250.000 universitaires ont opté pour d’autres nationalités: La grande saignée des cerveaux

250.000 universitaires ont opté pour d’autres nationalités: La grande saignée des cerveaux

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Ces statistiques qui font froid dans le dos et qui ne se limitent qu’à la période de 1995 à 2012 ne prennent en compte que les Algériens qui ont obtenu des nationalités étrangères. La réalité est bien plus dramatique…

Les cerveaux des Algériens captés par l’étranger. Plus de 500.000 de nos compatriotes ont quitté le pays et ont obtenu d’autres nationalités entre 1995 et 2012. C’est ce que révèle le président de l’Union générale des ressortissants algériens établis à l’étranger, Saïd Benrokia, dans une interview au quotidien arabophone Echourouk.

Le plus dommageable dans l’histoire est le fait que la moitié de ces émigrés légaux considérée comme constitué de «cerveaux». «250.000 cerveaux se sont vu accorder des nationalités étrangères», précise Said Benrokia.

La destination «number one» est bien évidemment la France qui s’offre la part du lion en ayant réussi à attirer plus de 90% de ces émigrés. «Le reste est partagé entre le Canada, les États-Unis d’Amérique, l’Espagne, l’Italie», précise-t-il. Ces statistiques qui font froid dans le dos et qui ne se limitent qu’à la période de 1995 à 2012 ne prennent en compte que les Algériens qui ont obtenu des nationalités étrangères. Si l’on prend en compte les «harraga», les étudiants et surtout ceux qui n’ont pour le moment que des cartes de séjour, ces chiffres sont appelés à tripler, si ce n’est pas plus. Ainsi, rien que pour les étudiants il y a 150.000 Algériens inscrits dans les universités étrangères. Ils suivent leurs études en France, en Russie, aux USA et dans certains pays arabes comme le Liban et les Émirats arabes unis. C’est donc véritablement la grande saignée! Surtout en ce qui concerne les cerveaux qui sont ciblés par les pays ayant comme stratégie l’émigration choisie. À titre d’exemple, on trouve quelque 40.000 Algériens qui exercent dans des hôpitaux en France dont 10.000 médecins spécialistes.

Les Algériens, notamment l’élite, a la cote à l’étranger. Les exemples de réussite tels que les Ilyas Zerhouni, Belgacem Haba, Noureddine Melikechi, Kamel-Youcef Toumi, Abdenour Abbas… ont fait des émules. Les pays étrangers ont bien compris qu’il y a des milliers d’autres petits génies dans ce pays composé à plus de 60% de jeunes, mais dont le talent n’arrive pas à exploser pour des tas de raisons. À commencer d’abord par les conditions de travail peu adéquates, la marginalisation pour aboutir au conflit de générations qui sévit dans tous les domaines et tous les secteurs. N’est-ce pas que la fuite des cerveaux est un faux débat? Il faut d’abord penser aux raisons de ce mal. Car quand on voit les conditions matérielles des universités algériennes, qui malgré cela «accouchent» de sommités mondiales qui font le bonheur de l’étranger, ce débat n’a pas sa raison d’être vu la marginalisation que subissent les cerveaux qui sont restés au pays et les conditions dans lesquelles ils évoluent. Ce débat a-t-il droit de cité dans un pays où les jeunes diplômés, censés être la future élite, languissent dans les cafés faute d’emplois? Ce n’est pas la dernière sortie du ministre en charge de l’Enseignement supérieur et la Recherche scientifique, Tahar Hadjar, qui va arranger les choses. Le ministre estime que l’Algérie n’avait pas besoin de prix Nobel tout en minimisant l’apport des bacheliers surdoués. Avec une telle déclaration y a-t-il quelque chose d’autre à ajouter? Hadjar a donc annoncé la couleur et tous ceux qui hésitaient encore à franchir le pas sont désormais fixés. Il faut partir si on veut réussir puisque l’Algérie n’a pas besoin de son élite. En fait, la déclaration du ministre ne fait que résumer une réalité amère: on offre à l’étranger nos cerveaux pendant que l’on n’arrive même pas à fabriquer une boîte d’allumettes. Un véritable drame qui explique en grande partie pourquoi l’Algérie n’arrive pas à sortir de sa dépendance des hydrocarbures.

Le développement économique et social du pays pâtit de la saignée des cerveaux. Tant que le mal ne sera pas traité à la moelle, l’hémorragie «cérébrale» continuera…