Les forces syriennes ont tué au moins 7 personnes, vendredi 12 août, ont annoncé des opposants au régime de Bachar Al-Assad. Jeudi, 19 personnes avaient péri lors d’opérations menées dans le nord et l’est du pays, près de la frontière libanaise et au cœur des régions tribales sunnites, pour réprimer toute manifestation hostile à Bachar Al-Assad rapporte le journal Le Monde.
La répression s’est accentuée depuis le début du mois de Ramadhan, début août, en dépit des menaces de nouvelles sanctions américaines et d’appels de la Turquie et des pays arabes à cesser les attaques .
Un homme a été tué alors qu’il tentait de fuir lors d’une campagne d’arrestations à Sakba, dans la banlieue de Damas, et une femme est morte au cours d’une opération sécuritaire à Khan Sheikhoun, dans la province d’Idleb (Nord-Ouest), a annoncé l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Un homme a été tué par un tireur embusqué près d’une mosquée à Homs (Centre), tandis que deux civils ont été tués et plusieurs autres blessés quand les forces de sécurité ont tiré à balles réelles pour disperser des manifestations à Douma, dans la banlieue de Damas, a ajouté l’OSDH
Un civil a aussi été tué à Deir ez-Zor (Est), selon un militant sur place. Les forces syriennes ont ouvert le feu sur des manifestants qui sortaient de la principale mosquée de la ville, rapportent des témoins. A Hama (Centre), un homme a été mortellement touché et trois autres civils ont été blessés lorsque les forces de sécurité ont ouvert le feu pour disperser des manifestants qui se rassemblaient à la sortie de la prière du vendredi dans une mosquée de la ville, selon un militant sur place. De son côté, la Télévision publique syrienne a annoncé « la mort de deux agents de la sécurité par les tirs d’hommes armés à Douma ».
A Hama toujours, « des milliers de personnes ont défilé malgré une présence accrue des forces de sécurité. Nous sommes sortis de la mosquée vers la place al-Manakh, ils nous ont tiré dessus, il y a des blessés, plusieurs personnes ont été arrêtées », a déclaré à l’AFP un autre militant, dans cette ville située à 210 km au nord de Damas. L’opération la plus meurtrière a visé jeudi au petit matin la petite ville de Kousair, près de la frontière nord du Liban, où onze personnes, dont une femme et un bébé, ont été tuées, selon militants et défenseurs des droits de l’Homme.
Kousair est située à quelques kilomètres de la grande ville de Homs, à 165 km au nord de Damas, où cinq personnes, dont un garçonnet de neuf ans, ont été tuées vendredi aux premières heures lors d’un raid sur le quartier résidentiel de Byada à la suite de manifestations. Dans l’Est, des soldats et des membres des renseignements militaires, soutenus par des chars et des véhicules blindés, ont multiplié les offensives contre Daïr Az Zour. Quatre civils ont été tués lors de fouilles conduites maison par maison.
Une personne est également morte à Lattaquié, sur la côte. Pour museler davantage l’information, Abdelkarim Rihaoui militant des droits de l’Homme a été arrêté dans un café de Damas. Paris a demandé vendredi sa libération immédiate. Les comités de coordination locale, qui rassemblent des opposants, ont déclaré que neuf détenus avaient succombé à des actes de torture au cours des dix derniers jours à Damas, Homs, Deraa et dans les faubourgs de la capitale. Lors d’une réunion à huis clos consacrée à l’examen de la réponse syrienne à sa déclaration du 3 août appelant à la « fin immédiate de toute violence », le secrétaire général adjoint de l’Onu aux affaires politiques, Oscar Fernandez-Taranco, a déclaré que près de deux mille civils avaient péri depuis mars, 188 depuis le 31 juillet et 87 dans la seule journée du 8 août.
Les Etats-Unis appellent d’autres pays à réagir
Face à la poursuite de la répression, la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, a souhaité, jeudi, que d’autres pays, en particulier les Européens et les Chinois, principaux acteurs dans le secteur énergétique syrien, s’associent aux États-Unis pour inciter Bachar Al-Assad à partir. Puis elle a demandé, vendredi, aux partenaires commerciaux de la Syrie de cesser leurs échanges avec Damas.
« Nous pressons les pays qui continuent à acheter du gaz et du pétrole syriens, les pays qui continuent à envoyer des armes au [président ] Assad (…) à se ranger du bon côté de l’Histoire », a dit Mme Clinton à des journalistes. Dans une interview accordée à l’émission « Evening News », de CBS, Hillary Clinton précise que l’administration Obama a été « très claire » dans ses déclarations concernant la perte de légitimité du chef de l’État syrien. La Maison blanche n’a toutefois toujours pas appelé Assad à la démission. « Il est important que ce ne soit pas seulement la voix de l’Amérique. Et nous voulons nous assurer que d’autres voix se font entendre de par le monde », a expliqué Mme Clinton. Turquie, Arabie saoudite et Egypte ont appelé M. Assad à faire cesser la violence. Les médias indépendants sont interdits d’accès en Syrie depuis le début du soulèvement, il y a cinq mois. Les autorités ont conduit jeudi un groupe de journalistes turcs autour de la ville de Hama, cible d’une offensive militaire d’une semaine qui s’est achevée le week-end dernier. Les rues y étaient désertes, des vitres brisées et la plupart des magasins étaient fermés. Plusieurs habitants, dont les commentaires étaient traduits pour les journalistes turcs par des officiels syriens, ont déclaré que l’armée avait pénétré dans la ville pour lutter contre des groupes armés qui avaient bloqué les routes et incendié des bâtiments publics.
Par : R. I.