40.000 petits algériens travaillent: Halte à l’exploitation !

40.000 petits algériens travaillent: Halte à l’exploitation !

Pas moins de 340.000 enfants algériens sont touchés par différentes formes d’exploitation a indiqué, hier à Alger, le représentant de l’Organisation des Nations unis pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) à Alger, Manuel Fontaine.

Dans son intervention, à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de lutte contre le travail des enfants, organisée au siège du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale M. Fontaine a déclaré qu’«en Algérie, ce sont près de 340.000 d’enfants qui sont concernés part les différentes formes d’exploitation».

Il a, dans ce contexte, fait remarquer que la convention numéro 182, relative à l’interdiction des pires formes du travail des enfants et les mesures immédiates pour leur éradication, ratifiée par l’Algérie le 28 novembre 2000, «fait la distinction entre le travail léger et le travail dangereux».

L’intervenant a, en outre, souligné que même la vente des galettes et du pain sur les bords de routes représente un danger pour les enfants», voire la société. D’ailleurs, a-t-il soutenu, le thème de la Journée mondiale de l’enfant africain, qui coïncide avec le 16 juin de chaque année, sera : «Les enfants des rues en Afrique».

Il convient de noter que les chiffres rapportés par le représentant de l’Unesco à Alger, ne sont pas récents et sont en train d’être actualisés. Toutefois, «l’existence d’une commission d’experts, chargée de l’application des conventions relatives à la lutte contre le travail des enfants, témoigne l’intérêt que porte l’Algérie» à ce phénomène.

M. Fontaine a, d’autre part, fait savoir que «l’Unesco travaille aux côtés du ministère de la Prospective et des Statistiques pour voir comment mieux protéger les enfants». De son côté, la représentante du Bureau international du travail (BIT), Maria Krisitti, a indiqué que «215 millions d’enfants, dans le monde, travaillent, dont 115 soit plus de la moitié, sont occupés dans des travaux dangereux».

Notons, sur ce dernier point, que la célébration de la Journée mondiale de lutte contre le travail des enfants, a été placée sous le slogan : «Enfants dans les travaux dangereux-éliminons le travail des enfants». Rappelant les mesures prises par l’Organisation internationale du travail (OIT), Mme Krisitti a dit : «Nous savons ce qui est nécessaire, voire indispensable» pour mettre fin à ce phénomène.

L’accès à l’école, l’emploi pour les parents de ces enfants ainsi que l’accès à la sécurité sociale sont, a-t-on mis l’accent, les principaux remèdes à ce mal. Côté Algérie, la représentante a estimé que «l’Algérie a réalisé beaucoup de choses notamment en termes de lutte, de législation et de sensibilisation» contre le travail des enfants, notamment celui dangereux. Il est toutefois utile de noter qu’«un nouveau code de travail est en préparation» a-t-elle annoncé.

Pour sa part, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh a, dans une communication lue par son secrétaire général Mohammed Khiat, mis en exergue «l’intérêt donné au combat contre le phénomène du travail des enfants doit être continu et collectif de la part des gouvernements, des employeurs, des organisations syndicales de travailleurs, de la société civile à côté des organisations internationales ».

Le harangueur a également estimé qu’«il est impossible d’isoler la problématique du travail dangereux des enfants, du problème global de la santé et de la sécurité sociale au travail, eu égard à son lien étroit avec la prévention des risques professionnels sur les lieux de travail ». Notons enfin que l’Algérie, à l’image de la communauté internationale, vise à éliminer le travail des enfants, notamment celui dangereux à l’horizon 2016, indiquent les responsables.

Les principales conventions ratifiées par l’Algérie

L’Algérie a ratifié les principales Conventions internationales relatives à la lutte contre le travail des enfants en vue de protéger cette catégorie. La Convention internationale numéro 138, relative à l’âge minimum d’admission à l’emploi, adoptée par la Conférence générale de l’OIT, a été ratifiée en date du 3 septembre 1983. Le 19 décembre 1992, Alger a ratifié la Convention relative aux droits de l’enfant, adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 20 novembre.

La Convention numéro 182 relative à l’interdiction des pires formes du travail des enfants et les mesures immédiates pour leur éradication, adoptée par la Conférence générale de l’OIT le 17 juin 1999, a été également ratifiée par Alger le 28 novembre 2000. La Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant, adoptée à Addis-Abeba en juillet 1990 a aussi été ratifiée par l’Algérie le 8 juillet 2003.

Pour ce qui est des législations nationales qui prévoient l’interdiction du travail des enfants ; elles consistent notamment en la loi n° 90-11 du 21 avril 1990, relative aux relations de travail, dont l’article 15 prévoit qu’ «en aucun cas, l’âge légal de travail ne doit être inférieur à 16 ans sauf dans le cadre des contrats d’apprentissage».

La même loi interdit l’emploi des mineurs sauf avec autorisation du tuteur légal, comme «il ne peut être employé à des travaux dangereux et insalubres, nuisibles à sa santé ou préjudiciables à sa moralité».

Par ailleurs, l’article 28 dispose que «les travailleurs de l’un ou de l’autre sexe, âgés de moins de 19 ans révolus, ne peuvent occuper un poste de travail de nuit». Rappelons enfin que suite aux recommandations formulées par le séminaire organisé par la tutelle les 22,23 et 24 septembre 2002 sur le thème «le rôle de l’administration du travail dans la lutte contre le travail des enfants» ; le ministère chargé du Travail a mis en place un cadre de concertation avec la création, en mars 2003, d’une commission nationale de prévention et de lutte contre le travail des enfants.

Ahmed Bouaraba