450 logements APC -CNEP «Pitavi» de Birkhadem: cité ou Décharge?

450 logements APC -CNEP «Pitavi» de Birkhadem: cité ou Décharge?
pitavi Birkhadem

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D’aucuns savent qu’il existe dans la ville de Birkhadem, à Alger, plusieurs «points noirs», mais le plus frappant reste, incontestablement, cette cité – qui, à vrai dire, n’a rien de cité – des 450 Logements APC-Cnep,appelée communément «Pitavi».

Se trouvant en plein axe menant vers l’autoroute de Blida, ce lieu constitue, de par les avis unanimes, un véritable danger pour ses habitants, avec des bâtiments qui tiennent miraculeusement et des parties qui commencent déjà à s’effondrer. Chose qui vient s’ajouter au manque du minimum vital: eau, électricité, gaz de ville et évacuation des eaux usées. Les revendications, depuis des années, des habitants sont tombées dans l’oreille d’un sourd. Au mois de mai dernier, il a été décidé de prendre, enfin, en charge ce dossier avec une première étape de relogement vers Douéra, qui a concerné les habitants des bidonvilles, lesquels ont poussé comme des champignons en peu de temps. Les occupants des bâtiments se sont empressés, à ce moment-là, de commencer la préparation de la deuxième étape qui devait les concerner, comme cela leur a été promis.

De mal en pis

LG Algérie

Un jour, une semaine, un mois, deux mois… Rien ne fut. Ce qui les a poussés à aller s’informer auprès de la Circonscription administrative de Bir Mourad Raïs. Là, le discours a changé, puisqu’on les a informés que cela risquait de prendre plus de temps que prévu.

Après la première opération de relogement, les services de l’APC de Birkhadem ont procédé à la démolition des bidonvilles. Mais le ramassage, qui a duré 48 heures après, n’a pas été effectué de manière idoine, ce qui a empiré la situation, donnant l’impression qu’il s’agit d’une ville en pleine guerre. Les conduites des eaux usées sont bouchées, obligeant les habitants à prendre d’eux-mêmes l’initiative de les déboucher, après plusieurs appels sans réponses en direction de l’APC. Sans électricité, les bâtiments sont alimentés illicitement à partir des poteaux et en raison de la surcharge, l’ampérage devient insuffisant pour les appareils électriques, dont les climatiseurs. «Avec cette odeur nauséabonde, nous sommes obligés de fermer les fenêtres. Avec la canicule et les climatiseurs qui ne fonctionnent pas à cause du faible ampérage, ça devient invivable dans les maisons», raconte-t-on.

L’APC en rajoute une couche

L’APC, accusée depuis des années d’avoir abandonné ce lieu, vient d’en rajouter une couche. La mosquée «El-Tawba», qui se trouve tout juste à côté, sera prochainement dotée d’un parking et les travaux sont en cours, après avoir récupéré une parcelle de terrain suite à la démolition de certains bidonvilles au mois de mai. «Des camions viennent de ce chantier pour verser leurs décharges à l’entrée de la cité. Nous nous sommes plaints auprès de l’APC. Certes, ces camions n’y viennent plus, mais ce qui a été versé jusque-là n’a pas été ramassé avec tout ce que cela engendre», apprend-on sur place.

Les moustiques «tigres»

Récemment, des points ont été évoqués à Alger où l’«Aedes albopictus», communément appelées «moustiques tigres »» ont été repérées, dont Birkhadem. Et ces insectes ont été constatés au niveau de «Pitavi» selon des témoins oculaires. «Après les rats, les serpents et d’autres insectes, nous voilà avec les moustiques tigres », déplore-t-on encore. Les services de l’Institut Pasteur d’Algérie (IPA), et en rappelant le danger que constitue la propagation dudit insecte, a assuré que «le contrôle de la densité de ce moustique est faisable» et qu’il suffit, pour cela, d’«une large sensibilisation de la population». Or, et à voir ce qui se passe dans ce lieu, «ce sont les élus locaux qui doivent être sensibilisés en premier lieu». Pis encore, les bacs à ordure qui se trouvaient au niveau de l’entrée haute de la cité – réservée aux piétons – ont disparu. Plusieurs des habitants sont ceux qui jettent leurs ordures au même endroit, par terre, et les services de Net.com sont aux abonnés absents, malgré les différentes sollicitations.

Après plusieurs opérations de recensement, l’APC de Birkhadem a décidé de délivrer des «certificats de résidence» aux habitants des bidonvilles, garages et bâtiments de «Pitavi». Ces derniers utilisaient, avant, d’autres adresses de parents pour pouvoir se procurer ce document. Après cette décision de l’APC, ces habitants ont été systématiquement radiés de leurs anciens lieux de résidence pour être inscrits à «450 Logements, APC-Cnep Birkhadem».

Sans domicile fixe

Après le relogement des occupants des bidonvilles, ceux qui restent se sont vu refuser la délivrance dudit document, «jusqu’à ce que la liste soit réactualisée». Barrés du premier lieu de résidence et bloqués dans le deuxième, ces habitants sont devenus, aux yeux de la loi, des «sans domicile fixe (SDF)». Et cela vient bloquer, en premier lieu, les inscriptions pour la nouvelle année scolaire, en cours pour certains et très proches pour d’autres.

Certains habitants veulent que cette cité soit réaménagée et les papiers régularisés pour y rester, alors que d’autres attendent avec impatience un relogement estimant que cette cité est «irrécupérable». Mais entre le voeu des uns et des autres, tout est en stand-by et le silence radio des responsables intrigue les deux parties, lesquelles croisent les doigts en attendant que ça bouge.