La dette contractĂ©e auprès de l’AlgĂ©rie par la France se chiffre Ă 24 millions de pièces d’or de l’Ă©poque, a rĂ©vĂ©lĂ© samedi Ă MĂ©dĂ©a Dr Mohamed Amine Belghit, chef de dĂ©partement des sciences et de la civilisation islamique Ă l’universitĂ© d’Alger.
Intervenant lors d’une confĂ©rence sur le thème « les crimes coloniaux en AlgĂ©rie » qu’il a animĂ©e Ă l’occasion de la journĂ©e du chahid, l’historien a indiquĂ© que cette dette n’a pas Ă©tĂ© restituĂ©e Ă ce jour, affirmant que celle-ci reprĂ©sente une « partie infime des avoirs, sous forme d’argent ou de biens prĂ©cieux, dĂ©tournĂ©s par l’armĂ©e d’occupation, au cours des premiers mois de l’invasion ».
Il a estimĂ© que le montant de ce prĂ©judice financier est « plus important », eu Ă©gard, selon lui, au volume rĂ©el des biens et objets prĂ©cieux transfĂ©rĂ©s illĂ©galement vers le continent europĂ©en, au lendemain de l’occupation.
L’universitaire a, Ă ce propos, citĂ© le transfert « Ă bord de cinq navires français, de quantitĂ©s importantes de pièces d’or, de bijoux, d’objets prĂ©cieux et quelque trente mille fusils d’une valeur inestimable, sur ordre des officiels français de l’époque, dont une partie a Ă©tĂ© reversĂ©e au Royaume Uni pour son soutien Ă cette campagne coloniale ».
Il a indiquĂ© qu’une première tentative a Ă©tĂ© menĂ©e, en 1955, Ă l’occasion du sommet des pays non alignĂ©s, Ă Bandung (IndonĂ©sie), en vue de la restitution de ces biens, mais la requĂŞte est restĂ©e « lettre morte en raison du contexte gĂ©opolitique de l’époque ».
Des exemples de crimes abjectes commis par l’armée coloniale au lendemain de l’invasion de l’Algérie ont été évoqués par le professeur Belghit, lors de cette rencontre, citant l’enfumade, en 1834, de près de 900 habitants du village d’El-Frachiche, dans la localité de Ténes, qui s’étaient réfugiés dans une grotte pour fuir la barbarie coloniale.
D’autres atrocités, perpétrées par des officiers de l’armée coloniale, parmi lesquels les colonels Cavignac, Saint-Arnaud, de Rovigo ont été également rapportées par cet historien, telle que la tuerie de l’oasis des Zibanes, en 1849, ou des centaines d’habitants furent exécutés de sang froid, ou encore,
le massacre, quelques annĂ©es auparavant, de 500 villageois de la rĂ©gion de Lakhdaria, par le colonel Saint-Arnaud, dans le cadre de la politique de la « terre brĂ»lĂ©e » orchestrĂ©e par les autoritĂ©s militaires coloniales en vue de mâter toute rĂ©sistance populaire.