Au lendemain d’une extraordinaire mobilisation populaire qui a vu les Egyptiens crier leur ras-le-bol du régime Moubarak, la tension restait vive au Caire et dans d’autres villes. Un appel à la poursuite du mouvement a été lancé, alors que les autorités interdisent toute nouvelle manifestation.
Sur sa page Facebook, le groupe a appelé les Egyptiens à se rassembler sur la place principale du Caire, là où 10 000 personnes, selon des chiffres officiels, avaient déjà manifesté, hier, mardi, en scandant : «Le peuple veut le départ du régime.»
«Tout le monde doit se rendre sur la place Tahrir pour s’en emparer de nouveau», a écrit le groupe sur sa page Facebook, réseau social utilisé, avec Twitter, pour organiser la mobilisation.
«Continuons ce que nous avons commencé le 25 janvier, nous allons descendre dans la rue pour demander le droit de vivre dans la liberté et la dignité», a, par ailleurs, affirmé le «Mouvement du 6 avril» dans un communiqué, en appelant à poursuivre la mobilisation «jusqu’à ce que les demandes du peuple égyptien soient satisfaites». Cet appel intervient seulement quelques heures après que les forces de l’ordre égyptiennes eurent dispersé dans la nuit, avec des gaz lacrymogènes, les milliers de manifestants encore présents sur la place Tahrir, située dans le centre du Caire et proche de nombreux bâtiments officiels. Ces manifestations répondaient à l’appel de groupes de militants pour la démocratie, à descendre dans la rue pour faire de mardi – officiellement «Journée de la police» – une «journée de révolte contre la torture, la pauvreté, la corruption et le chômage».
Outre Le Caire – où les manifestations ont réuni environ 15 000 personnes, selon les chiffres officiels – des défilés ont été organisés, hier, mardi dans différentes villes de province, notamment à Alexandrie et Suez, malgré un dispositif policier massif. La police a utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau pour tenter de disperser plusieurs milliers de personnes, en grande partie des jeunes, rassemblées sur la grande place Tahrir et ses environs. En début de soirée, ils étaient toutefois encore des milliers sur cette place à scander : «Le peuple veut le départ du régime.» Au total, 20 à 30 000 membres des forces de l’ordre ont été mobilisés dans la capitale, selon la police. «Ces manifestations sont les plus importantes depuis 1977, non seulement par le nombre de participants et le fait qu’elles ont lieu dans tout le pays, mais aussi parce qu’elles touchent l’ensemble de la population.» Pour rappel, plusieurs immolations par le feu ont eu lieu ces derniers jours en Egypte, rappelant celle d’un jeune Tunisien mi-décembre, qui avait déclenché la révolte dans son pays.
Trois manifestants – dont un décédé ce matin – et un policier ont trouvé la mort lors de manifestations rassemblant plusieurs milliers d’Egyptiens, qui ont réclamé le départ du Président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 1981, une contestation inspirée par la révolte populaire tunisienne. Trois manifestants sont décédés à Suez (nord de l’Egypte) après des heurts avec la police, et au Caire un policier a succombé après avoir été battu par des manifestants, selon des sources médicales et de sécurité. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hossam Zaki, cité par l’agence officielle Mena, a déclaré qu’«il regrettait la mort d’un membre des forces de l’ordre qui a été battu par des manifestants».
Le ministère de l’Intérieur a appelé dans un communiqué à «mettre fin à ces rassemblements afin d’éviter leurs répercussions sur l’ordre public». Il a accusé le mouvement des Frères musulmans d’avoir «dépêché un grand nombre de ses membres», place Tahrir, dans le centre du Caire, où, selon le ministère, quelque 10 000 manifestants étaient présents. Les militants islamistes ont «lancé des pierres sur les forces de sécurité et ont provoqué des émeutes», au cours desquelles plusieurs policiers ont été blessés, selon le ministère.