A peine mise sur pied, l’Académie algérienne de la langue amazighe enregistre sa première défection. En effet, le Pr Abderrezak Dourari a jeté l’éponge le lendemain de sa nomination. Contacté, hier, M. Dourari a estimé qu’il est “impossible” pour lui de travailler contre ses “convictions”. “Je ne peux pas fonctionner dans une Académie diminuée statutairement”, a-t-il argué, estimant que “chacun peut consulter la loi organique” portant création de cette institution publiée au Journal officiel pour comprendre. Il a ajouté qu’il veut également quitter cette institution, car sa présence “peut gêner le président”.
Plus explicite, il a souligné que le président, Mohamed Djellaoui, “était étudiant lorsque j’étais professeur à l’université”. De ce fait, estime-t-il encore, “il y a un rapport de respect mutuel qui ne peut pas être rompu en étant sous son autorité, et c’est l’éthique de base”. “Le fonctionnement d’une académie exige que le président ait une autorité sur tout le monde”, donc “je ne peux pas être membre et lui ne pourra pas étendre son autorité sur moi”, a-t-il souligné, ajoutant qu’il a demandé en juin dernier aux autorités du pays de remédier à cette situation, car il part du souci de facilitation du fonctionnement de cette Académie.
“Je ne peux pas être dedans parce que j’ai une conception connue de tous à ce niveau et que je refuse de fonctionner contre mes convictions et en plus avec des gens qui étaient mes élèves”, a souligné M. Dourari, considérant que “tout cela est lourd, donc, je préfère me retirer pour permettre un fonctionnement cohérent entre ces jeunes”. Interrogé sur les membres de cette institution que d’aucuns estiment qu’ils sont, dans leur majorité, inconnus dans le domaine de l’amazighité, notre interlocuteur a indiqué qu’il n’était pas d’accord sur le mode de nomination, et il n’était pas le seul, a-t-il dit, à s’opposer aux critères de nomination.
“Le principe établi était d’avoir le rang magistral, et pour la dominante de rang professoral et pour les variantes en manque de professeurs, on a plaidé pour l’intégration des maîtres de conférences”, a-t-il révélé, précisant que l’objectif était “de choisir les meilleurs pour un travail d’académie”. Sauf que, regrette-t-il, “dans l’un des articles consacrés à la composante, ils ont mis qu’on peut être membre sur la base d’un diplôme universitaire, c’est-à-dire sur la base d’une licence”.
Concernant la composante elle-même, il a avoué qu’il connaît à peine 6 membres. “Ce n’est pas normal que sur 40 personnes, seulement 6 ou 7 personnes sont connues”, a-t-il dénoncé, estimant que les membres inconnus “sont soit pas liés au champ de tamazight, soit ils sont d’un niveau tel qu’ils ne doivent pas figurer dans une académie selon le principe consacré mondialement pour de telles institutions”. “Travailler pour une académie exige un niveau de docteur ou plus”, a-t-il estimé, ajoutant qu’il a pris attache avec des enseignants, des militants et des citoyens pour avoir des informations sur certains membres. En vain.
Au passage, il dénonce “la non-nomination d’autres personnes connues pour leur niveau”.
Mohamed Mouloudj