Les syndicats de la santé plaident pour une médecine de qualité
«En fait, notre première et plus importante doléance, est que l’Etat poursuive et consolide sa politique de promotion des libertés individuelle, collective et celle des activités syndicales», tel a été le souhait émis hier, par le président du Syndicat national algérien des pharmacies d’officines (SNAPO), M. Messaoud Belambri, qui venait d’être reçu, en même temps que trois autres de ses confrères, par les membres de l’Instance des consultations.
De par sa spécialité, M. Belambri a néanmoins indiqué s’être distingué par rapport à ses confrères des autres syndicats de la santé, par le fait qu’il s’est prononcé dans le mémorandum remis à l’Instance, pour l’instauration d’une «politique pharmaceutique nationale», en mettant l’accent sur notamment «l’activation de l’Agence nationale des produits pharmaceutiques».
Pour le président du SNAPO, la «réforme» du système d’importation et de distribution passe par l’instauration de mécanismes de suivi, de contrôle et de régulation.
Le Dr Belambri a plaidé, par ailleurs, pour un statut du pharmacien ainsi que la révision «urgente» des textes instaurant les ordres professionnels de la santé, expliquant dans ce contexte, qu’au vu des longues années de pratique de sa profession et de son passage sous divers régimes d’importation et de fabrication du médicament, il a été en mesure de proposer ces nouvelles dispositions qui «à elles seules, pourraient venir à bout d’un problème aussi inextricable qu’un écheveau».
Pour sa part, le secrétaire général du Syndicat national des médecins généralistes de la santé publique (SNMGSP), le Dr Salah Laouar, qui a eu à intervenir après M. Belambri, a demandé à ce que l’Etat continue, de «garantir et de pérenniser la gratuité des soins, sans la moindre discrimination.»
Préconisant une «médecine de proximité de qualité», il a demandé aussi à «veiller à la pérennité de la Caisse de sécurité sociale», à «élargir sa couverture à l’ensemble des couches sociales», et surtout à associer l’ensemble des partenaires sociaux, y compris les «patients», les caisses de sécurité sociale, les associations et les syndicats pour participer à la révision de la loi sanitaire.
De son côté, le président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), le Dr Mohamed Yousfi, n’a pas manqué de relever «la justesse» de l’initiative de consultation sur les réformes politiques en Algérie, appelant, à l’instar des représentants des autres syndicats reçus en même temps par l’Instance, à consacrer la démocratie en Algérie.
Mettant l’accent sur la nécessité d’œuvrer pour le «renforcement et l’implication» du mouvement associatif, la révision de la Constitution, la séparation «effective» des pouvoirs, l’ouverture du champ médiatique et audiovisuel, d’une plus grande représentativité de la femme, le praticien n’a pas manqué non plus de mettre en exergue de donner, la «priorité» aux compétences pour accéder aux postes de responsabilité.
« Maintenant que les choses reprennent leur place et que l’Algérie recommence à fonctionner avec des normes universelles, peut-être qu’il faut commencer par cette condition pour revaloriser le travail.
Lui aussi demandera à ce que la liberté syndicale soit «garantie» et que l’acquis de la gratuité des soins médicaux soit préservé au profit de tous les Algériens.
Quant au représentant du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), le Dr Lyès Merabet, ce dernier a mis l’accent sur le fait que l’Etat devrait respecter les engagements pris dès l’indépendance. Des engagements qui concernent en fait, les conventions internationales ratifiées par l’Algérie dans le domaine de la protection des droits civiques et du pluralisme syndical, réclamant par là, à ce que l’ensemble des syndicats, tant autonomes qu’affiliés à l’UGTA, soient associés aux réunions de la tripartite (gouvernement-UGTA-patronat).
Le SNPSP a également appelé à la nécessité de consacrer un pluralisme syndical «représentatif» et indépendant de toutes formes de contrôle administratif et financier, insistant aussi sur «la levée des pressions que subissent les délégués des syndicats autonomes et la réintégration de l’ensemble des syndicalistes dans leurs postes de travail».
M. Merabet, a en outre, proposé la création d’un Conseil national supérieur chargé de la réforme du système sanitaire en Algérie, l’objectif final étant de parvenir à assurer une couverture sanitaire de qualité, a-t-il dit, appelant par ailleurs les pouvoirs publics à favoriser l’émergence, «d’une vraie société civile». Une société civile qui serait elle, la garante de la stabilité et de la prise en charge des citoyens sous différentes formes associatives, «nous estimons que c’est là qu’on pourrait régler la majorité des problèmes de la société, parce que l’Etat ne peut pas tout faire, seul !»
Amel Zemouri
Le monde des arts et de la culture s’exprime
L’Instance de consultations sur les réformes politiques a reçu, hier après-midi, des personnalités du monde de l’art et de la culture. Dans une déclaration à la presse à l’issue de sa rencontre avec les membres de l’Instance de consultations, M. Ahmed Bedjaoui, critique de cinéma, a estimé que les réformes politiques initiées par le Président de la République doivent aller dans le sens de « l’approfondissement de la démocratie » et dans « l’intérêt de l’être humain ». Il a aussi mis en valeur l’importance, au sein de la société, de « la création et de la culture », estimant à ce propos que « la culture ne se décrète pas ». Insistant sur la notion du service public, M. Bedjaoui a appelé à encourager « l’humble citoyen à s’intéresser encore davantage à la culture ». De son côté, le romancier Rachid Boudjedra a qualifié sa rencontre avec l’Instance de Bensalah de « spontanée » et qui a permis, a-t-il dit, d’évoquer la situation de la culture et de la création en Algérie, en plus des questions d’ordre politique, notamment la révision de la Constitution. La romancière Djamila Zenir a estimé, pour sa part, que « les réformes initiées doivent émaner des Algériens et pour les Algériens », de manière à consolider, a-t-elle expliqué, « la culture algérienne dans toutes ses facettes et sa composante ». Mme Zenir a en outre évoqué la situation de la femme dans la société, exhortant les décideurs à accorder (à la femme) « l’opportunité de mettre en valeur ses compétences dans la vie politique ».
L’homme de théâtre, Slimane Benaissa a, quant à lui, indiqué que la révision de la Constitution doit aller dans le sens de « répondre aux aspirations des nouvelles générations », lesquelles, a-t-il dit, auront ainsi « le sentiment d’appartenance à leur pays, l’Algérie ». L’Instance de consultations, représentée par son président, M. Abdelkader Bensalah, assisté de MM. Mohamed Touati et Mohamed Ali Boughazi, avait reçu auparavant une délégation de syndicats de la santé. Depuis le début des consultations, entamées le 21 mai dernier, de nombreuses délégations de partis politiques, des personnalités nationales et des représentants de la société civile ont été reçus par cette commission consultative.
Ils seront reçus aujourd’hui
Des intellectuels et des universitaires
L’Instance chargée des consultations sur les réformes politiques avec les partis, les personnalités nationales et les représentants de la société civile recevra aujourd’hui, une délégation représentant la communauté universitaire et des intellectuels à l’image de Mustapha Cherif, Ahmed Bahloul et Amar Belhimer.