Pierre Anglade, 85 ans, est un personnage affable et qui a le sens de la formule. Installé à Ramonville depuis 40 ans, il est né au cœur de la ville d’Alger. Pierre garde un beau souvenir des 32 ans passés sur cette terre d’Afrique du nord. Issu de la 4e génération installée en Algérie, il n’a jamais oublié ses racines et continue à les faire vivre. Il parachève l’écriture d’un livre sur les 3.000 enfants originaires de la côte atlantique française et qui durant la 2e Guerre mondiale ont été mis à l’abri en Algérie.
32 ans en Algérie, beau bout de vie ?
Après mes études secondaires, j’ai fait trois remplacements en tant que maître auxiliaire. Service militaire effectué, j’ai bifurqué vers la représentation textile pour des firmes métropolitaines. Mon grand-père était trousseautier, cela m’a peut-être inspiré.
Trousseautier ?
Le trousseautier parcourait le pays dans les endroits reculés avec des échantillons de linge, de linge de maison, etc. Je me suis constitué un portefeuille dans la branche textile jusqu’en 1957. Cette activité m’a procuré un plaisir sans cesse renouvelé de parcourir l’Algérie et d’en apprécier les diversités géographiques et humaines.
Qu’avez-vous fait de 1957 à 1961 ? J’ai travaillé pour une entreprise bordelaise qui commercialisait du mobilier métallique et qui faisait partie du plan de Constantine initié par De Gaulle en vue d’industrialiser l’Algérie. Plan qui a capoté.
Retour en 61 ?
À Marseille, avec ma femme et mes deux filles. Je ne parlerai pas de l’accueil «délirant» que nous a fait M. Deferre ! J’ai travaillé pour le groupe textile Boussac jusqu’en 1966 date à laquelle le cotonnier ayant raté le virage du Tergal «C’est un tissu pour les voyous» (dixit Boussac) a disparu. Enfin et jusqu’en 1982 j’ai poursuivi mon activité à la codirection d’une unité de fabrication, activité qui a pris fin en même temps que le démantèlement de l’industrie textile.
Aujourd’hui vous écrivez ?
Ce livre est en cours d’achèvement. C’est un livre de cœur. Je vais le présenter en janvier.
Une conclusion ?
De Gaulle avait dit que nous étions des Français à part entière. Plus de 50 ans après je me considère comme un Français entièrement à part !