L’histoire de l’université algérienne a connu bien des zones de turbulences, et ce, depuis sa création au lendemain de l’indépendance, marquée par différentes réformes qui ont, entre autres, remodelé le mode de l’enseignement supérieur en Algérie.
Des réformes ont été mises en place, dont celles de 1971, dans le but de «mettre à disposition une élite technologique et scientifique pouvant répondre aux soucis du développement du pays». Qu’en est-il depuis ? Une course effrénée pour «produire» le plus grand nombre de diplômés possible a été engagée au détriment de la qualité de l’enseignement !
Le nombre d’étudiants enregistré rien que pour la rentrée universitaire 2011/2012 qui avoisine près d’un million d’étudiants à travers le territoire national corrobore bien le constat établi plus haut. Cette course qui ne dit pas son nom a généré des difficultés à tous les niveaux : matérielles, qualité de la formation ou encore humaines. Une autre réforme qui est considérée comme l’une des plus importantes a été mise en branle depuis l’année 2003/2004.
Elle a pour nom le système LMD (Licence-Mastère-Doctorat) calqué sur un mode d’enseignement européen et qui est depuis adopté par l’université algérienne. Ce même système a été introduit en Algérie suite aux constatations faites par des commissions d’enquête installées depuis 1980 qui ont déduit que le système appliqué avant souffrait de nombreux dysfonctionnements.
Le système LMD a comme base, pour mieux le comprendre, l’atteinte de chaque niveau d’étude par l’acquisition des crédits et non pas par la validation de l’année comme cela se faisait avec le système classique. Il est également placé sous deux règles fondamentales, celles de l’application et de l’observation (théorie et pratique), un moyen d’apprivoiser les étudiants à leur projet d’étude et à leurs enseignants.
Ces derniers sont censés, d’ailleurs, derrière ce système, offrir un encadrement aux étudiants surtout lors des cours pratiques. Le système offre aux étudiants plus de choix pour exercer leurs professions ultérieures à partir des nombreuses spécialités qui se présentent à eux. Cependant aujourd’hui, neuf années après sa mise en application, le système LMD soulève toujours des interrogations au sein de la communauté estudiantine. N’est-il pas compris ? Est-il bien trop difficile pour les étudiants?
Ou les règles de ce système ne sont tout simplement pas respectées et par l’administration et par les enseignants ? Dans le but donc d’avoir des éclaircissements et de répondre à ces interrogations qui taraudent encore les esprits, deux étudiants en troisième année de licence de mathématiques de la faculté des sciences de l’université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, en l’occurrence Benini Nordine et Maalem Merzouk ont réalisé un sondage auprès des étudiants sur ces questions.
La gestion de l’administration décriée
En effet, sur un échantillon de 200 étudiants de la faculté des sciences, 76.1% ont déclaré ne pas avoir confiance dans la gestion de l’administration, et les raisons essentielles évoquées sont liées non seulement aux problèmes comportementaux et à l’absence de communication, mais aussi au manque de prise en charge des soucis propres à l’étudiant dus à une absence d’écoute.
D’ailleurs, ce manque de confiance en l’administration est relatif au fait que 46.8% des sondés pensent que le système LMD ne leur convient pas. Pour étayer leurs dires, ils mettent en avant sa mauvaise gestion et la charge de son emploi du temps.
Sur ce point, 59% des étudiants jugent leur emploi du temps chargé et 14% le trouvent surchargé. En outre, au volet relatif à la gestion de l’administration et à l’application des enseignants, 75.6% des sondés ne sont pas satisfaits des méthodes d’enseignement contre 24.4%. Les causes avancées par les étudiants se trouvent dans le manque de communication entre les enseignants et les étudiants qui pensent, à tort ou à raison, que les cours sont trop rapides ou «mal enseignés».
On y trouve aussi des remarques du genre, «les enseignants dictent trop» qui reviennent très souvent dans les réponses. Dans ce sondage, les étudiants ont ajouté leurs propres commentaires et les deux phrases majoritairement citées sont «l’administration doit être à l’écoute des étudiants», «permettre aux étudiants de finir leurs études le plus vite possible».
Par ailleurs, 73.1% des étudiants interrogés n’aiment pas ce qu’ils étudient actuellement. Les raisons essentielles évoquées sont : «on ne comprend rien, c’est trop difficile ou trop compliqué». Il faut noter, ajoute le sondage, que les croisements de différentes variables montrent que l’appréciation de ce qui est étudié actuellement ne dépend que de l’idée que se fait l’étudiant du LMD et ne dépend pas de l’autre variable. Enfin, ce même sondage nous apprend que 83.1% des étudiants veulent continuer leurs études à l’étranger, ce qui amène à conclure que l’objectif de créer des élites s’écroule comme un château de cartes.
Fatima Benamer