Moussa Touati (président du FNA) : «Soumettre la révision de la Constitution à un référendum populaire»
Représentants des associations et fédérations des Algériens établis à l’étranger «Plaidoyer pour une meilleure représentativité de nos émigrés au sein du Parlement»
L’Instance chargée des consultations sur les réformes politiques, présidée par M. Abdelkader Bensalah, assisté par MM. Mohamed Touati et Mohamed Ali Boughazi, a repris ses travaux hier, en recevant une délégation du FNA, conduite par son président, M. Moussa Touati.
Dans sa déclaration de presse, M. Moussa Touati, a réitéré sa demande consistant à permettre aux médias de suivre le déroulement des débats et les répercuter auprès de l’opinion publique. Le FNA a consigné ses propositions au niveau du cadre des réformes, leur agenda et leur contenu.
S’agissant du cadre des réformes, le FNA estime qu’il doit être ouvert au peuple par l’intermédiaire des médias.
L’agenda des réformes porte sur la nécessité de terminer le projet de révision de la Constitution avant la rentrée sociale prochaine (2011) et la soumettre à un référendum populaire. L’organisation d’élections législatives se fera après le référendum. M. Moussa Touati propose au Président de la République de promulguer un décret législatif instituant une commission juridique indépendante pour les élections législatives en tant que mesure transitoire.
Le FNA est favorable à un régime parlementaire né de la volonté populaire. Le parti prône la création d’un haut conseil à l’audiovisuel, la levée du monopole de l’Etat sur la publicité. Il défend l’idée d’un rabaissement de l’éligibilité à l’âge de 21 ans au niveau des assemblées locales et à 25 ans pour l’éligibilité à l’APN.
Concernant les partis politiques, le président du FNA juge que la politique des quotas octroyés aux femmes va créer des représentativités artificielles. Etant entendu que le principe de l’égalité entre la femme et l’homme est garanti par la Constitution.
L’Instance chargée des consultations sur les réformes politiques a aussi reçu durant la matinée d’hier, des représentants de notre émigration établie à l’étranger. Les délégués des associations et fédérations des émigrés algériens à l’étranger ont fait part de leurs préoccupations dans les domaines politiques, sociaux, culturels, éducatifs, économiques.
Un souci qui s’est nettement manifesté consiste à veiller à redynamiser nos instances diplomatiques et consulaires pour une meilleure prise en charge des problèmes de notre émigration, notamment au niveau de sa représentativité dans le Parlement algérien.
L’intervention devant la presse de M. Benmeddah Noureddine, président des Fédérations européennes des Associations d’émigrés, a versé dans ce sillage, en soumettant une série de propositions portant notamment sur la création d’un conseil consultatif de l’émigration, une révision de la carte électorale, une meilleure représentativité au Parlement, une meilleure prestation de services de la part de nos représentations diplomatiques au bénéfice de notre émigration, la création de canaux de communication efficaces par la mise en place d’organes d’information, la prise en charge des enfants d’émigrés, l’ assouplissement des procédures administratives.
Pour sa part, M. Abdelouahab Yacoubi, président du Rassemblement des Algériens en Europe, a insisté sur la question de la représentativité de nos émigrés au sein du Parlement, estimant qu’elle est toujours faible. Il plaide pour la désignation des représentants issus de la base, un meilleur encadrement de nos émigrés.
Pour sa part Mme Bendriss Djamila, présidente de l’association Enfants de la Méditerranée, M. Alioua Nasreddine, président des associations de la Mosquée de Paris et Mme Houria Sahili, présidente de Casa argelia se félicitent de la tenue des consultations sur les réformes.
Mohamed Bouraïb
Mohamed Ali Boughazi dans un point de presse : «L’Instance s’abstient de répondre aux critiques qui lui sont portées»
Dans le cadre de son point de presse hebdomadaire, tenu hier, dans la matinée, M. Mohamed Ali Boughazi, porte-parole de l’Instance chargée des consultations sur les réformes politiques, a d’abord souligné, que ses rendez-vous avec la presse n’ont pas pour objectif de fournir un bilan sur les consultations en cours, mais de donner des éléments d’information sur leur déroulement et sur le recueil des avis et des propositions formulés par les partis politiques, les personnalités et les représentants du mouvement associatif et de la société civile ayant pris part aux consultations.
Il a indiqué que l’Instance réitère son respect des opinions émises par toutes les parties ayant contribué à ce cycle de rencontres qui demeurent un pôle d’opinions, d’avis et de propositions. Elle s’abstient de répondre aux critiques qui lui sont portées. Et de faire des commentaires sur sa mission.
Evoquant très sommairement les dernières assises du CNES, et les ateliers du gouvernement sur les réformes initiées par le Chef de l’Etat, M. Boughazi affirme qu’il n’y a pas eu d’empiètements des prérogatives ni d’un quelconque chevauchement entre l’action des uns et des autres, mais il faut plutôt parler de complémentarité.
