Le prochain Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) aura lieu du 23 février au 2 mars 2013 sous le thème «Cinéma africain et politiques publiques en Afrique».
C’est à la Cinémathèque française de Paris que les organisateurs ont choisi d’annoncer officiellement la sélection finale du 23e Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou, suscitant la colère des journalistes burkinabés restés au pays. Motif de leur mécontentement: «Comment, nous qui vivons dans le pays du Fespaco, on n’a pas la primeur des informations?».
Il est vrai qu’en Afrique, en général, nul n’est prophète en son pays et il faut souvent partir ailleurs pour se faire une légitimité ici. Aussi, à moins de deux mois avant l’ouverture du Fespaco, un incendie déclenché cette semaine à quelques encablures du siège du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadou (Fespaco), aurait ravagé la salle de cinéma logée dans un bâtiment opposé au siège du Fespaco. Un autre quiproquo auquel les Burkinabés doivent faire face.
Cette année, le Gabon est le pays d’honneur de cette 23e édition en raison, entre autres, du décès, l’an dernier, de Charles Mensah, président de la Fédération panafricaine des cinéastes (Fepaci). 618 oeuvres ont été enregistrées cette année dont 101 films en provenance de 35 pays ont été sélectionnés, parmi lesquels, des documentaires, des longs et courts métrages et des courts métrages qui concourent notamment pour le prix de l’Étalon d’or de Yennenga, le grand prix du Fespaco, en référence au mythe fondateur de l’empire Mossi. Un beau trophée assorti d’une bourse de 10 millions de francs CFA. L’Algérie prend part en force cette année à ce festival pas toujours au goût de certains cinéastes africains dont le Tchadien Haroum Mamet Saleh, étalon d’argent en 2011 avec son film Un homme qui crie, cédant le pas à Mohamed Mouftakir et son film marocain Pégase, Etalon d’or. D’aucuns se souviennent en effet de la polémique née du réalisateur tchadien qui a refusé d’aller chercher son prix. Le cinéaste s’était montré très critique à l’égard des organisateurs du Fespaco, à qui il a reproché, notamment un manque de rigueur dans la sélection et des errances logistiques, comme l’oubli de certains membres du jury. Il a d’ailleurs fini par promettre de ne plus y remettre les pieds. C’est dans cette ambiance assez délétère et particulière que l’Algérie retourne cette année au «pays des hommes intègres.» L’Algérie qui a fait ses preuves lors des dernières éditions en raflant à l’unanimité, tour à tour, le Poulain d’or en 2009 du meilleur court métrage avec Sektou de Khaled Benaïssa, et également en 2011 le Poulain d’or pour Garagouz de Abdennour Zahzah, aura du pain sur la planche cette année. Il y aura une belle brochette de films bien qu’il est dit que la sélection burkinabée est en chute libre cette année avec seulement 13 oeuvres retenues en compétition dont un seul long-métrage, Moi Zaphira d’Apolline Traoré. La 23e sélection long métrage du Fespaco comportera au côtés, entre autres, de La pirogue de Moussa Touré (Sénégal, Festival de Cannes 2012), Les chevaux de Dieu de Nabil Ayouch (Maroc, Festival de Cannes 2012) et Aujourd’hui d’Alain Gomis (Sénégal, Berlinale 2012), trois longs métrages algériens et non des moindres! Il s’agira de Le Repenti de Merzak Allouache (Algérie, Festival de Cannes 2012), Yema de Djamila Sahraoui qui n’a de cesse de voyager et glaner des prix dans le monde entier, tout comme Le Repenti et enfin un dernier qui est venu se greffer in extremis au programme; Zabana: de Saïd Oud Khelifa. Un film qui est déjà pressenti pour le prestigieux prix l’Étalon d’or de Yennenga. Côté court, c’est Amin Hattou avec (les) Pieds sur terre, issu de l’atelier Trans-Maghreb (une plate-forme de formation, de réalisation et de production audiovisuelles) qui représentera haut la main l’Algérie. Notons que l’Algérie devrait être également en force au Burkina cette année et ce, avec une forte délégation eu égard à la célébration du cinquantième anniversaire de son Indépendance qui ne saura passer inaperçu là-bas. C’est du moins ce que nous avait affirmé, il y a quelques semaines, le directeur du Cnca, M.Abdelkrim Aït Oumeziane, plus précisément au Fofa 2012. Rappelons enfin que Fespaco, lancé en 1969 à Ouagadougou sous le nom de «Semaine du cinéma», est, une des plus grandes rencontres cinématographiques d’Afrique visant, notamment à favoriser la diffusion de toutes les oeuvres du cinéma africain. Devenu biennale en 1979, la manifestation débute le dernier samedi du mois de février de chaque année impaire, pour une durée d`une semaine.