Le théâtre régional de Béjaïa a abrité, hier, une journée d’information pour prévenir et traiter de la violence dont sont l’objet les femmes. La rencontre, initiée par AFAC, l’Association des femmes algériennes cadres, avait pour thème “la violence familiale et sociétale”. La problématique a porté plus particulièrement sur l’effet de cette violence sur la santé des femmes.
On y apprend notamment que durant l’année 2010, quelque 291 plaintes ont été déposées par des femmes violentées au parquet de Béjaïa. Selon les représentants de cette institution judiciaire, l’analyse des données a révélé qu’il s’agissait de violences conjugales : 35 cas avaient été enregistrés ; les victimes étaient âgées entre 35 et 40 ans. Ce qui supposait, a-t-on indiqué, que “c’étaient des femmes mariées et ayant plus d’un enfant”, qui en étaient victimes. Cependant, on n’avait manifestement pas pris en compte les femmes, qui n’ont pas franchi le pas.
C’est-à-dire celles, “majoritaires”, qui continuent à subir la violence mais sans oser briser la loi du silence et porter l’affaire devant les juridictions compétentes. Durant les débats, on n’a pas manqué d’insister sur le fait que cette violence a une incidence énorme sur la santé et le bien-être des femmes. Les coûts en matière de santé et découlant de la violence contre les femmes sont très élevés puisqu’ils incluent les traitements médicaux et dentaires à court terme consécutifs aux traumatismes subis, les soins physiques et psychologiques à long terme, les journées de travail perdues pour celles qui ont la chance de travailler et susceptibles de s’autonomiser, financièrement du moins.
Les femmes au foyer sont, a-t-on reconnu, les plus vulnérables a fortiori celles qui habitent la campagne, esseulées et sans possibilité de contact avec les associations, dédiées à la défense des femmes victimes de violence. Les débats ont permis aussi d’apprendre sur ce sujet de violence familiale que les conjoints, mais aussi les pères et les frères, étaient en cause dans tous les homicides commis au sein de la famille. D’où leur insistance auprès des autorités politiques pour promouvoir la santé des femmes. L’un des communicants dira en aparté que “ne pas tenir compte de la violence comme facteur dans la santé et le bien-être des femmes contribue non seulement à les priver d’un diagnostic exact et de traitements appropriés, mais occulte toute la portée des conséquences personnelles et sociales de la violence. Les femmes n’échapperont pas à la violence tant qu’elles ne seront pas les égales des hommes et l’égalité ne sera pas possible tant que la violence et la menace de violence n’auront pas été éliminées de la vie des femmes”.
Les militants politiques présents dans la salle ont pointé, quant à eux du doigt, le code de la famille ; lequel code empêche, selon eux, l’émancipation de la femme algérienne. Un statut, qui l’oblige à subir dans le silence le martyre dont elle est l’objet de la part de l’époux ou du frère.
M. Ouyougoute