Le FLN a déjoué tous les pronostics en remportant à une large majorité – 220 députés – lors d’élections législatives sans précédent vu le nombre très élevé de partis politiques qui y ont pris part.
Il faut bien reconnaître que cette victoire écrasante du parti historique, que ne prévoyait aucun politologue ni observateur, conforte en premier le président de la République, A.Bouteflika, qui même s’il n’a pas appelé a voter pour l’un ou l’autre parti en compétition, a dramatisé à l’extrême la nécessaire participation citoyenne au scrutin, laissant même prévoir son départ au terme de son mandat et un renouvellement générationnel de la classe politique.
Le chef de l’État de par son implication directe et par six fois dans la campagne électorale, a permis une assez bonne participation au regard du scrutin de 2007 et pour ce qui est de l’Algérie où l’électorat se montre très frileux depuis ses dernières années.
Le ministre de l’Intérieur Daho Ould Kablia a pour sa part estimé que le score très élevé du FLN, s’explique par un vote « refuge» en raisons des menaces réelles ou supposées qui pèsent comme jamais sur l’Algérie du fait d’un environnent instable, voire pré-révolutionnaire qui touche les voisins immédiats de Algérie sur l’ensemble de ses frontières.
En raflant la mise, le vieux parti a aussi profité de l’abstention et donc d’un vote générationnel même s’il a renouvelé ses candidats au grand dam des caciques et des barons du FLN, dont certains sont aux commandes depuis 50 ans et qui jouent aux redresseurs à l’image de Goudjil.
Abdelaziz Belkhadem, qui a manoeuvré habilement et qui a su éviter la convocation d’un comite central qui aurait été mortel pour lui, a somme toute mené une bonne campagne et réussi a réveiller le patriotisme, quelque peu bafoué ces temps derniers, d’une grande majorité d’électeurs peu désireux de voir l’Algérie sombrer dans l’aventurisme politique, fut-il d’inspiration divine et faciliter une anarchie propice a une intervention étrangère masquée.
On peut penser qu’en votant très nombreux pour le FLN, les électeurs ont agi par sursaut patriotique et ont aussi répondu aux appels répétés de Bouteflika, qui garde une grande popularité, même si nombre de ses ministres sont décriés pour leur mauvaise gestion.
Reste pour le FLN et pour son secrétaire général à mériter la confiance qui a été mise entre leur main par une bonne partie des Algériens, de rassembler un parti qui quoique l’on dit est divisé parce que multiple avec en son sein une forte tendance islamo-nationaliste, de le rajeunir et de féminiser davantage sa composante.
À ce propos, l’on ne peut que se féliciter de la grande part – 145 élues, de députées qui siégeront dans la prochaine Assemblée et lui impulseront une orientation plus sociale. Pour ce qui est du second parti de la coalition, le RND, il est en dépit de sa seconde place dans la future assemblée , le grand perdant pour un parti de gouvernement.
Ce recul peut s’expliquer par l’usure du pouvoir mais aussi par une intense campagne de dénigrement de ses dirigeants et notamment des islamistes qui aspiraient un peu trop vite a être la première force politique à l’hémicycle. L’exemple libyen ayant servi de repoussoir. L’Algérie qui a payé lourdement son lot à l’intégrisme, ne pouvait faire valoir des politiques se prévalant de l’Islam en tout et qui se révèlent défaillant dans la gestion, lorsqu’ils sont au gouvernement, à l’exception de certain d’entre eux.
Par ailleurs et dehors de la bonne performance du PT de Louisa Hanoun, dont le discours souverainiste porte en ces temps de crise où l’économie de bazar et le bradage de l’industrie nationale ont porté le chômage des jeunes à des sommets malgré des formations universitaires élevés, le pôle démocratique sort affaibli, le FFS ne réussissant pas son pari d’obtenir une quarantaine de siège.
Ce parti qui couve une crise et faute de la présence en Algérie de son leader, sauve les meubles avec la vingtaine de députés élus au niveau national. Un bon résultat eu égard à la très forte abstention enregistrée en Kabylie; en raison semble-t-il de la campagne de boycott initiée par le RCD et les autonomistes ou supposés tels.
Enfin que dire de la déroute électorale des islamistes qui entre l’Alliance verte et ses énormes moyens matériels et financiers n’obtient que 48 sièges. Un seul bon point pour l’Alliance verte le tres bon résultat de Ghoul, qui, il est vrai a joué de sa casquette de ministre «dynamique et performant» et d’impressionnants moyens pour l’emporter à Alger où le RND, s’est fait ramasser avec seulement trois sièges.
Mokhtar Bendib
LES PARTIS AYANT OBTENU DES SIÈGES À L’APN
1- Front de Libération nationale (FLN) : 220 sièges dont 68 femmes
2- Rassemblement national démocratique (RND) : 68 sièges dont 23 femmes
3- Alliance de l’Algérie verte (AAV) : 48 sièges dont 15 femmes
4- Front des Forces Socialistes (FFS) : 21 sièges dont 07 femmes
5- Parti des travailleurs (PT) 20 sièges dont 10 femmes
6- Indépendants : 19 sièges dont 05 femmes
7- Front national algérien (FNA) : 09 sièges dont 03 femmes
8- Parti El Adala : 07 sièges dont 01 femme
9- Mouvement populaire algérien (MPA) : 06 sièges dont 02 femmes
10- Parti El Fedjr El Jadid (PFJ) : 05 sièges dont 01 femmes
11- Front du changement (FC) : 04 sièges dont 01 femmes
12- Parti national pour la solidarité et le développement (PNSD) : 04 sièges dont 01 femme
13- Rassemblement algérien (RA) : 04 sièges dont 01 femme
14- Front national pour la justice sociale (FNJS) : 03 sièges
15- Ahd 54 : 03 sièges
16- Union des Forces démocratiques et sociales (UFDS-El Ittihad) : 03 sièges dont 02 femmes
17- Alliance nationale républicaine (ANR) : 03 sièges dont 01 femme
18- Front El Moustakbel (FM) : 02 sièges
19- Mouvement national de l’Espérance (MNE) : 02 sièges
20- Rassemblement patriotique républicain (RPR) : 02 sièges dont 01 femme
21- Mouvement des Citoyens Libres (MCL) : 02 sièges dont 01 femme
22- Parti Ennour El Djazairi : 02 sièges dont 01 femme
23- Part El Karama : 01 siège dont 01 femme
24- Parti du renouveau algérien (PRA) : 01 siège
25- Mouvement El Infitah (ME) : 01 siège dont 01 femme
26- Front national pour la concorde (FNIC) : 01 siège
27- Front national démocratique (FND) : 01 siège