Le ministère de l’Agriculture faisait état, la semaine dernière, de 964 bovins abattus et 214 foyers infectés détectés.
Ces chiffres ont pratiquement triplé depuis. 2500 têtes bovines ont été abattues depuis le début de la maladie. Il y a à peine une semaine, le ministère de l’Agriculture annonçait la maîtrise de l’épidémie de fièvre aphteuse, qualifiant même la situation de rassurante. Mais voilà que le dernier bilan de la situation donné par le ministre lui-même vient balayer toutes ces assurances! En effet, les chiffres discréditent son département. La semaine dernière lorsqu’il annonçait la «maîtrise» de la situation, il faisait état de 964 bovins abattus et 214 foyers infectés détectés; samedi dernier il parle de 2500 têtes bovines abattues.
Des statistiques qui ont explosé en l’espace de quelques jours. Pis encore, la maladie a continué sa propagation en touchant la capitale et l’ouest du pays. Toutes les régions, mis à part le Sud, sont donc contaminées!
Les chiffres parlent d’eux-mêmes et relancent ainsi le débat sur les assurances du département de Abdelwahab Nouri qui réfute catégoriquement toute menace sur la fête de l’Aïd. Or, selon les experts, l’éradication totale et définitive de la fièvre aphteuse en Algérie, nécessitera au moins une année. C’est le temps qu’il faut pour arrêter, dans une première étape, la propagation de la maladie, achever ensuite la campagne de vaccination à travers tout le territoire national et effectuer un 2e rappel (de vaccination) après six mois.
L’épidémie apparue au début de 1999 et qui n’a été éradiquée qu’en fin d’année est l’exemple parfait de la lenteur que prend l’éradication de cette maladie, même si la proportion de vaccination du cheptel, à l’époque, n’était pas aussi importante qu’actuellement. Il n’en demeure pas moins que les déclarations du ministre confrontées à la réalité du terrain, laissent craindre le pire, et soulèvent des interrogations sur l’efficacité des mesures prises jusque-là! Les services vétérinaires, faut-il le rappeler, ont pris deux mesures exceptionnelles.
La première porte sur l’interdiction du déplacement des animaux sans autorisation vétérinaire et la deuxième sur la fermeture de tous les marchés à bestiaux du pays. Ainsi, le ministère de l’Agriculture a exigé aux éleveurs de ne pas déplacer les animaux, sauf vers un abattoir proche, de ne pas fréquenter les marchés à bestiaux, de ne pas introduire de nouveaux animaux dans leurs exploitations et d’appliquer systématiquement de la chaux vive au niveau des entrées des exploitations.
Outre la facilitation des visites de contrôle des vétérinaires, la tutelle demande à ses maquignons d’interdire l’entrée de personnes étrangères dans leurs exploitations. Le ministre a aussi instruit les services de sécurité de renforcer les barrages routiers pour empêcher tout déplacement d’animaux. Une vaste campagne de vaccination a aussi été entamée et des quantités supplémentaires de vaccins ont été commandées. Toutefois, les résultats sont loin d’être à la mesure des annonces. Alors, M.Nouri a renvoyé la responsabilité aux agriculteurs, les accusant de négligence.
«Ce sont tout simplement des criminels qu’il faut indéniablement traduire en justice. Il n’y a aucune autre qualification à accorder à ces derniers. C’est une grande responsabilité qu’ils assument entièrement. C’est parce qu’ils prévoyaient de ramener leurs animaux à l’abattoir que certains de ces éleveurs évitaient de les vacciner», a-t-il accusé, samedi dernier, lors de la visite qu’il a effectuée dans la wilaya de Chlef. «C’est injuste et je qualifie cela, encore une fois, d’acte criminel», a-t-il martelé.
«Cette dangereuse maladie qui se propage rapidement et en un temps record, puisque contagieuse et ciblant à la fois un nombre important de vaches, n’est pas uniquement l’affaire du ministère de l’Agriculture. Bien au contraire, chacun de nous, services de sécurité, élus locaux, députés, chefs de daïra et autres responsables de différents secteurs devons mettre, ensemble, la main à la pâte, dans le but de procéder à l’éradication totale de cette maladie qui menace notre pays», a-t-il poursuivi pour se dédouaner. La fièvre aphteuse continue donc sa progression en dépit des assurances des autorités…
Six foyers enregistrés à Blida
Six foyers de fièvre aphteuse ont été enregistrés dans autant de régions distinctes de la wilaya de Blida par l’inspection vétérinaire locale, a-t-on appris auprès de cette structure. Le premier cas d’atteinte par cette épizootie a été enregistré au début du mois courant dans la commune de Bouarfa. Les cinq autres foyers ont été relevés dans celles de Larba, Guerrouaou, Ouled Moussa, Oued El Alleug et Bougara, a indiqué la même source, précisant que la plupart des éleveurs dont les étables ont été touchées par cette maladie n’ont pas procédé à la vaccination de leurs cheptels, fait ayant favorisé la propagation de cette maladie.
Pour remédier à cette situation, l’inspecteur vétérinaire, Zenikhri M’hamed, a fait état de la dotation de la wilaya de 7000 doses de vaccin contre la fièvre aphteuse, sachant que près de 10 000 têtes bovines ont été vaccinées à travers la wilaya depuis mai dernier. Pour circonscrire ce fléau et en limiter les dégâts, l’inspection vétérinaire a pris plusieurs mesures préventives, dont des campagnes de sensibilisation des éleveurs et des maquignons, la fermeture de marchés à bestiaux et le contrôle des mouvements des cheptels..