La situation dégénère en Egypte, deux jours après le « coup de force » militaire qui a conduit à la destitution du président Mohamed Morsi suite à la pression de la rue.
L es partisans du président déchu, les Frères musulmans en l’occurrence, occupent toujours la rue et entrent en affrontements directs avec les anti- Morsi et les forces militaires. Le bilan des morts et des blessés s’est alourdi après deux jours de heurts, soit plus d’une trentaine de morts et plus d’un millier de personnes blessées au dernier bilan officiel rendu public.
Un bilan appelé à s’alourdir malheureusement au vu de la détermination des pro-Morsi à occuper la rue et intensifier les manifestations. Les régions de Suez et du Sinai en sont particulièrement sous haute tension, où l’on signale des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre.
Si les Frères musulmans appellent leurs fidèles à maintenir la pression dans la rue, les anti-Morsi jubulent toujours dans les rues de la capitale et ne cèdent pas devant la fougue des islamistes, alors que les autorités en place appellent au calme et à la vigilance craignant des attentats en guise de représailles.
Les violences se poursuivent toujours au Caire et dans d’autres districts du pays, notamment après les arrestations effectuées par les forces de sécurité parmi les membres influents de la « Djamaâ islamiya ».
Des chaînes de télévision locales ont affirmé que Khairat al-Chater avait été arrêté dans une maison du faubourg de Nasr City, dans l’est du Caire. Les autorités avaient lancé quelque 300 mandats d’arrêt contre des membres des Frères musulmans dans une tentative de contenir la fougue des assaillants qui, armés, n’ont pas hésité à tirer des coups de feu sur des postes de police et des militaires lors des manifestations.
Pour preuve, des sources rapportent que le bilan s’est alourdi dans le Sinaï (nord), où cinq policiers ont été tués vendredi par des hommes armés. Plus tôt dans la journée de vendredi, c’est un soldat qui a perdu la vie dans cette région instable, frontalière avec Gaza et Israël, lors d’attaques de militants islamistes qui n’ont pas été revendiquées.
Dans la nuit de vendredi à samedi, des islamistes ont attaqué le gouvernorat du Nord-Sinaï et y ont hissé leur drapeau. Une situation de tension extrême qui dégénère de jour en jour menaçant sérieusement la stabilité politique en Egypte, et ce, en dépit des condamnations et des appels à la retenue émanant de plusieurs capitales mondiales.
Au risque d’une guerre civile dont le spectre plane entièrement sur le pays, le péril terroriste s’ajoute également à la donne sachant que les Frères musulmans égyptiens possèdent des relais et des ramifications dans tout le monde arabe.
La situation de désordre et de confusion est propice pour la propagation du terrorisme, d’autant que les islamistes égyptiens semblent très déterminés à peser de tout leur poids, afin de rétablir leur président déchu par l’armée sur le trône.
Certaines ambassades et représentations diplomatiques entament d’ores et déjà l’évacuation de leurs personnels, alors que les touristes ont fui le pays. Entre temps, la rue ne désemplit pas et les affrontements violents font rage faisant craindre le pire.
M. A. C.