Le Festival de Djoua, dont c’est la troisième édition, se tiendra cette année du 16 au 23 juillet sous le signe du «Patrimoine et développement local».
Djoua est situé en Kabylie dans la commune de Boukhlifa, à quelques encablures de Bejaïa. On doit certainement ce festival à un événement historique précis : l’action abjecte de l’armée coloniale qui obligea en 1958 les habitants de ce village perché à 1.005 mètres d’altitude à fuir les lieux. Il est de ce fait l’unique festival en Algérie dont l’appellation valorise une localité tombée dans l’oubli comme dirait Mostefa Lacheraf.
Autre originalité de ce festival, il est presque financé par des capitaux privés. Certes les pouvoirs publics y apportent leurs concours en mettant à la disposition des organisateurs des équipements de sonorisation et en assurant la sécurité des festivaliers mais tout le reste est pris en charge par le mouvement associatif dont le versant émigré joue un rôle prépondérant car il nous faut préciser que le mouvement associatif local travaille, encore une autre originalité, -de concert avec les associations d’émigrés de droit français. On est donc loin de l’époque où l’émigré installé dans l’hexagone envoie à sa famille restée au pays le mandat qui devrait l’aider à subvenir à ses besoins. Aujourd’hui heureusement on envoie des projets sur la durée.
N’empêche, le festival a eu un succès foudroyant, brutal dirions-nous. Lancé en aout 2009, l’année suivante il a pu drainer soixante mille visiteurs. 400 étudiants ont été recrutés cette année pour être répartis en équipes sous la responsabilité des organisateurs. L’hébergement est assuré sous la tente avec une couverture sanitaire appréciable et les repas sont fournis par les familles de la région dans le respect de la gastronomie locale. On peut dire que le phénomène Djoua est le résultat d’une constellation complexe. Tout compte fait, l’Algérie se tirerait d’affaire si les autres régions du pays venaient à s’inspirer de son exemple.
Un festival à forte valeur ajoutée
Si une telle percée fait évidemment des envieux, il n’en demeure pas moins que le festival a pour vocation de promouvoir un projet de réaménagement et de réhabilitation du village de Djoua, ainsi que l’ensemble de l’arrière-pays de Bejaïa. Le rêve premier c’est de voir se repeupler Djoua, qui jadis vivait de la culture du chêne liège et de la fabrication du charbon de bois. Les associations de Djoua se sont mises d’accord avec les propriétaires sur le principe de procéder à un recensement des maisons abandonnées en vue d’entamer les réaménagements nécessaires. A cet effet un architecte a été engagé pour élaborer les plans et une entreprise dénommée « Djoua construction » a été créée. 22 maisons kabyles sont concernées par la restauration suivant les normes et les techniques traditionnelles locales. D’ores et déjà on pense à relancer l’activité économique en réactivant les métiers traditionnels et de l’artisanat ainsi que les métiers agricoles liés à la montagne. Une foultitude de filières compose le « marché local de l’emploi »: huile d’olive, figues, miel, savon, cire, liège, bois, charbon etc.
Par : LARBI GRAÏNE