300 cas par an pour 100.000 habitants en Algérie,Le cancer fera rage dans les prochaines années

300 cas par an pour 100.000 habitants en Algérie,Le cancer fera rage dans les prochaines années

Plusieurs facteurs sont à l’origine de l’augmentation du taux d’atteinte du cancer dont le vieillissement de la population

Les femmes sont plus exposées au cancer de l’appareil reproductif et au cancer colorectal avec un taux de 68% des cancers en Algérie.

Le nombre de cas de cancer en Algérie est appelé à augmenter dans les dix prochaines années à 300 cas pour 100.000 habitants, a affirmé le président de la Société algérienne d’oncologie, le Pr Kamel Bouzid. «Le taux d’atteinte est passé à 80 cas pour 100.000 habitants, durant les années 1990, à 120 cas pour le même nombre d’habitants durant ces dernières années, et devrait augmenter à 300 cas pour 100.000 habitants durant la prochaine décennie», a fait savoir le spécialiste. Selon lui, l’Algérie connaît actuellement le même rythme de progression du cancer que celui enregistré ces dernières années dans les pays occidentaux. Plusieurs facteurs sont à l’origine de l’augmentation du taux d’atteinte du cancer dont le vieillissement de la population, a indiqué le Pr Bouzid, également chef de service d’oncologie médicale au Centre Pierre et Marie Curie (Cpmc). En effet, les personnes âgées représentent 7% en Algérie avec une moyenne d’âge de 75 ans durant ces dernières années, a précisé le spécialiste qui a ajouté que ce taux est appelé à augmenter dans les prochaines années. Se basant sur des chiffres de l’Institut national de santé publique (Insp), la moyenne d’âge exposée à une éventuelle atteinte du cancer est de 52 ans, à l’exception du cancer du sein qui touche les femmes âgées de 40 ans et plus, un âge «très précoce», selon le Pr Ahmed Bendib, spécialiste dans le dépistage du cancer du sein au Cpmc, en comparaison avec les pays développés où le cancer touche la catégorie des 50 ans et plus. Parmi les autres facteurs contribuant à la propagation du cancer, les spécialistes citent le changement du mode de vie, l’environnement et les facteurs génétiques. 40.000 nouveaux cas de cancer sont recensés annuellement dont 20.000 cas chez les femmes et plus de 19.000 chez les hommes, a révélé le Pr Doudja Hamouda, chercheur sur le cancer à l’Insp. Les femmes sont plus exposées au cancer de l’appareil reproductif (sein, ovaire et col de l’utérus) et au cancer colorectal avec un taux de 68% du taux global des cancers en Algérie. Les cancers du poumon, de la vessie, de l’appareil digestif, du colon et de la prostate sont, par contre, les cancers les plus fréquents chez les hommes. La prévention reste le meilleur moyen pour lutter contre les cancers du sein et de l’utérus, chez la femme, à travers le dépistage collectif, et contre le cancer du poumon, chez l’homme, à travers les campagnes de sensibilisation aux dangers du tabagisme. Le coût d’un cancer du sein est estimé à 300.000 DA durant ses premières phases, et à 5 millions de DA durant les phases avancées. Pour ce qui est du cancer colorectal, les coûts atteignent 200.000 DA durant les premières phases et 2 millions de DA à un stade plus avancé. Les coûts du cancer du poumon sont estimés à 300.000 DA, durant les premières phases, et entre 2 à 3 millions de DA à un stade plus avancé, sachant que le Trésor public prend en charge la totalité des frais. De grands efforts sont consentis par les pouvoirs publics pour l’amélioration de la santé du citoyen, cependant, un grand nombre de patients se présentent pour des soins à un stade très avancé, ce qui diminue les chances de guérison, a fait savoir le Pr Bouzid. Selon le Dr Chemseddine Chekman, chirurgien oncologue à la clinique Debussy, relevant du Cpmc, les opérations chirurgicales sur des cancéreux sont effectuées aux dates fixées. Les malades bénéficient également de séances de chimiothérapie, a fait savoir le Dr Mohamed Oukal, oncologue à la clinique Beau Fraisier (Bouzaréah). Néanmoins, la radiothérapie qui complémente la chaîne des soins, enregistre un déficit, selon les spécialistes.

Actuellement, sept appareils de radiothérapie couvrant l’ensemble du territoire national sont opérationnels, dont certains relèvent de l’hôpital central de l’Armée de Aïn Naâdja (Alger), trois du Cpmc auxquels s’ajoutent les appareils des centres de Blida, d’Oran et de Ouargla, a affirmé le Pr Djilali Ouafi de l’établissement hospitalier universitaire (EHU). Outre les appareils «en panne» dans certains centres, d’autres, par contre, sont «en cours d’équipement». Le Pr Larbi Abid, directeur central au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, avait indiqué que la situation connaîtra une amélioration durant le deuxième semestre 2013. Cependant, les spécialistes interrogés confirment que la situation «demeure stationnaire». Pour sa part, le Pr Aïcha Djemaâ a exprimé sa préoccupation quant à la situation déplorable que vivent les malades, notamment à l’est du pays. Elle a précisé à ce propos que le centre de radiothérapie de Constantine prend en charge 10.000 malades. Toutefois, a-t-elle indiqué, le centre n’est «pas opérationnel» depuis février dernier et la plupart des malades «meurent en silence».

Bien que les appareils du centre fonctionnent 24h/24 sous contrôle d’une équipe médicale et paramédicale, le service «ne peut satisfaire» à la demande croissante sur ce genre de soins, a indiqué le Pr M’hamed Afiane, chef de service de radiothérapie au Cpmc. S’agissant de la prise en charge des malades à l’étranger, le spécialiste a fait savoir que les hôpitaux européens «ne peuvent prendre en charge» 20.000 patients algériens, proposant de les orienter vers les centres du secteur privé qui seront ouverts prochainement dans les wilayas de Blida et Alger afin d’alléger la pression sur les centres du secteur public.

La Caisse nationale des assurances sociales (Cnas) avait lancé, en 2010, une opération de dépistage précoce du cancer du sein au niveau de cinq de ses centres à Constantine, Jijel, Tlemcen et Laghouat, outre le centre du port d’Alger. L’opération, qui se poursuit toujours, a touché 30.000 assurées âgées de 40 à 60 ans. De son côté, l’association El Amel a lancé, en 2010 et 2011, une vaste campagne de sensibilisation au cancer du sein qui a concerné des wilayas de l’est, de l’ouest et du sud du pays. Une première opération pilote de dépistage du cancer du sein à l’aide d’un mamomobile a également été lancée par l’association en 2013 et ce, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le cancer (2 février). Cette opération consiste à ausculter les femmes à l’aide d’un mammographe placé sur un semi-remorque pour dépister d’éventuels cancers du sein. La wilaya de Biskra a été la première station de cette opération encadrée par une équipe médicale du Cpmc en coordination avec la direction de la santé de la wilaya de Biskra.