400 morts en Syrie depuis le début de la mission de la Ligue arabe

400 morts en Syrie depuis le début de la mission de la Ligue arabe

Quatre cents personnes ont été tuées en Syrie depuis le début de la mission des observateurs de la Ligue arabe, le 26 décembre, a annoncé, mardi 10 janvier, le secrétaire général adjoint de l’ONU, B. Lynn Pascoe, lors d’une réunion des quinze pays du Conseil de sécurité sur la Syrie.

Les Nations unies avaient jusque-là fait état d’un bilan de plus de cinq mille morts depuis le début des manifestations contre le régime du président Bachar Al-Assad, en mars dernier.

Censée vérifier l’application d’un plan de sortie de crise approuvé début novembre par Bachar Al-Assad, la mission de Ligue arabe est vivement contestée par l’opposition syrienne notamment, qui multiplie les appels pour que l’ONU se saisisse du dossier. Mardi, le ministre des affaires étrangères français, Alain Juppé, est allé dans ce sens, demandant que la Ligue « rende compte au Conseil de sécurité des Nations unies » des conclusions de sa mission d’observation, si celles-ci devaient être négatives

La Ligue arabe, critiquée pour son inefficacité à réduire les violences, a toutefois défendu sa mission lundi, condamnant l’attaque à Lattaquié de plusieurs de ses observateurs par des « manifestants non identifiés ». Le ministère des affaires étrangères des Emirats arabes unis a reproché au régime syrien de ne pas faciliter la mission, dont le travail « devient de plus en plus difficile », et a déploré ces attaques « qui ne viennent clairement pas de l’opposition, ce qui est un mauvais signe ».

BACHAR AL-ASSAD PROPOSE UN RÉFÉRENDUM POPULAIRE

En pleine controverse sur la mission de la Ligue arabe, Bachar Al-Assad a prononcé une longue allocution mardi, retransmise à la télévision. Il a notamment annoncé la tenue d’un référendum populaire sur une nouvelle Constitution. Ce vote doit avoir lieu « la première semaine de mars », une fois que « la commission sur la nouvelle Constitution aura terminé ses travaux ». Depuis le début du soulèvement, le président Assad alterne promesses de réformes et répression.

Imputant depuis le début les troubles à des « bandes armées » ou à des « groupes terroristes » manipulés par l’étranger, Bachar Al-Assad a estimé, mardi, que son pays faisait l’objet d’un « complot étranger » : « Il ne faut pas tolérer ceux qui terrorisent les gens », a-t-il affirmé, tout en dénonçant les « médias internationaux » qui tentent selon lui « sans relâche de pousser la Syrie à l’effondrement ». Malgré ce ton martial, Bachar Al-Assad s’est de nouveau défendu d’avoir donné l’ordre aux forces de l’ordre de tirer sur des manifestants.

L’OPPOSITION DÉNONCE UNE « INCITATION À LA VIOLENCE »

C’est pourtant dans les heures qui ont suivi ce discours que l’Observatoire syrien des droits de l’homme a annoncé que dix civils avaient été tués et quarante autres blessés à Deir Ezzor, dans l’est du pays. Les forces de sécurité ont tiré sur des protestataires qui manifestaient pacifiquement, selon l’ONG.

Le Conseil national syrien (CNS, opposition) a dénoncé, d’Istanbul, le discours de Bachar Al-Assad comme une « incitation à la violence » laissant présager « un comportement encore plus criminel » de la part du pouvoir.

Les Etats-Unis ont également accusé le dirigeant syrien de « nier énergiquement toute responsabilité (…) quant au rôle de ses propres forces » dans les violences dans le pays, selon la porte-parole du département d’Etat, Victoria Nuland. Même écho du côté de la France, où Alain Juppé a estimé que Bachar Al-Assad était dans le « déni de réalité » en Syrie. « C’est un discours aux antipodes de ce que l’on pouvait attendre. Il incite à la violence et à la confrontation entre les parties », a-t-il jugé.