42 ans après sa nationalisation ,Le secteur des hydrocarbures en déficit de gouvernance économique

42 ans après sa nationalisation ,Le secteur des hydrocarbures en déficit de gouvernance économique

Nationalisé le 24 février 1971, le secteur des hydrocarbures pâtit, quarante-deux ans après, d’un déficit en matière de bonne gouvernance économique.

Le 24 février 1971, l’Algérie a décidé de manière souveraine la nationalisation de 51% des intérêts des compagnies pétrolières concessionnaires dans les gisements algériens, 100% des intérêts liés aux gisements gaziers ainsi que ceux détenus par les sociétés de transport d’hydrocarbures. Annoncée par l’historique «Quarrarna…» prononcé par le défunt président Houari Boumediène, cette décision a donné lieu à une transformation radicale, à la consolidation de la compagnie nationale Sonatrach dans son rôle fondamental en matière de valorisation globale des ressources d’hydrocarbures du pays. Mais aussi, elle a permis à des cadres, techniciens et ingénieurs et autres compétences algériennes, de relever le défi de la gestion de l’industrie pétrolière, en prenant le contrôle des installations énergétiques désertées par les techniciens étrangers, en donnant le meilleur d’eux-mêmes et en réussissant ce challenge. Et à ces cadres, ingénieurs et foreurs, le cabinet de consulting stratégique Emergy, qui a organisé hier à l’hôtel Sheraton – Club-des-Pins, la dixième édition du Forum d’Alger, a tenu à rendre un hommage appuyé en décernant des trophées (des Derricks en or), notamment à titre posthume.

L’occasion également de retracer l’évolution du secteur national des hydrocarbures depuis cette date historique, au-delà des expériences individuelles ou des fluctuations d’ordre interne ou externe qui ont influé sur la politique énergétique du pays. Or, quarante-deux ans après cette décision, le secteur national des hydrocarbures pâtit d’un déficit avéré en matière de bonne gouvernance économique. Et c’est ce que les propos recueillis en marge du Forum auprès d’anciens cadres dirigeants du secteur ont clairement mis en relief. Ainsi, l’ancien président-directeur général de Sonatrach et spécialiste de l’amont, Nazim Zouiouèche, estime que la mobilisation dans le secteur était plus intense lors des premières décades de la restauration de la souveraineté nationale qu’actuellement. «On travaillait mieux avant que maintenant. Les gens étaient plus engagés», relève cet ancien cadre dirigeant qui observe que même durant «la décennie noire» (les années 1990), l’Algérie était à la pointe en matière de valorisation (production notamment) des hydrocarbures. «On travaillait beaucoup », dira-t-il, mettant en avant la vocation essentiellement pétrolière du pays. Adoptant certes un ton réservé, Nazim Zouiouèche déplore cependant l’existence de déficits patents en matière de management, de formation et de développement des sociétés de services pétroliers, outre des insuffisances en matière de politique commerciale, concernant notamment l’optimisation des coûts et la fixation des prix. Persuadé que Sonatrach a joué son rôle dans le développement économique du pays, l’ancien responsable de la compagnie nationale estime, cependant, que le contexte actuel, marqué tant par des réussites que par des échecs et au-delà de la problématique de la corruption, pâtit cependant d’un «problème de gouvernance économique ». Une assertion à laquelle l’ancien ministre de l’Energie et des Mines et consultant international, Nordine Aït Laoussine, était tacitement favorable, en relevant que le problème de la bonne utilisation des ressources et une situation de sous-développement chronique perdure.

«Nous ne sommes pas encore sortis du sous-développement », relève-t-il, insistant par ailleurs sur la nécessité de «la démocratie réelle» et d’un «Etat» appelé à jouer son rôle, au-delà de l’impératif de développer l’industrie de services notamment. Notons lors des interventions, qu’une douzaine de litiges commerciaux opposant Sonatrach et les sociétés pétrolières étrangères, essentiellement françaises, dont les actifs ont été nationalisés, ont été réglés durant l’année 1971, dans la limite des 100 millions de dollars imposés par Houari Boumediène pour toute indemnisation.

C. B.