Le désert avance vers le Nord et réduit de manière insatiable les terres arables. Près de 32 millions d’hectares sont menacés par la désertification en Algérie, a indiqué hier le ministère de l’Agriculture et du Développement Rural. Ainsi, outre les 200 millions d’ha que compte le Sahara, 32 millions d’ha en zones steppique sont directement affectés sinon menacés par la désertification.
Il n’y a pas que la désertification qui menace les terres fertiles et la végétation en Algérie. Ainsi, selon la même source, 4,1 millions d’hectares de forêts sont soumis aux menaces des effets des changements climatiques alors qu’environs 14 millions d’ha de zones de montagnes au nord sont touchés par l’érosion hydrique. La désertification est cependant le fléau le plus préoccupant car son ampleur est telle que même le vieux continent européen en est menacé.
« Les conséquences sont considérées fâcheuses et concourent à des phénomènes d’ensablement, de dégradation des terrains de parcours et des terres de cultures, avec des répercussions négatives sur le niveau de vie des populations notamment les communautés rurales et pastorales », averti le département de Rachid Benaissa. Le ministère met ainsi en garde contre les effets néfastes de ce phénomène naturel qui menace jusqu’à la sécurité alimentaire du pays en transformant des terres agricoles en néant
La stratégie du ministère pour lutter contre la désertification prévoit notamment d’actualiser au fur et à mesure la carte nationale de sensibilité à la désertification qui couvre 27 millions d’hectares steppiques, touchant 30 wilayas et plus de 300 communes. Cette carte, classe les zones par degré de sensibilité et oriente l’intervention.
Le fer de lance de cette stratégie reste cependant le plan National de reboisement qui vise la réalisation sur 20 ans de 1.245.000 hectares de nouvelles plantations forestières à travers l’ensemble des territoires dégradés. Lancé en 2000, il à permis la réalisation en dix ans plus 600.000 hectares de reboisement. Une entreprise avait été créée en 2010 pour l’exécution et la mise en oeuvre du programme.
Il s’agit de l’Entreprise Algérienne du Génie Rural (EAGR). Le ministre Rachid Benaissa avait annoncé il y a quelques mois l’élargissement du barrage vert, l’un des legs du défunt président Houari Boumediene, de 100000 ha entre 2010 et 2014 dans le cadre d’un programme de la direction générale des forêts (DGF). La superficie de cette barrière végétale est de 300000 ha.
Ce mur végétal avait été lancé durant les années 1970s pour prévenir le débordement du désert qui menaçait des dizaines de millions d’hectares. Il prévoyait la plantation d’arbres sur 3 millions d’ha. L’enjeu est de faire en sorte que le Sahara, qui occupe 87% du territoire algérien, n’avance pas davantage vers le nord. Rien que pour la dernière décennie, quelques 70000 ha ont été touchés par la désertification.
Une étude sur la sensibilité à la désertification réalisée par l’agence spatiale algérienne (ASAL) a démontré que plus de 45% des 27 millions d’ha, représentant la superficie de la zone tampon entre le désert et le Nord et qui est composé de 12 wilayas steppiques, sont sérieusement menacés par ce phénomène naturel.
Yasmine Idjer