L’Instance chargée des consultations exprime son respect à l’égard de ceux qui n’ont pas participé au processus des consultations, renouvelant le souci de l’Instance à s’efforcer de faire participer un maximum de partis politiques, de personnalités et de représentants du mouvement associatif et de la société civile .
La série des consultations n’est pas encore terminée, a-t-il déclaré devant les médias, le cycle se poursuit toujours, affirmant au passage que l’Instance a recueilli des contributions écrites de personnalités nationales telle celle émanant de M. Ali Haroun pour ne citer que cet exemple.
S’agissant de la réponse à une question concernant le parti dissous, en l’occurrence le FIS, M. Boughazi a précisé que l’Instance a manifesté clairement et dès le début des consultations, sa position à propos du terrorisme et de ses instigateurs et qu’il n’y a pas lieu d’y revenir une seconde fois.
M. Bouraïb
Ils seront reçus aujourd’hui
Le PRP, le SNAPAP et les fédérations du mouvement sportif
L’Instance chargée des consultations sur les réformes politiques avec les partis politiques et les personnalités nationales recevra aujourd’hui dans la matinée, le président du PRP, Driss Khadir, et une délégation de représentants du Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (SNAPAP). Dans l’après-midi, ce sont les délégués des fédérations du mouvement sportif qui seront reçus par l’Instance de consultations nationales.
Les syndicats des journalistes demandent la réhabilitation du Conseil supérieur de l’information
La situation du journaliste et l’exercice de sa profession ont constitué les principaux sujets évoqués par les représentants de deux organisations syndicales reçues hier, par les membres de l’Instance de consultations présidée par M. Bensalah. En effet, après près d’une heure de rencontre au siège de la Présidence, Mme Fouzia Ababsa, représentante de la Fédération des journalistes algériens, (affiliée à l’UGTA ) a été la première à prendre la parole au cours du point de presse qui a suivi l’entrevue, précisant d’emblée que le débat « a été très riche et très ouvert ».
Etayant ses dires, Mme Ababsa, qui est également responsable au sein du quotidien la Tribune, a expliqué que les propositions, que la fédération a émises, ont été axées, entre autres, sur la nécessité de revoir certaines dispositions et aspects pénaux contenus dans divers codes, « parce que l’on se rend compte que la volonté politique est là, mais elle ne s’est pas traduite dans les textes du code pénal », a-t-elle souligné avant d’indiquer qu’il est souhaitable également de « réduire le montant des amendes infligées », partant du principe qu’elles sont adressées au journaliste et non pas aux éditeurs, «on oblige le journaliste à payer. L’éditeur, lui, le licencie tout de suite après».
La représentante de la fédération a indiqué par ailleurs, avoir proposé dans un mémorandum, que les pouvoirs publics doivent, entre autres, activer le Conseil supérieur de l’information, permettre la délivrance de vraies cartes professionnelles, « et en la matière notre pays est très en retard », et ouvrir le champ médiatique, « tout en instaurant des garde-fous stricts ». Dans ce contexte, elle fera référence au fait qu’il faut réviser les procédures d’octroi d’agrément, comme c’est le cas pour la plupart des professions : « Parce qu’il n’est pas normal, qu’un maquignon qui vient avec des sacs pleins d’argent, par exemple, crée un journal », dira-t-elle, ajoutant : « Il y a des titres qui exploitent les journalistes, les rendant corvéables à merci, avec un salaire de misère ». De son côté, le représentant du syndicat national des journalistes, Kamel Amarni, a été bref et concis, précisant que l’urgence ne réside pas dans la promulgation des lois : « Nous considérons que la loi 90/07 du 3 avril 1990, est l’acte fondateur de la liberté de la presse en Algérie, qu’elle est garante des normes universellement admises pour une presse libre, organisée et dotée d’instances de régulations et d’encadrements juridique et législatif dignes des plus grandes démocraties, ce qui nous manque donc, c’est son application », dira-t-il affirmant que le SNJ exhorte les pouvoirs publics, pour « qu’ils la respectent et la fassent respecter, puisque ce sont les violations de cette loi qui sont à l’origine de la situation d’anarchie, de décadence et de précarité de la presse algérienne».
Pour le SNJ, il est nécessaire de réhabiliter le Conseil supérieur de l’information, « seule instance habilitée à délivrer la carte de presse », l’installation d’un Conseil de déontologie, l’application du statut du journaliste de mai 2008, le déblocage de la loi sur la publicité et l’ouverture « réelle, sans artifices, du champ audiovisuel et l’installation du Conseil supérieur de l’audiovisuel ». Enfin, M. Amarni, dira avoir demandé à ce que la dépénalisation des délits de presse, soit « effective, inconditionnelle et définitive ».
Amel Zemouri