Selon l’Abef, les banques ont consenti 450 milliards de dinars de crédits aux PME et aux microentreprises.
Des filiales spécialisées de capital investissement et de leasing seront créées par les banques publiques, pour conforter le financement des petites en moyennes entreprises en fonds propres. C’est du moins ce qu’a annoncé, hier, le ministre des Finances à l’ouverture du colloque maghrébin sur le financement de la PME organisé par l’Association des banques et des établissements financiers (Abef) et l’Union des banques maghrébines, à l’hôtel El-Aurassi (Alger). Ces nouvelles institutions financières adossées aux différents mécanismes de garantie, dont la Caisse de garantie de crédit à l’investissement, pourrait faciliter l’accès aux crédits aux petites et moyennes entreprises.
Plus risquées, plus volatiles, plus incertaines, plus consommatrices de temps pour la banque, les PME-PMI n’ont pas la cote. La majorité des griefs nourris par les entreprises envers le système bancaire porte sur les dysfonctionnements, les lourdeurs et les excès des banques et leur impact dépressif sur l’activité réelle : garanties excessives, délais de traitement des dossiers de crédit trop longs, taux d’intérêt trop élevés, l’accueil de la clientèle est insuffisant, les relations avec l’étranger sont insuffisamment prises en charge, manque de formation des personnels… De leur côté, les banques estiment que les PME/PMI privées évoluent encore généralement dans un cadre de propriété familiale et se caractérisent par une taille réduite atteignant rarement la taille critique, les projets qui leur sont soumis ne sont pas bien maturés. Les établissements bancaires estiment qu’ils n’ont pas à prendre des risques inconsidérés et que rien ne les y contraint. « Les banques sont obligées d’avoir une attitude très rigoureuse de maîtrise de financement. Parce qu’un financement mal maîtrisé, mal étudié dès le début rentre dans un engrenage d’impayés et de créances non performantes », affirme le délégué général de l’Abef, M. Abderrahmane Benkhalfa, reconnaissant l’existence « d’un dialogue difficile entre la banque et l’entreprise ». Le délégué général de l’Abef indique que les banques « sont en train de faire l’impossible pour diminuer le délai de traitement des dossiers », mais « la qualité, contenu du dossier, la rentabilité du projet, la conquête des marchés et la compétitivité de l’entreprise sont des éléments sur lesquels les banques sont de plus en plus regardantes ». Cette divergence de perception procède fondamentalement de la situation de trop forte dépendance dans laquelle se trouvent les entreprises vis-à-vis de leurs banques, situation qui trouve son origine dans l’absence d’un véritable marché financier, qui reste embryonnaire en Algérie, de la faiblesse du crédit inter-entreprises, du crédit-bail, du capital investissement, et d’autres instruments adéquats.
Ce sont ces nouveaux outils de financement qui ont été débattus, hier, par les banquiers maghrébins et européens. Le grand argentier du pays a laissé entendre que les petites et moyennes entreprises deviennent de plus en plus prépondérantes dans les portefeuilles de banque. C’est environ le quart des engagements de beaucoup de banques. Le ministre de la PME a affirmé que les crédits bancaires a permis la création de 120 000 petites et moyennes entreprises, qui emploient les 320 000 travailleurs. Les engagements des banques en 2008 ont atteint en stock 2 500 milliards de dinars. Cela veut dire, explique le délégué général de l’Abef, M. Benkhalfa, que « le financement de la petite et moyenne entreprise et de la microentreprise dépasse 450 milliards de dinars ». « C’est un niveau qu’il faut développer », estime M. Benkhalfa.
À côté du financement bancaire, le marché du leasing se développe en Algérie. « On est passé de quelques milliards il y a quelques années, à plus de 65 milliards de dinars en leasing », souligne le délégué de l’Abef. Cependant, pour le capital investissement, M. Jean-Michel Netter de Siparex Paris (France) explique que son développement nécessite un climat d’investissement favorable, une fiscalité raisonnable sur les plus-values de cession, la possibilité de transfert des fonds investis, un marché boursier qui fonctionne mais des entreprises transparentes.