L’espérance de vie en Algérie est passée de 52 ans en 1962 à 75 actuellement.
Les travaux du 2e Congrès national d’oncologie médicale se sont ouverts hier matin à l’hôtel Sofitel d’Alger sous la présidence du Dr Djamel Ould Abbès, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Ce rendez-vous annuel des oncologues nationaux et internationaux qui coïncide avec la Journée mondiale de la santé dont le thème est «Une bonne santé pour mieux vieillir», a réuni plus de 200 spécialistes.
Il se veut une opportunité de débattre des actualités diagnostiques et thérapeutiques en matière de prise en charge des différentes formes de cancer. Le thème principal étudié au cours de ces assises se limite aux sarcomes des tissus mous qui sont définis comme des tumeurs malignes développées aux dépens du tissu conjonctif commun extrasquelettique comme le tissu adipeux, le tissu musculaire, les vaisseaux et le système nerveux périphérique.
Dans son allocution d’ouverture, le ministre a relevé l’importance de cette rencontre scientifique qui coïncide avec la célébration de la Journée mondiale de la santé dont le thème cette année est lié au vieillissement qui concerne toute la population. Il a indiqué dans ce contexte que l’espérance de vie en Algérie est passée de 52 ans en 1962 à 75 actuellement.
Pour ce qui est du thème débattu, le Dr Ould Abbès a notamment insisté sur le Plan national de lutte contre le cancer adopté en tant que plan modèle pour le continent africain.
Concernant les équipements destinés au traitement des cancéreux par radiothérapie, le ministre a annoncé l’acquisition prochaine de 57 nouveaux appareils. Au volet infrastructures, le premier responsable du secteur a rappelé l’ouverture de 22 centres anti-cancer d’ici à 2014.
La formation continue
L’élargissement du champ d’utilisation de la formation à distance n’a pas été négligé par le ministre de la Santé qui a insisté sur la formation continue tout en reliant par vidéo cinq centres hospitalo-universitaires du Nord à 13 hôpitaux des Hauts Plateaux et du Sud. Le ministre a souligné, à cet effet, que cette technique «contribue non seulement à diagnostiquer la maladie mais aussi à la traiter et à prodiguer des orientations». A une question sur la pénurie de médicaments, le ministre a précisé qu’il ne s’agit pas de pénurie mais d’une mauvaise distribution, annonçant à l’occasion un nouveau plan d’importation de médicaments.
Les grands distributeurs font des spéculations, ce qui se répercute d’une manière négative sur les pharmaciens, a indiqué le ministre tout en rappelant les mesures prises par le gouvernement pour l’acquisition des médicaments qui avaient enregistré un manque et ce, en affectant une enveloppe financière de l’ordre de 10 millions DA. Tout en qualifiant la situation de pénurie de médicaments, qui dure depuis des années, de «chronique», le ministre a indiqué que son secteur traite avec les associations de malades qui lui ont soumis une liste de médicaments essentiels qui est déjà prise en charge. Cela devrait fortement con-tribuer à atteindre les objectifs fixés par le Président de la République
Les différentes communications présentées au cours de cette journée ont porté sur la prise en charge de ce type de cancers dont le thème a été choisi en raison du caractère de rareté de cette pathologie orpheline très rare, relativement plus fréquente chez l’enfant que chez l’adulte. Selon les spécialistes, les sarcomes sont des tumeurs malignes développées aux dépens des tissus de soutien. Ils apparaissent plus souvent au niveau des membres qu’au niveau du tronc avec un taux de 40% pour ce qui est des membres inférieurs, 15% pour les membres supérieurs, 30% pour ce qui est du tronc/abdomen et 15% au niveau de la tête et du cou.
350 médecins en oncologie
Toujours en matière de chiffres, le Pr Kamel Bouzid, président de la Société algérienne d’oncologie médicale et chef du service oncologie du Centre Pierre-et-Marie-Curie (CPMC) d’Alger a indiqué que sur 44 000 cas nouveaux de cancer par an, on compte 500 sarcomes. Tout en insistant sur le nombre de spécialistes en la matière – il existe 350 médecins en oncologie -, le Pr Bouzid a exposé le problème d’affectation des spécialistes au niveau des différentes wilayas du pays, qui se fait «en toute bonne foi par le ministère de la tutelle», ne trouve pas «d’écho au sein des malades qui en plus de leur maladie, souffrent des pratiques négatives de certains spécialistes qui se présentent une ou deux fois par semaine au niveau du service d’oncologie».
