3e jour de vote des algériens en France On ne se bouscule pas devant les urnes

3e jour de vote des algériens en France On ne se bouscule pas devant les urnes

Les ressortissants algériens n’ont pas affiché un grand enthousiasme à aller voter, mais, en revanche, ils redoutent une escalade de la violence.

Pour le 3e jour de vote en France, et plus particulièrement dans la ville de Paris et ses environs, les choses se sont plutôt bien passées. Dans un calme plat. Toutefois, si tout s’est bien passé, cela est aussi dû à l’abstention qui a particulièrement caractérisé cette journée. Cependant, aucun chiffre officiel n’est sorti pour le moment concernant le taux de participation.

Par ailleurs, rien ne laissait apparaître un engouement quelconque vis-à-vis de cette échéance électorale, mis à part quelques sceptiques des habitants du quartier populaire de Belleville. Si pour certains, la réélection est jouée d’avance, d’autres, spécialement les personnes âgées, soutiennent que “le Président-candidat reste malgré sa maladie, un gage de stabilité pour l’Algérie”. Bref, à l’annexe du consulat d’Algérie, rue des Eaux dans le 16e arrondissement, on ne se bouscule pas pour atteindre les urnes. Mis à part, justement, quelques personnes âgées qui ont profité de cette occasion pour se retrouver.

Les jeunes, eux, ont carrément brillé par leur absence. C’est le cas aussi du côté de l’École internationale algérienne, rue Bouret dans le 19e arrondissement. Malgré la densité de la communauté algérienne, notamment les voisins du 20e arrondissement, eux aussi invités à se prononcer à l’École internationale, l’enthousiasme n’est pas au rendez-vous et le bureau de vote est déserté.

À noter aussi la présence de plusieurs agents de sécurité pour veiller au bon déroulement de cette échéance. Et hormis un incident du côté de Gennevilliers où il y a eu quelques prises de bec du fait que l’accompagnement des plus âgés ne soit pas toléré, il n’y a rien d’autre à signaler. Quelques opposants n’ont pas manqué d’occuper le terrain, notamment ceux de l’opposition, spécialement celle dite de l’aile démocratique. En effet, ils n’hésitaient pas à prendre à témoin les Algériens de Belleville pour dénoncer ce qu’ils ont qualifié de “divertissement”, en sillonnant en petits groupes les rues de Belleville.

Puisqu’en plus de leur conviction que ce scrutin reste loin d’être une référence, les moqueries de certains médias français ne sont pas là pour les rassurer sur l’avenir du pays “caricaturé”, selon eux. “Voyez-vous comment le

‘Petit Journal’ (émission animée par le journaliste Yann Barthes de la chaîne Canal+) traite cette présidentielle et le Président-candidat ? Cela est loin de nous réjouir, mais si nous sommes traités de la sorte, c’est aussi à cause d’eux. L’Algérie est devenue un divertissement”, nous dira l’un des Algériens de Belleville. Aussi, l’idée d’une Algérie “livrée à elle-même” fait craindre le pire pour certains. “Ce que je peux dire en tant qu’Algérien, c’est que les dernières manifestations et le ton de certains politiciens montrent que l’Algérie est divisée. Sans oublier de parler de ce qui se passe dans le Sud et en Kabylie”, nous dira un autre, faisant allusion au retour de la violence dans la vallée du M’zab à Ghardaïa et des récents événements qui ont secoué la ville de Béjaïa. C’est pour dire que de l’autre côté de la Méditerranée, l’on suit avec grand intérêt ce qui se passe en Algérie. Le spectre de la violence enfin.

Les ressortissants que nous avons pu approcher n’ont pas manqué de soulever “le danger” qui, selon eux, plane sur l’Algérie, redoutant au passage le retour à la violence. Pour eux, basculer dans la violence à cause de cette élection présidentielle reste palpable et il faut éviter de tomber dans la spirale et le piège de la violence. “Franchement, je crains pour mon pays, cette élection n’augure rien de bon”, appréhende un autre ressortissant.

C. M.