Le 23e festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou, qui doit se dérouler du 23 février au 2 mars dans la capitale burkinabé, promet, de par un programme de débats dense et mieux orienté, un retour aux valeurs pionnières de la manifestation, avec en sus un hommage appuyé aux femmes africaines, si opportun dans une région marquée par la montée des extrêmes.
Le thème choisi cette année (« cinéma africain et politiques publiques en Afrique ») donne le ton d’une édition où les débats devraient être centrés sur la problématique du rôle des Etats dans le développement d’une industrie cinématographique indépendante en Afrique face aux exigences d’un monde globalisé.
Elles seront, au total, 101 oeuvres cinématographiques de 35 pays africains à concourir dans les sept catégories de la compétition officielle, à raison de 20 longs métrages de fiction, 20 courts métrages, 17 documentaires, 17 oeuvres en vidéo-numérique, 08 séries télévisuelles, 6 films de la diaspora et 13 films des écoles africaines de cinéma.
Près de 600 autres oeuvres seront par ailleurs projetées en hors-compétition, notamment dans les catégories « Hommages » et « Rétrospective ».
L’Algérie pour sa part sera représentée, en compétition officielle, par cinq oeuvres, à savoir « El Taib » (Le repenti) de Merzak Allouache, « Yema » de Djamila Sahraoui et « Zabana ! » de Said Ould Khelifa dans la catégorie long métrage de fiction, « Down to earth » (Les pieds sur terre) de Mohamed El Amine Hattou, unique court métrage algérien sélectionné, et le documentaire « Bouts de vies, bouts de rêves » de Hamid Benamra.
Lors de la précédente édition du Fespaco en 2011, le réalisateur algérien Abdennour Zahzah avait reçu le Poulain d’or pour son court métrage « Garagouz », alors que la comédie musicale »Essaha », de Dahmane Ouzid, avait reçu la prix de la meilleure affiche.
« Voyage à Alger » de Abdelkrim Bahloul avait, de son côté, décroché le prix du meilleur scénario ainsi que celui de la meilleure interprétation féminine revenu à Samia Meziane.
La ré-appropriation de la culture africaine par un cinéma africain
Quarante trois ans après la fondation du Fespaco, ce prestigieux rendez-vous biennal du 7è art décide enfin d’ouvrir le débat sur le rôle des Etats dans le développement d’une industrie cinématographique africaine indépendante, malgré les contraintes et les nécessités de la globalisation des échanges mondiaux.
Cette orientation donnée au festival s’inscrit en droite ligne de la pensée de ses fondateurs, en 1969, et dans le sens du mouvement panafricain pour la ré-apropritation de la culture africaine à travers la promotion et le développement —par les Africains eux-mêmes— des potentialités cinématographiques de leurs pays respectifs.
Une première dans l’histoire du Fespaco, les 27 prix de la sélection officielle seront par ailleurs décernés par des jury présidés par des femmes dont la réalisatrice martiniquaise Euzhan Palcy, première cinéaste noire entrée à Hollywood, qui présidera le jury de la sélection long métrage de fiction.
Ce choix constitue un « message souverain adressé à la communauté internationale » par les organisateurs, dans un contexte régional marqué par de fortes tensions, notamment au Nord-Mali où des groupes extrémistes tentent d’imposer une vision rétrograde aux sociétés africaines, en prenant pour cible les droits des femmes et la culture, attributs fondamentaux de la vie démocratique.
Avec l’ambition de faire connaître le cinéma africain aux Africains, le Fespaco a été fondé en 1969 à l’initiative d’un groupe de cinéphiles burkinabés, puis institutionnalisé à Tunis en 1972 dans la perspective de promouvoir, en alternance avec les Journées cinématographiques de Carthage (Jcc), le cinéma africain et arabe au Maghreb et en Afrique subsaharienne.
Après 42 ans d’existence et la tenue de 22 éditions, ce festival a vite fait de dépasser les limites du continent pour acquérir une renommée internationale en passant de 5 pays représentés au départ, à 35 aujourd’hui.
A travers l’institution du marché international du cinéma et de la télévision africains (Mica), le Fespaco se positionne, en outre, comme le plus grand festival de cinéma du continent africain et constitue un rendez-vous incontournable pour les professionnels.
Trois longs métrages algériens en lice pour le Yennenga d’Or (ENCADRE)
ALGER – Trois longs métrages algériens seront en lice pour l’ « Etalon d’or de Yennenga », la plus haute distinction du Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (Fespaco) prévu du 23 février au 2 mars dans la capitale burkinabé.
Le Yennenga d’Or, la plus prisées de toutes les distinctions du Fespaco sanctionnant le meilleur long métrage, sera disputé par 20 films en provenance de 14 pays, dont « Yema » de Djamila Sahraoui et « El Taib » (Le repenti) de Merzak Allouache et « Zabana ! », la fiction historique de Said Ould Khelifa initialement inscrite dans la section fiction vidéo numérique.
« La baie d’Alger » de Merzak Allouache, « Ibn Khaldoun » de Chergui Kharoubi et « Destin d’un Berger », un docu-fiction de Abderrahmane Benaarous seront projetés hors compétition.
Pour le « Poulain d’or », récompensant le meilleur court métrage de fiction, Mohamed El Amine Hattou sera le seul réalisateur algérien en lice, avec « Down to earth » (Les pieds sur terre), dans une catégorie qui compte 20 oeuvres représentant 17 pays.
Plusieurs autres courts métrages algériens devraient aussi être présentés dont « El Djazira » (L’île) de Amine Sidi Boumediene, Meilleur film du monde Arabe au festival du film d’Abu Dhabi, « Mollement un samedi matin » de Sofia Djama et « Edwige » de Mounia Meddour.
En compétition officielle du meilleur documentaire, « Bouts de vies, bouts de rêves » de Hamid Benamra, seul représentant algérien dans cette catégorie, sera en course avec « Préhistoire de la Tunisie » du tunisien Hamdi Ben Ahmed.
Les films documentaires algériens « La langue de Zahra » de Fatima Sissani et « Afric hotel » de Nabil Djedouani et Hassan Ferhani seront projetés hors compétition.
A l’exception de « Zabana ! » et « Down to earth » (Les pieds sur terre) de l’Algérien Mohamed El Amine Hattou, la présélection du Fespaco a reconduit en compétition les mêmes oeuvres algériennes et maghrébines présentées en compétition des Journées cinématographiques de Carthage (Jcc) de 2012.