C’est la junte qui revient». Constantin Zambounis est, comme les 2 655 autres salariés du groupe audiovisuel public grec ERT, sous le choc après la fermeture autoritaire décrétée sans préavis et aussitôt mise en application, hier soir, mardi, par le gouvernement grec.
A 20h 11 GMT, les écrans des trois chaînes de télévision publiques grecques sont devenus noirs et les chaînes ont cessé d’émettre, après une brève déclaration du porte-parole du gouvernement annonçant la fermeture immédiate des télévisions publiques accusées de mauvaise gestion scandaleuse… à la télévision. Après l’extinction des écrans, tout le monde est sous le choc. Personne ne s’attendait à un lockout mené de manière aussi expéditive sur un groupe audiovisuel, qui bénéficie d’un grand respect dans le monde de la culture. Dans les couloirs, c’est la stupeur. Les présentateurs ont le maquillage qui dégouline et les yeux hagards. Les assistantes craquent. Jusque dans le couloir qui mène au bureau du président du principal syndicat de salariés, Panayotis Kalfayanis, où des éclats de voix homériques font trembler les minces parois. «Le gouvernement a de façon illégale et abusive coupé le signal des antennes de télécommunications grecques alors qu’il n’en a ni le droit constitutionnel ni l’autorisation via le conseil d’administration de la radio-télévision nationale» explique-t-il à l’AFP, en face de son écran tout noir. «Nous avons un gouvernement qui rappelle plus la Roumanie de Ceausescu qu’un gouvernement issu du vote du peuple», assène-t-il. C’est sous la pression de ses bailleurs de fonds que le gouvernement grec a annoncé et immédiatement mis en application la fermeture des chaînes de TV publique ERT.