Recrutés spécialement pour assurer le transport des étudiants, pas moins de 450 chauffeurs du Cous risquent de perdre leur emploi en cas de résiliation du contrat Étusa-Dou Alger-Est. La DG, qui s’engage à ne prendre aucune sanction contre les grévistes, réitère son appel à la reprise du travail.
Le mouvement de protestation lancé il y a dix jours par les travailleurs de l’Étusa se poursuit. Le conflit n’est pas près de connaître un dénouement qui mettrait fin à la paralysie du transport urbain dans la capitale, voire de tout l’établissement.
Pis, l’action menée par les travailleurs risque de se retourner contre eux et contre leur propre entreprise ! En effet, outre l’énorme préjudice financier causé par cette grève, l’Étusa est exposée à la perte d’un de ses plus importants marchés de transport. Il s’agit du transport universitaire que l’établissement a repris depuis 2010 en se dotant de 275 nouveaux autobus fabriqués par la SNVI. La direction des œuvres universitaires d’Alger-Est menace de résilier le contrat conclu avec l’entreprise.
“L’Étusa est mise en demeure de reprendre le service du transport universitaire urbain”, lit-on sur la mise en demeure numéro 1 de la DOU d’Alger-Est. Et d’ajouter : “Faute de satisfaction à cette mise en demeure, la DOU se réserve le droit d’appliquer les mesures coercitives prévues par la réglementation en vigueur.” La direction justifie le recours à cette mesure extrême par le fait que “la grève des travailleurs, qui persiste à ce jour, a causé beaucoup de préjudices à nos étudiants”.
Du coup, ce sont 450 chauffeurs du Cous qui risquent de perdre leur emploi car l’établissement les a recrutés spécialement pour couvrir les prestations du transport universitaire. Autrement dit, les chauffeurs concernés devraient reprendre du service pour ne pas se retrouver au chômage. Il faut signaler à ce propos que la DG a tenu, hier encore, à réitérer son appel à la reprise du travail et à rassurer les grévistes qu’aucune sanction ne sera appliquée.
Un premier appel a été lancé vendredi par le DG de l’Étusa, mais celui-ci est resté sans écho. Jusqu’à hier, les manifestants se donnaient toujours rendez-vous à la Maison du peuple pour un rassemblement quotidien et font la sourde oreille à toute déclaration ou engagement de la direction, n’attendant que les consignes de “leurs porte-parole”. Et ces derniers semblent de plus en plus intransigeants et déterminés à aller jusqu’au bout, faisant fi même de la décision de justice décrétant “la grève illégale” car, justifient-ils, “nous ne sommes pas en grève”.
Pour Aït Mejane, un des trois porte-parole, “la grève s’appuie sur des règles et des lois précises et est souvent chapeautée par un syndicat. Or, les travailleurs de l’Étusa ne reconnaissent pas le syndicat d’entreprise”. Selon lui, les travailleurs “se sont tournés vers nous trois pour les défendre alors que nous sommes toujours licenciés de notre
poste de travail”. Et de soutenir que si dialogue il y a, il faut qu’il ait lieu avec eux et uniquement eux trois et sur invitation écrite et officielle de la DG. Il est clair enfin que l’heure n’est plus à l’intransigeance mais à l’urgence de préserver son gagne-pain.
M B