Même si des analyses sont exigées pour l’établissement d’un acte de mariage, des malades présentent de fausses analyses en se faisant remplacer lors des examens et cachent à leurs futures épouses leur maladie, selon une association de lutte contre le sida (AIDS).
La directrice exécutive de l’association, Fatima Zahra Benyahia, nous a indiqué hier, au téléphone, que les porteurs du VIH ne sont pas forcément repérables car ils ne portent pas de signes particuliers, d’où la nécessité de prendre les précautions indispensables lors de la conclusion des mariages.
«De nombreuses personnes vivent avec le VIH continuent à le transmettre sans le savoir», s’inquiète l’association Aids, qui relève que «plus de 30% des personnes vivant avec le VIH en Algérie sont des jeunes». En citant des témoignages de femmes qui se sont rapprochées de son association, Mme Benyahia relèvera que des épouses ont été contaminées par leurs conjoints malades alors qu’elles ignoraient qu’ils sont atteints du VIH.
Des femmes atteintes, mais qui l’ignorent, ont mis au monde des bébés malades, a-t-elle déploré, indiquant que 35 enfants sont enregistrés en Algérie. Même si notre pays présente «une épidémie du VIH/sida à faible prévalence estimée à 0,1% parmi la population, chaque année près de 700 nouvelles infections sont enregistrées». Ces statistiques ne représentent, selon l’association, que les cas dépistés. Elle dénonce, par contre, la discrimination à laquelle font face les malades qui ne sont pas forcément atteints en raison de relations sexuelles hors mariage mais à cause de relations non protégées. Parmi les facteurs de transmission figure l’utilisation des drogues injectables, a-t-elle expliqué.
Des drogués partagent une seringue ou une paille de sniff alors qu’ils saignent du nez, ce qui favorise la transmission du VIH. Ces personnes peuvent être contaminées sans le savoir et continueront de mener une vie ordinaire. Ainsi et sous le slogan «Zéro nouvelle infection à VIH tolérée en Algérie», l’association Aids Algérie organise une campagne itinérante d’information et de sensibilisation sur le sida de six jours au niveau de la wilaya de Skikda du 1er au 6 août. Cette campagne s’inscrit dans le cadre du plan d’action 2014 Algérie/Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) avec l’appui du ministère de la Santé.
Le programme onusien (Onusida). Les estimations d’Onusida indiquent que le nombre de personnes atteintes est de 22 000 cas dans la période 1985-2013, alors que les cas déclarés sont de 8258 pour la même période. «L’ignorance, le manque d’informations, les difficultés d’accès aux services de prévention ainsi que les tabous sociétaux» sont autant de causes favorisant la propagation du VIH et ralentissant les efforts de lutte contre cette maladie.
A l’instar des précédentes actions similaires, la campagne de sensibilisation sera axée sur des actions de prévention et d’information au niveau des plages, des maisons de jeunes, des camps de vacances. La société civile sera mise à contribution afin de lancer un programme national de proximité de prévention destiné aux jeunes vulnérables. Mme Benyahia a précisé que deux campagnes sont organisées chaque année depuis 2004-2005.
La prochaine, prévue en octobre prochain, sera menée dans une wilaya du sud algérien, mais qui n’a pas encore été désignée. «Nous allons l’organiser à Touggourt ou Biskra, en fonction du nombre le plus élevé de cas recensés», a-t-elle expliqué, relevant l’intérêt marqué des populations pour les actions de sensibilisation qui incitent parfois des personnes approchées à aller faire le dépistage
K. S.