Une augmentation considérable en matière d’arrestations
«Dans tous types d’infractions confondues quotidiennement comme les vols et les meurtres, les mineurs sont impliqués.»
La délinquance juvénile en Algérie, constitue une des formes de déviance les plus visibles et les plus dangereuses sur le développement des jeunes. Ce type de déviance est sensible dans la mesure où il touche une frange importante de la société, soit les mineurs qui représentent 48% de la population. C’est une criminalité persistante puisque les statistiques de la Gendarmerie nationale des neuf derniers mois de l’année en cours indiquent l’implication de 2160 mineurs dans des affaires criminelles. «Quelque 2160 mineurs ont été impliqués dans différentes affaires criminelles les neuf derniers mois, dont 2067 garçons et 92 filles ont été interpellés à travers le territoire national», indique un bilan du commandement de la Gendarmerie nationale. L’examen des statistiques présentées permet de relever une augmentation considérable en matière d’arrestations, par rapport à l’année précédente. La même source affirme que la majorité des affaires traitées, a été constituée d’atteintes contre les personnes et les affaires liées au crime organisé comme les vols. «Les mineurs auteurs sont souvent accusés d’association de malfaiteurs, détention et commercialisation de stupéfiants, coups et blessures volontaires réciproques, vol, contrebande et quelques cas de meurtre…»
Dans ce sens, la même source a insisté sur cette implication en précisant que «la dernière affaire de meurtre a été enregistrée la semaine dernière: un mineur de 15 ans a tué son ami de 16 ans avec une arme blanche à Saïda», souligne le même bilan en indiquant qu’une dizaine d’affaires de meurtre ont été signalées les neuf derniers mois de l’année, dont les auteurs de ces désas-tres sont principalement des mineurs.
Entre autre, la même source souligne que tout ceci nécessite une approche approfondie qui permettra la compréhension du phénomène dans ses différents aspects juridiques et psychosociologiques, notamment dans cette période de vacances scolaires.
Dans ce bilan, les arrestations des mineurs ont augmenté à Oran avec 140 mineurs interpellés, Sétif avec 136 autres mineurs et Alger avec 129 mineurs arrêtés; la ville la moins touchée par ce phénomène est Béchar avec seulement quatre arrestations. Contacté par nos soins, le président du réseau Nada pour la défense et la promotion des droits de l’enfant, Abderahmane Arrar, a tiré la sonnette d’alarme en mettant l’accent sur la montée inquiétante de ce phénomène. «Compte tenu de la recrudescence et de la gravité de certains délits commis par des enfants de moins de 18 ans, la délinquance des mineurs compte aujourd’hui parmi les problèmes sociologiques qui affectent le plus la société algérienne et mettent en difficulté la symbiose et le bien-être de la cellule familiale», regrette le président. Il ajoute que la société civile a un grand rôle pour récupérer les délinquants avant qu’ils ne se mettent définitivement en marge de la société et deviennent de grands criminels, s’ils ne sont pas convenablement pris en charge dès leur premier écart de conduite. Le président de Nada a plaidé également pour la création d’un observatoire national de protection des droits de l’enfant et de tribunaux spécialisés dans les questions relatives à l’enfance, la mise en place d’un système d’alerte et de dénonciation dans des affaires d’enlèvement avec la collaboration des pouvoirs publics et la société civile, outre le renforcement des mécanismes de protection contre le crime et la délinquance juvénile. Entre autre, il a précisé que l’article 49 du nouveau projet fixe l’âge de la responsabilité pénale de l’enfant à 10 ans, au lieu de 13 ans dans l’actuelle loi, ce qu’il considère comme «illogique». «C’est à l’âge de 13 ans que l’enfant peut avoir une certaine maturité qui lui permettra de distinguer entre les faits prohibés par la loi», ajoute-t-il. Pour sa part, un juge d’instruction sous le couvert de l’anonymat nous a apporté un éclairage sur l’ampleur de ce phénomène. «A la lumière des statistiques criminelles, (policières, judiciaires et pénitentiaires), on fait ressortir que la proportion la plus importante des personnes arrêtées est située entre la fin de l’adolescence et le début de l’âge adulte», il explique que les infractions les plus représentées statistiquement, en matière de criminalités commises par les jeunes se résument en des coups et blessures volontaires, des vols et des agressions sexuelles. Il a mis l’accent en outre sur le seuil d’âge qui est traité uniquement sous l’angle juridique, mettant les acteurs judiciaires, notamment les juges, devant des catégories fixes qui ne répondent pas forcément au degré de maturité morale et intellectuelle des jeunes adultes délinquants. Rappelons qu’auparavant, le colonel Messaoudi Abdelhamid, directeur général de l’Institut national de criminalistique et de criminologie de la Gendarmerie nationale de Bouchaoui, a indiqué que la délinquance juvénile est une problématique constante, puisque les statistiques de leurs services allant de 2008 à 2012 ont mis en relief une moyenne de 3153 mineurs impliqués dans tous types d’infractions.