Un chiffre assez impressionnant. Les effectifs de Daesh en Libye sont estimés par le Pentagone à 5000 éléments.
Le plan américain d’invasion de la Libye est fin prêt, révèle le quotidien américain The New York Times, dans son édition d’hier. Ficelé par cinq hauts fonctionnaires du Pentagone et présenté par le secrétaire d’Etat à la Défense Ashton Carter, lors d’un briefing avec le président Barack Obama, à la Maison-Blanche, le plan en question identifie 30 à 40 cibles éparpillées sur quatre régions du territoire libyen.
L’opération consistera, avance le journal américain, en un bombardement ciblé, mais massif, des 30 ou 40 sites désignés comme stratégiques. Ce sont des dépôts d’armes, des camps d’entraînement et des camps de regroupement des terroristes de Daesh.
Les cinq fonctionnaires du Pentagone préconisent néanmoins, un traitement au niveau du sol. En d’autres termes, les Américains qui consolident l’intervention armée en Libye ne veulent pas commettre l’erreur de la Syrie en n’ayant pas un contrôle sur le terrain des opérations.
C ‘est là la principale réserve au plan d’attaque contre Daesh en Libye. Ainsi, bien que finalisée et «prête à l’emploi», l’opération n’est pas prête d’être lancée pour la simple raison que le gouvernement US veut se donner encore le temps de la négociation pour mettre sur pied un gouvernement d’union nationale, donc une armée régulière libyenne qui pourrait se charger de lancer des attaques au sol contre Daesh.
Mais l’attitude diplomatique US ne constitue en réalité qu’un petit sursis pour la Libye. Ce n’est qu’une option parmi d’autres. Dans le cas d’un échec libyen à constituer leur gouvernement, un plan B devra être mis en oeuvre, d’autant que des informations assez inquiétantes ont été révélées par le commandant de l’Africom qui, interpellé par le sénateur John McCain, a averti que la Libye n’était plus gouvernée et que l’Etat islamique y progressait très rapidement. «La propagation de l’Etat islamique en Libye est facilitée par l’absence d’un Etat et surtout après la disparition de l’armée libyenne et son remplacement par de multiples milices sur le terrain», avait révélé le général Rodriguez, dépeignant un tableau assez proche de celui de la Syrie.
Les propos du commandant de l’Africom reposent sur des rapports écrits par des agences de renseignements américaines, françaises et britanniques, sur la base d’un travail qui a duré plusieurs mois. Elles ont conclu que quelques milices pouvaient être considérées comme fiables, tout en confirmant le contrôle par Daesh de quelques «citadelles» à l’image de la région de Syrte où sa présence s’étend sur 150 miles.
On aura compris que la thèse d’un travail direct avec les milices pour s’assurer de leur soutien contre Daesh, dans la perspective d’une action militaire aérienne, était déjà à l’étude et même mise en branle. Le porte-parole du Pentagone, Peter Cook, a confirmé, hier, dans une conférence de presse, l’existence d’un plan anti-Daesh en Libye, tout en avançant un chiffre assez impressionnant sur les effectifs de l’organisation en Libye, estimés par le Pentagone à 5000 éléments. D’ailleurs, commentant le bombardement d’un camp d’entraînement de Daesh près de Sabratha, le porte-parole avait affirmé que d’autres camps existaient dans ce pays.
L’attaque terroriste contre la ville tunisienne de Ben Guerdane confirme cet état de fait et consolide la détermination des Américains à vouloir en finir avec le terrorisme en Libye. Sauf que l’absence d’un acteur de confiance sur le terrain aura tendance à transformer toute action militaire en un cauchemar pour toute la région et principalement pour l’Europe qui aura à gérer dix fois plus de réfugiés.
Mais la Maison-Blanche et le Pentagone n’ont visiblement pas l’intention d’attendre trop longtemps. Le temps d’évaluer les dégâts collatéraux, estimer les risques, nouer des alliances avec les milices de Tripoli et de Benghazi et donc court-circuiter le Conseil libyen de la présidence, les bombardiers de l’armée américaine passeront à l’action. Une thèse qui a d’ailleurs déjà son défenseur en Libye.
Le Parlement de Tobrouk, reconnu par la communauté internationale, réclame des frappes depuis longtemps. Il suffirait de faire assez de communication à l’international pour créditer pareille thèse. Les 5000 hommes de Daesh, les 40 cibles et les attaques spectaculaires qui vont certainement suivre, relèvent de la logique guerrière qui se met en place, en l’absence de consensus entre les différentes factions libyennes.