21 millions d’électeurs convoqués aux urnes,Combien d’Algériens iront voter?

21 millions d’électeurs convoqués aux urnes,Combien d’Algériens iront voter?

Voter est un devoir civique

Tout l’enjeu de cette consultation, que certains présentent comme étant un événement historique, réside dans le taux de participation.

Combien d’Algériens se rendront-ils aujourd’hui aux urnes? C’est la question qui taraude sans cesse l’esprit de la classe politique, en particulier le gouvernement.

L’élection d’aujourd’hui est loin d’être un simple événement. Après 50 ans d’indépendance, l’Algérie s’apprête à vivre, pour la première fois de son histoire, un tournant décisif dans sa vie politique. Un changement, opéré dans un contexte régional marqué par les révolutions arabes, qui se veut pacifique à la manière algérienne. Si le président de la République s’est impliqué en personne dans cette bataille, ce n’est pas pour rien. Bien au contraire, l’Algérie est sous les regards de la communauté internationale.

Devant le désintérêt affiché par les citoyens pour la chose politique et pour écarter la reproduction du scénario de 2007, qui a donné une sixième Assemblée mal élue et en manque de légitimité, le président de la République s’est sérieusement investi dans le défi de réconcilier les Algériens avec la pratique politique. Jamais autant d’appels pressants au vote n’ont été enregistrés auparavant.

Le chef de l’Etat n’a omis aucune occasion pour s’adresser aux consciences des Algériens, les invitant à voter même avec un bulletin blanc. Le dernier appel en date est celui du 8 Mai où il a appelé à partir de Sétif à se rendre en force aux urnes. Sensibiliser et mobiliser, le chef de l’Etat a fait de cette mission son cheval de bataille. Voulant impliquer les jeunes dans la construction du pays, le chef de l’Etat a fini par lâcher le morceau en expliquant: «Notre génération est finie», une déclaration lourde de sens qui signifie clairement que le temps du changement est venu à travers le renouvellement en plaçant les nouvelles générations au centre des commandes.

Le forcing du président de la République avait pour but de secouer les Algériens et de les impliquer dans la prise de décision concernant l’avenir du pays. L’élection d’aujourd’hui se distingue des précédentes par l’enjeu qu’elle porte en elle-même.

Premier élément, le scrutin d’aujourd’hui intervient une année après le processus des réformes engagé par le chef de l’Etat. Autrement dit, ce scrutin se veut comme un premier test quant à l’impact de ces réformes sur l’opinion publique. Deuxièmement, il s’agit d’élire la prochaine Assemblée nationale populaire qui aura la mission de remodeler le texte fondamental du pays, la Constitution. Comme l’avait promis le président de la République, la révision de la Constitution sera le premier chantier de la future APN. Un fort taux d’abstention risque en effet d’accoucher d’une Assemblée en mal de légitimité et qui ne représenterait guère le peuple.

De plus, l’obstention profiterait à une minorité qui pourra modifier à sa guise la Loi fondamentale du pays. Même si un scénario de 1990 est écarté, il n’en demeure pas moins que la mouvance islamiste reste très active. Elle est représentée par plusieurs partis dont celui de Djaballah et «l’Alliance verte» qui regroupe le MSP, En Nahda et El Islah. L’arrivée en force des islamistes à l’APN serait pour eux un grand acquis surtout lorsqu’on sait que l’enjeu demeure la présidentielle de 2014 qui pointe à l’horizon. C’est cette élection qui définira la nouvelle carte politique de l’Algérie pour les 20 ans à venir. Un fort taux de participation pourrait être un gage et une assurance pour l’avenir du pays qui le mettra à l’abri de toute pression étrangère. En multipliant les appels à une forte participation, les états-majors du pays veulent prouver à la communauté internationale que l’idée d’un changement pacifique et sans révolution est possible. Ce n’est pas tout. Pour ne pas entacher ce scrutin de fraude, le gouvernement a acquis des urnes transparentes et a fait appel, pour la première fois, à des observateurs internationaux. Plus de 500 observateurs de différentes organisations seront présents aujourd’hui à travers les 48 wilayas du pays pour suivre, de visu le processus électoral. Il s’agit de 10 observateurs de l’Organisation des Nations unies (ONU), 250 de l’Union africaine (UA), 110 de la Ligue des Etats arabes, 20 de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), 150 de l’Union européenne (UE), 9 de l’ONG américaine, National Democratic Institute (NDI) et 02 indépendants. De plus, deux commissions chargées de la supervision du scrutin ont été mises en place pour contrôler les urnes et écarter le risque de fraude. Donc, le gouvernement a assuré toutes les garanties et il reste aux citoyens de jouer le jeu. Aujourd’hui, ils seront plus de 21 millions d’électeurs à être conviés aux urnes pour l’élection de 462 députés de la future Assemblée populaire nationale. En tout, 25.000 candidats issus de 44 partis politiques et des listes indépendantes sont en lice. Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, ils sont exactement au nombre de 24.916 candidats dont 7700 femmes (30,90%) à être en compétition. Islamistes, conservateurs, démocrates, socialistes et nationalistes, la galerie politique représente toutes les obédiences de l’espace politique national. Devant une telle composante, l’électeur aura, donc, l’embarras du choix. Reste à savoir si les citoyens prendront d’assaut les urnes? Attendons pour voir!