Il a indiqué qu’une fois affectés dans les différentes régions du pays, «les spécialistes ne font pas preuve de suffisamment de bonne volonté pour exercer leur métier sous des prétextes fallacieux, en particulier celui du logement. Mais là où le bât blesse, c’est lorsque les autorités locales, à savoir les directeurs de la Santé et de la Population de wilaya tolèrent ces pratiques négatives et inhumaines».
Le Pr Bouzid ne lie pas la question au manque de moyens, car ils existent, ni au logement, car il est attribué bien équipé à nos spécialistes, mais il s’attaque beaucoup plus à l’absence de «conscience professionnelle chez certains d’entre eux qui ont été formés gratuitement et qui doivent rendre à ce pays et aux citoyens ce que l’Etat a fait pour eux, ni plus ni moins», souligne-t-i,l tout en rappelant que la spécialisation en France revient pour chaque étudiant en médecine 15 000 euros par an.
Tout en insistant sur le plan anti-cancer, le Pr Bouzid a indiqué que ce dernier devrait contribuer à atteindre les objectifs fixés par le Président de la Ré- publique, que le cancer est une priorité nationale et que les Algériens atteints par cette maladie doivent être soignés de la même façon sur tout le territoire national.
Sarah SOFI
Clôture du congrès international d’oncologie à Bordj Bou-Arréridj
L’Algérie qui compte 40 000 cancéreux enregistre un accroissement de 5 pour cent de la maladie par an. Elle devrait avoir 60 000 malades d’ici à 2020.
Si chez les femmes, c’est le cancer du sein qui revient le plus, chez les hommes c’est le tabac qui est le plus en cause. Suivent pour les premières le cancer du col de l’utérus et pour les seconds le côlon et la prostate.
La clôture du congrès international d’oncologie qui a eu lieu les 4, 5 et 6 avril à l’université Bachir-Ibrahimi qui a vu la participation de sommités nationales et internationales en la matière a été marquée par l’hommage rendu aux invités de la wilaya comme les Français Bernard et Lise Duperay, Jean-Yves Bignon, Rémy Salmon et Bernard Jugnod, l’Américaine Nancy Urharmer et les Algériens Ahmed Bendib, Taha Filali, Abdelkrim Alouache et Ahmed Bastandji et l’adoption des recommandations tendant à développer la lutte contre le cancer en Algérie. Ces recommandations, le niveau des conférences et la forte participation qui s’ajoutent aux moyens mobilisés par la wi- laya, la direction de la santé et la Société arabe d’oncologie infantile ont assuré le succès d’une manifestation qui a été une première pour la wilaya .
La prochaine édition du congrès doit avoir lieu à l’automne prochain à Constantine.
Rappelons que plus de 400 praticiens locaux ont assisté aux travaux du congrès qui visait justement la formation continue du personnel de la santé et l’amélioration de la prise en charge des patients. La wilaya de Bordj Bou-Arréridj a enregistré parallèlement à la manifestation l’ouverture d’un service d’oncologie médicale et d’hématologie à l’hôpital Bouzidi-Lakhdar de Bordj Bou-Arréridj. Les patients qui se déplaçaient à Constantine et Alger pour les cures de chimiothérapie pourront désormais le faire sur place.
Propos de spécialistes
Docteur Bastandji, (Société arabe d’oncologie infantile)
“Une opportunité de développement de la discipline”
«Le congrès a été une occasion pour échanger les expériences et engager un mouvement de réflexion pour le développement de cette discipline qui est l’affaire de tous et un problème de santé publique.
Nous en avons profité pour honorer de son vivant le professeur Bendib qui a tant apporté pour la lutte contre le cancer en Algérie. Nous avons eu également la chance de compter parmi nous le professeur Alouache qui est le maître de la cancérologie en Algérie».
Professeur Alouache (Paris)
“Enrichir le plan cancer”
Pour le professeur Alouache, que nous avons justement abordé, le plan cancer que le ministre a annoncé mérite une réflexion pour lever les contraintes dans le traitement des malades. Si ces contraintes ne sont pas prises en charge d’ici à 2020, on aura des difficultés pour résoudre les problèmes qui se posent.
Il est nécessaire de remettre à niveau les structures et d’aller plus vite dans l’exécution du plan. Nous avons besoin de l’implication de la société civile qui n’est pas présente actuellement.
Si nous arrivons également à fournir à chaque wilaya ses besoins en produits et notamment en chimiothérapie pour éviter la pénurie et engager un transfert de certains points absents comme la radiothérapie, on aura avancé considérablement