Dix mille femmes sont battues chaque année en Algérie, et plus de 40 000 nouveaux mariés ont divorcé en 2009, selon plusieurs services concernés, comme la Forem.
Ces dernières avouent être victimes de violences conjugales sous les coups de leur conjoint. Le domicile conjugal n’est pas toujours un havre de paix. Trop souvent tabou, cette violence n’est pas toujours dénoncée. Pour ces femmes qui vivent l’enfer, il y a urgence.
Dans sa vie de couple, une femme sur dix est victime de violences conjugales et deux d’entre elles décèdent chaque mois sous les coups de leur conjoint. Une première grande enquête est ouverte au sein du département des droits des femmes. Elle vient de lever le voile sur ce sujet ; les femmes subissent ces violences et se taisent et cela à cause du silence lié à la honte, à la peur de perdre un mari, des enfants et ne pas être crues.
L’agression qui se déroule le plus souvent à l’intérieur du domicile conjugal dont l’auteur est souvent le mari révèle manifestement le lien entre la tradition qui donne au mari le droit de vie ou de mort sur sa femme. Les services de sécurité (police et gendarmerie) ont enregistré 9 000 cas de janvier 2008 à mars 2009. Pour beaucoup de femmes, ces comportements masculins violents ne sont que
«traditionnels», «possessifs», «religieux» ou même «difficiles». Ce faisant, nous nions et ne cautionnons pas la violence de ces hommes envers leurs compagnes. Meriem 27 ans raconte : «Mon mari buvait et me frappait. Il m’a frappée pendant toute une semaine.
Après, j’ai raconté à ma mère et je l’ai quitté». Une autre femme battue à son tour par son conjoint, Samia, 30 ans : «Après 3 ans de mariage et de souffrances, de maltraitance et de silence de ma part, j’ai décidé de parler du problème de mon mari.
C’est sa famille, les soi-disant traditions qui font que la femme est faite pour la maison, le ménage et moi je suis une femme qui a fait des études et qui travaille ; alors à chaque fois que je reviens de mon travail c’est la violence : il me frappait presque tous les jours et moi je me disais que ça ne va pas durer, il va changer mais rien n’as changé ; au contraire, il y a 20 jours de cela, il m’a poussé dans les escaliers. Après cela, j’ai décidé de ne plus me taire et de dénoncer cette injustice et en demandent le divorce».
Par ailleurs, parmi les solutions proposées pour combattre ce phénomène et arrêter l’ampleur de cette violence, certaines associations pensent que le seul refuge pour ces femmes battues reste la mobilisation de la tutelle. Des associations ont vu le jour en Algérie et leur seul objectif est sans aucun doute défendre les droits de ces mamans victimes de violence.
On parle ici des associations bien connues, à l’image de «SOS femmes en détresse», «SOS mamans en détresse». Ces dernières font beaucoup d’efforts non seulement pour les femmes algériennes, mais aussi des femmes africaines qui se réfugient ici en Algérie, loin des guerres qui déchirent leurs pays.
Sarah Mokrani