23 morts dans des attaques à Agadez et Arlit ,Belmokhtar réapparaît au Niger

23 morts dans des attaques à Agadez et Arlit ,Belmokhtar réapparaît au Niger
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Donné pour mort dans le Nord-Mali en avril par le président tchadien, Mokhtar Belmokhtar réapparaît dans le Nord-Niger, à travers ces deux attentats revendiqués par le Mujao, qui le désigne comme le superviseur des opérations.

Deux attentats-suicide quasi simultanés contre l’armée nigérienne et le groupe nucléaire français Areva ont fait jeudi 23 morts, essentiellement des militaires, dans le nord du Niger. Le premier attentat à la voiture piégée a visé un camp militaire d’Agadez, vers 5 heures locales. Le ministre nigérien de la Défense, Mahamadou Karidjo, a fait état de “20 morts côté ami”, sans plus de précision. Plus tôt, le ministre de l’Intérieur, Abdou Labo, a parlé de “18 militaires et un civil” tués. Une quinzaine de militaires ont été blessés, dont six graves et au moins trois assaillants tués, d’après Niamey. Selon Abdou Labo, “un kamikaze” s’est ensuite enfermé dans un bâtiment du camp avec “quatre à cinq” élèves officiers en formation à Agadez. Mais, dans la soirée, son collègue de la Défense a assuré que l’assaillant, qui “voulait fuir”, a été “maîtrisé”. “Tout le monde a été maîtrisé, l’opération est terminée”, a-t-il insisté, démentant qu’il y ait eu à proprement parler “une prise d’otages”. Environ une demi-heure après le premier attentat, un autre véhicule a explosé sur un site du groupe nucléaire français Areva à Arlit, à 240 km au nord d’Agadez, a indiqué un employé de la Somaïr, une filiale d’Areva exploitant l’uranium dans la zone.

“Un homme en treillis militaire conduisant un véhicule 4×4 bourré d’explosifs s’est confondu avec les travailleurs de la Somaïr et a pu faire exploser sa charge devant la centrale électrique de l’usine de traitement d’uranium située à 7 km d’Arlit”, a-t-il affirmé. Deux kamikazes sont morts, selon les autorités, qui déplorent “49” blessés parmi les forces de sécurité. Il s’agit des premiers attentats du genre dans l’histoire de ce pays sahélien très pauvre engagé depuis début 2013 au Mali voisin, aux côtés de troupes françaises et africaines, contre des mouvements djihadistes. Les autorités nigériennes regardent vers la Libye voisine. “Les kamikazes viennent effectivement de Libye. La Libye est en train de devenir un sanctuaire des terroristes”, a assuré un haut responsable civil de la région d’Agadez. “Des dégâts ont occasionné l’arrêt de l’usine” de traitement d’uranium, selon une source au sein d’Areva à Niamey. Le groupe nucléaire a qualifié d’“odieuse” cette “attaque terroriste” et annoncé un renforcement de la sécurité sur ses différents sites, assuré par les forces nigériennes. Après cette double attaque, le gouvernement a décrété un deuil national de trois jours à compter de jeudi.

La France et le Niger directement menacés

Mokhtar Belmokhtar, qui est à l’origine de la prise d’otages d’In Amenas en janvier et qu’on avait brièvement cru tué au Mali, a supervisé les attaques menées jeudi, selon son mouvement. Le porte-parole El-Hassen Ould Khlil, alias “Jouleibib”, du groupe Les signataires par le sang, cité par l’agence mauritanienne en ligne Alakhbar, affirme que “c’est Belmokhtar qui a supervisé lui-même les plans d’opération des attaques” qui ont “visé les forces d’élite françaises assurant la sécurité des installations de la firme nucléaire (Areva) et une base militaire nigérienne”. Jouleibib a également indiqué que l’opération avait été nommée du nom d’Abou Zeïd, le dirigeant d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) tué fin février dans les Ifoghas (Mali) par l’armée française.

Le groupe du djihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar a menacé de lancer de nouvelles attaques au Niger après les attentats-suicide de jeudi, dans un communiqué parvenu à l’AFP hier. Mokhtar Belmokhtar, également ancien dirigeant d’Aqmi, avait lui quitté le groupe fin 2012 pour créer son propre mouvement, dont la première action d’envergure avait été une prise d’otages massive et sanguinaire en janvier sur un site gazier à In Amenas, dans le sud de l’Algérie. Le groupe, Les signataires par le sang, écrit dans son communiqué que les deux attentats de jeudi étaient sa “première réponse à une déclaration du président du Niger (Mahamadou Issoufou), inspirée de ses maîtres à Paris, affirmant que les djihadistes ont été écrasés militairement” dans la région. Il menace de “déplacer la guerre (au Niger) si ce pays ne retire pas ses troupes de mercenaires engagées” au Mali.

“Que la France sache qu’elle n’a réalisé qu’une victoire médiatique dans sa croisade”, ajoute le groupe, affirmant que son retrait des villes maliennes n’était qu’un “choix imposé par la loi de la guerre et la volonté de préserver le sang des musulmans”. “Leur faire goûter la saveur de la mort.” “La France tente actuellement de fuir (le Mali) et d’y engager des mercenaires à sa place”, affirme encore le groupe en référence au remplacement progressif des troupes françaises par des unités africaines. “Nous prévenons tous les pays qui ont l’intention de participer à cette croisade, même au nom du maintien de la paix, que nous allons leur faire goûter la saveur de la mort”, poursuit le communiqué. C’est le président tchadien Idriss Déby Itno, dont l’armée intervient au Mali avec l’armée française, qui avait affirmé en avril qu’il s’était “fait exploser” peu après la mort d’Abou Zeïd. La France avait confirmé le 23 mars la mort d’Abou Zeïd, mais pas celle de Mokhtar Belmokhtar.

M