. Les pouvoirs publics semblent prendre leurs devants à travers la voix du ministre des Finances.
Ils reconnaissent désormais cette réalité et envisagent de s’acheminer vers la rigueur budgétaire. D’autant que sur le plan de la commercialisation des hydrocarbures, l’horizon s’assombrit et l’option d’exploitation du gaz de schiste fait polémique et n’a pas livré tous ses secrets. Les Américains, invités d’honneur de cette manifestation, présents à travers 80 entreprises opérant notamment dans les secteurs des transports, des produits pharmaceutiques et des technologies…n’est pas significatif en soi. “Le tamis ne peut cacher le soleil”». Les “Texans” ne s’intéressent qu’à nos ressources énergétiques.
Le volume de nos échanges commerciaux hors hydrocarbures, se réalise essentiellement avec l’Union européenne, la Chine, la Turquie et la Fédération de Russie, pour des raisons historiques dans le domaine de l’armement. Même si cette présence américaine favorise et amplifie notre politique de marketing ; elle est loin de représenter une signification commerciale conséquente, en termes de flux physiques et de valeur en recettes extérieures. Bien sûr que tout le monde sait, qu’actuellement, pour des raisons évidentes, de coût et de rentabilité des facteurs de production ; l’Amérique latine avec le Brésil, le Mexique, le Chili… constituent des marchés plus attractif pour les capitaux anglo- saxons. Mais ce rendez-vous ambitionne tout de même, d’élargir le spectre des opérations de partenariat à long terme avec les firmes étrangères.
Dans cet esprit, et à l’évidence, mesurant l’importance des enjeux, des atouts de notre pays, et du faible afflux des IDE,— que certains expliquent par les mesures de sauvegarde de l’économie nationale, à travers les lois de finance complémentaires au titre des années 2008, 2009et 2010 sous le vocable du retour au patriotisme économique, par notamment l’introduction de la règle des 51/49% — ; le plan d’action, du gouvernement prévoit pour la période 2014-2019, un taux de croissance de 7 %, contre 4 % durant le quinquennat précédent (2010-2014), et un taux de chômage en dessous de 9,8 % et l’inflation autour des 3,5 %. Par ailleurs, Le gouvernement entend ainsi faire de “l’amélioration du climat des affaires » le fer de lance de ses “politiques innovantes” en matière de développement économique, par une levée des contraintes entravant l’essor de l’entreprise et de l’investissement “au triple plan des procédures, des délais et des coûts”.
Ainsi le nombre de participants étrangers venus des quatre coins du monde, est à lui seul, significatif de l’intérêt que portent les grands groupes multinationaux aux opportunités d’investissements et d’affaires que l’économie algérienne peut leur offrir. D’un autre coté, au plan strictement intérieur, la 47e édition de ce carrefour de rencontres et d’échanges entre les entreprises et les hommes d’affaires algériens et étrangers, se distingue des précédents forums, par la présence en force des opérateurs nationaux privés et publics (PME dans leur majorité) avec plus de 453 exposants. C’est là, un signal fort des entrepreneurs algériens.
Ces derniers entendent arracher leur part de marché de ce gigantesque plan Marshall selon les grands axes, notamment dans le domaine des infrastructures de base annoncés par Sellal pour les cinq années à venir. L’espoir du patronnat est que les gouvernants apporteront des modifications stratégiques, structurelles et concrètes, pour booster le climat des affaires, qui, malheureusement, peine à porter ses fruits. Ceci d’autant que les capacités productives nationales, publiques et privées, ont été marginalisées en faveur des sphères spéculatives.
En outre, ce même contexte continue d’alimenter des interrogations sur les conditions d’utilisation des deniers publics dans un climat économique global empreint de scandales financiers et d’aggravation de la corruption. Les moyens financiers qui seront engagées à travers le programme quinquennal, 2014-2019, pourront-ils générer une dynamique de création de richesses et d’emplois hors hydrocarbures, sachant que la croissance est essentiellement tirée par la dépense publique ? Certains observateurs de la scène économique nationale, continuent à s’interroger sur la volonté réelle de la puissance publique à associer le secteur privé national productif à cette dynamique de développement national.
Au-delà de tous ces questionnements, et en dépit de toutes les contraintes, l’Algérie, se positionne stratégiquement sur la voie du développement durable. Il appartient aux élites politiques authentiques et aux entrepreneurs économiques, de veiller à l’intérêt des générations futures, dans un monde, où les “faibles” n’auront pas place.
A. H.