3000 femmes sur 9000 dépistées annuellement meurent du cancer du sein en Algérie

3000 femmes sur 9000 dépistées annuellement meurent du cancer du sein en Algérie

Environ 3000 femmes sur les 9000 dépistées annuellement, décèdent du cancer du sein en Algérie, a indiqué samedi à Alger, le Pr Kamel Bouzid, chef de service du Centre Pierre et Marie Curie, du CHU de Mustapha Bacha.

« Un tiers des femmes qui consultent pour une tumeur au sein arrivent aux centres de dépistage à un stade avancé et décèdent au bout de quelques mois », a précisé le Pr. Bouzid, lors d’un point de presse en marge d’un workshop sur le cancer du sein, organisé par la Société algérienne d’oncologie médicale (SAOM), en collaboration avec l’Association médicale arabe de lutte contre le cancer (AMAAC).

Le cancer du sein est le premier cancer chez les femmes, de par sa fréquence et représente 35% des cancers chez la gente féminine.

Quelque 300 praticiens internationaux ont pris part à cette rencontre, parmi eux 250 praticiens algériens, dans le cadre du programme de formation continue organisé pour les médecins spécialistes.

La particularité du cancer du sein dans le Maghreb et les pays arabes réside dans le fait qu’il touche de plus en plus de sujets jeunes, âgés de moins de 40 ans, et est plus virulent chez ces derniers, a mentionné le président de l’AMAAC, le Pr Sami Khattibi.

D’après le Pr. Bouzid, 35% des patientes souffrant de ce type de cancer ont moins de 40 ans.

A ce propos, les spécialistes ont décidé d’orienter leurs recherches dans ce sens pour comprendre les causes de cet aspect de la maladie dans la région du Maghreb et du Moyen Orient.

« Des études génétiques et sociétales sont en cours pour tenter de trouver des explications », ont souligné les communicants.

Les spécialistes ont profité de cette occasion pour rappeler que les tumeurs mammaires dépistées et traitées précocement guérissent à 100%. Leurs prises en charge est aussi de moindre coût et évaluée à 30 millions de centimes. En revanche, les stades 4 et 5 du cancer, en l’occurrence les plus avancés, sont guérissables uniquement à 20 % des cas, et le coût du suivi médical est estimé à 400 millions de centimes. Pour le dépistage, les médecins préconisent la mammographie chez les femmes âgés de plus de 30ans.

Chez les femmes âgées de moins de 30 ans, les médecins ont recours à l’IRM, étant donné que chez cette catégorie de la population, les seins sont plus denses, et la mammographie donne beaucoup de faux négatifs.

Une panoplie de traitements sont prescrits dans ce cancer dont la chirurgie, l’hormonothérapie, la radiothérapie et la chimiothérapie sont les plus courantes.

Selon les stades du cancer et les indications, les oncologues décident de la voie thérapeutique à suivre.

Le secrétaire général de la SAOM, le Pr Bounedjar Adda, dit recourir à la tumeroctomie lorsque la tumeur est localisée sous les aisselles et que les ganglions sont mobiles. La patiente suit par la suite des séances de radiothérapie pour éviter les rechutes.

Lorsque la tumeur est située au milieu du sein, l’oncologue opte pour la mastectomie totale (ablation du sein).

La mastectomie totale bilatérale (ablation des deux seins), avec reconstruction mammaire, est pratiquée lorsque c’est les deux seins qui sont affectés ou à la demande de la patiente lorsque cette dernière est issue d’une famille à risque et porteuse du gène responsable du cancer.

En Algérie, les mastectomies sont pratiquées abusivement, en raison du manque de matériels radio-thérapiques. Pour éviter que la tumeur se propage les médecins prescrivent l’ablation des deux seins, a déploré le Pr. Adda.