40 % du gaz algérien exporté composés de GNL

40 % du gaz algérien exporté composés de GNL

L’Algérie qui exporte près de 65 milliards de mètres cubes de gaz restera l’un des fournisseurs majeurs en gaz de l’Europe notamment après la mise en service des gazodcs Medgaz et Galsi.

Néanmoins, le GNL prend de plus en plus une part importante des exportations de gaz de l’Algérie. Ainsi et selon les statistiques du pétrolier britannique British Petroleum (BP), la part du gaz naturel liquéfié dans les exportations de gaz naturel algérien est de 40%.

Aussi, Marco Boeri, Spécialiste du marché du gaz naturel à BNP Paribas se montre très optimiste quant aux perspectives d’évolution du marché du GNL et de l’approvisionnement de l’Europe en gaz naturel.

Il a ainsi estimé que l’industrie du GNL devrait continuer à croître, selon les prévisions de BNP Paribas, malgré les turbulences sur le marché américain. Avec une croissance annuelle moyenne de 7% durant la dernière décennie, le secteur a moins souffert de la crise que l’ensemble du marché du gaz.

En 2009, le GNL concernait un cinquième des 905 milliards de m3 de gaz naturel échangés dans le monde pour une demande mondiale de 2940 milliards de m3. Et ce n’est pas fini.

« Nous prévoyons une croissance à deux chiffres des volumes négociés (+20% en 2010), qui devraient atteindre 320 à 330 milliards de m3 en 2012 », précise Marco Boeri. Explications: « L’essor du GNLest porté par l’expansion de ses capacités de production.

En l’espace de cinq ans, elles auront augmenté de plus 100 milliards de m3 pour atteindre 393 milliards fin 2012 avec l’achèvement des derniers projets en construction au Qatar, en Australie et en Angola. » Sa flexibilité, selon Marco Boeri, a permis à l’industrie du GNL de résister pour l’heure à un changement structurel du marché mondial du gaz: l’essor de la production de gaz non conventionnel aux Etats- Unis (notamment le gaz extrait des schistes).

Une production locale « qui a augmenté d’environ 100 milliards de m3 par an, deux fois la consommation de la France », et qui a permis au pays de devenir quasi autonome, alors qu’en 2006, il parlait encore de déficit gazier et a donc massivement investi dans des usines de regazéification.

« Les volumes des nouvelles usines moyen-orientales initialement destinés aux Etats-Unis sont actuellement redirigés vers l’Europe et, surtout, vers l’Asie. » Qui plus est « à meilleur prix ». Conséquences: moins de 10% des capacités de regazéification (200 milliards de m3) sont utilisées actuellement outre-Atlantique.

D’un problème, une solution? « Certaines sociétés projettent d’utiliser le GNL pour évacuer l’actuel surplus de production américaine et améliorer le solde commercial du pays », remarque le spécialiste en relevant que deux projets d’usine de liquéfaction ont été récemment annoncés.

Même logique pour l’Australie, ajoute-t-il, qui « pourrait devenir le premier pays exportateur à l’horizon 2020, devançant même le Qatar qui disposera d’ici à un an de plus de 25% des capacités mondiales de liquéfaction (106 milliards de m3). »

Le spécialiste de BNP Paribas rejoint ainsi l’analyste de l’économiste en chef de l’AIE Fatih Birol qui a récemment estimé que la croissance de la production de gaz d’origine non conventionnelle devrait permettre un « âge d’or » pour cette énergie, en la rendant bon marché et abondante.

Dans ce sens, Fatih Birol estime que parallèlement à la stagnation de l’offre de brut, l’AIE prévoit un fort développement du gaz naturel liquéfié et du pétrole non conventionnel, (tiré) principalement (des) sables bitumineux canadiens, qui porteront la production mondiale à l’équivalent de 96 mbj en 2035. « Le gaz naturel pourrait connaître un âge d’or très bientôt.

Cette énergie fossile sera meilleur marché et abondante, les gazoducs sont aisés à construire, et le gaz est comparativement plus favorable à l’environnement que le charbon » at- il indiqué. Et d’ajouter que d’ici 2035, environ un tiers de la production de gaz devrait venir de sources non conventionnelles. Néanmoins, tempère Marco Boeri, « l’industrie du GNL devra encore faire preuve d’adaptabilité avant de pouvoir engendrer un nouveau supercycle » comme celui qu’elle vient de vivre.

Le risque se nomme augmentation des coûts de production. « Financer ces installations pharaoniques – plus de 200 milliards de dollars rien que pour les projets australiens, selon nos estimations – se traduira par des coûts de production nettement supérieurs et par une hausse du seuil de rentabilité des infrastructures. » Dans ce contexte de surcapacité de l’offre, « certains gros acheteurs demandent l’abandon d’une fixation des prix basée sur les produits pétroliers ».

Or « sans cette indexation, les nouveaux projets auront du mal à aboutir, car les prix non indexés – aujourd’hui, du moins – ne sont pas en mesure de rentabiliser les investissements ». D’où une possible stagnation des capacités de liquéfaction, facteur clé du développement du GNL.

Mais « les fondamentaux à long terme de la demande gazière – génération électrique et les pays en développement – devraient résorber l’actuelle bulle en quelques années, en réduisant l’écart entre les prix du gaz et du pétrole » sur les marchés. Car, conclut le spécialiste de BNP Paribas, « si l’énergie est une denrée rare, dans une économie de marché flexible, cet écart n’a pas de raison de persister ».

Les prévisions de production de gaz pour les cinq années à venir sont plutôt alarmantes en attendant que la demande retrouve son niveau normal. Pour cela il faudra attendre 2013, prévoient les experts. Depuis deux ou trois ans, les perspectives du gaz naturel aux Etats-Unis ont complètement changé.

Pour pallier la baisse de leurs ressources « classiques » de gaz, les Etats-Unis se sont lancés dans un programme massif d’équipement en terminaux méthaniers pour y recevoir du gaz naturel liquéfié. En conséquence, le prix du gaz avait dépassé les 12 $ par million de British Thermal Units (MBTU), unité anglo-saxonne utilisée dans ce secteur, pour atteindre un pic de 14 $/MBTU.

Ce prix est désormais redescendu en dessous de 4 $/MBTU, complètement découplé du prix du pétrole qui reste voisin de 75 $ par baril. Au niveau régional, l’analyste de BNP Paribas, ne perçoit aucune perturbation pour ce qui concerne l’approvisionnement en gaz naturel de l’Europe à partir de l’Afrique du Nord.

Pour ce qui est du cas algérien, 20,9 milliards des 52,67 milliards de m3 de gaz exportés (40%) sont transportés par bateau après avoir été liquéfiés par refroidissement, donc densifiés. Une proportion supérieure à la moyenne mondiale (28%) d’une industrie du gaz naturel liquéfié (GNL) en pleine expansion.

Samira G.