2,5 millions de touristes : est-ce réaliste ?

2,5 millions de touristes : est-ce réaliste ?

S’il suffisait de quelques ambitions et de beaux paysages pour arriver à faire de l’Algérie ce pays touristique à la hauteur de son potentiel, nous serions comblés.

Or, force est de constater que nous en sommes encore loin. Pourtant, c’est l’ambition que semble afficher le ministère de tutelle. Ainsi, dans deux ans, le gouvernement espère faire de l’Algérie un pays touristique. C’est du moins l’objectif que s’est tracé le ministère du Tourisme et de l’Artisanat à l’horizon 2015. «L’objectif est d’attirer près de 2,5 millions de touristes, afin que le secteur participe, à l’horizon 2015, à hauteur de 5 % du PNB», avait déclaré le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Mohamed Benmeradi, lors de son discours d’ouverture des 2es assises nationales du tourisme.

L’outil : le Schéma directeur d’aménagement touristique (SDAT). Un outil qui affiche sa principale force à travers les milliards qu’il compte mettre sur la table. «Pour atteindre cet objectif, nous allons créer 75 000 lits de haute qualité, d’ici à 2015», affirme le ministre. Pourtant, à y regarder de plus près, nous sommes encore loin du compte.

En effet, il ressort des divers rapports relatifs au sujet, que 85% des projets en cours de réalisation ont été faits hors des zones d’expansion touristique (ZET). Pis, 98 % du foncier touristique de ces ZET ne sont encore pas utilisés. Un autre obstacle, et pas des moindres, se dresse sur la route de cette ambition : la formation. Par ailleurs, il y a lieu de relever le rôle de développer l’activité touristique, loin d’être assumé, par les premiers acteurs du secteur, à savoir les agences de voyages. En effet, ces dernières ne sont, ni plus ni moins, que la base de la promotion touristique nationale. Il n’échappe à personne qu’elles se plaisent plus à exporter les touristes vers l’étranger qu’à les faire venir en Algérie. Spécialisées, pour la plupart, dans le «Hadj et la Omra», ces agences de voyages sont loin d’avoir une vision large, ni même responsable, et leurs motivations demeurent la rentabilité rapide. Il est vrai qu’il est plus facile de réserver des billets d’avion et de s’occuper de l’accompagnement des futurs hadji, quand elles le font, que d’assumer leur rôle dans le développement de l’activité du tourisme réceptif et domestique.

D’autant que ce diagnostic, largement évoqué par le ministre du Tourisme lors de ces assises, ajouté aux lourdeurs de financement et aux problèmes bureaucratiques auxquels font face les investisseurs dans le secteur, ne font qu’ajouter du lest à un fardeau déjà bien lourd. Et l’échéance de deux ans pour faire face à ce titanesque «chantier» laisse perplexe. Devant toutes ces entraves, le secteur a fort à faire et le chemin semble encore long avant de voir la destination Algérie faire rêver.

L.S