Me Benbraham appelle à la restitution du canon de « Baba Merzoug »

Me Benbraham appelle à la restitution du canon de « Baba Merzoug »

Algérie – La Présidente du Comité National pour la restitution de « Baba Merzoug », l’emblématique canon Algérien volé par la France coloniale depuis 190 ans, Me Fatma-Zohra Benbraham, est revenue sur sa valeur mémorielle et sur l’impérative de sa restitution. 

Cela fait près de 190 ans que le puissant canon algérien « Baba Merzoug » est érigé dans le port de Brest en France. À maintes reprises, l’Algérie a réclamé la restitution de cette pièce maîtresse de son artillerie, mais en vain. Cependant, la société civile continue de se mobiliser afin de restituer ce patrimoine historique, notamment le Comité National pour la restitution de « Baba Merzoug », qui en a fait sa principale mission.

Lors d’un entretien accordé au média Arab News en français, Me Fatma-Zohra Benbrahem, Présidente du Comité National pour la restitution de « Baba Merzoug », est revenue une nouvelle fois sur la question de sa restitution, affirmant que « c’est un dossier extrêmement important sur plusieurs plans. Tout d’abord sur le plan historique, puis sur le plan culturel, et enfin sur le plan mémoriel ».

« Monstrueux pour son époque avec ses douze (12) tonnes de bronze et ses sept (7) mètres de long, il pouvait projeter des boulets de quatre-vingts kilos à près de cinq kilomètres. Il s’agissait, à l’époque, d’une arme redoutable, qui constituait un symbole fort dans la défense de la ville d’Alger », a-t-elle détaillé en décrivant le canon de « Baba Merzoug », littéralement « père chanceux », soulignant, dans ce même sens, que « jusqu’à ce jour, aucun ingénieur n’a pu déterminer avec exactitude la technique utilisée pour sa fabrication ».

« Baba Merzouk » a humilié la France délibérément

Au lendemain de la colonisation de l’Algérie, l’amiral Duperré et le général de Bourmont l’ont transporté en France tel un véritable « trophée de guerre », rebaptisé « La Consulaire », le canon a été érigé, en 1833, en colonne sur un socle de granit dans le port de Brest, avec un coq placé en son sommet pour symboliser la France.

Me Benbraham a expliqué, à cet effet, que « cette arme n’était pas seulement un outil de défense », notant qu’ « elle a aussi servi à humilier délibérément la France ». Ella a également souligné que « la marine française de l’époque ne voulait pas introduire cet ennemi redoutable dans ses bâtiments », c’est pourquoi il a été érigé « en dehors des bâtiments de la marine, sur un parking, alors que, généralement, les pièces prestigieuses sont placées dans la cour ».

La Présidente du Comité n’a pas manqué de noter que le canon a été rebaptisé, et surnommé « La Consulaire », dans le but de fausser l’histoire mais aussi pour ne pas  inciter la population à chercher son origine et à découvrir son histoire.

Revenant sur « l’histoire » qui raconte que « le consul français Jean Le Vacher a été attaché à la bouche du canon et exécuté en 1686, en représailles à l’attaque perpétrée par l’amiral Duquesne », l’intervenante a affirmé qu’ « il s’agit d’une anecdote, non d’un fait historique ».

« Il existe très peu d’écrits français sur cette histoire selon laquelle le père Le Vacher aurait été attaché à la bouche du canon et propulsé vers l’escadrille de l’amiral Duquesne, en guise de réponse aux doléances de ce dernier », a-t-elle révélé en rajoutant que « le successeur du père Le Vacher, Joseph Gilalona, a précisé dans une lettre que Le Vacher fut emporté par la maladie en 1688, soit deux ans après l’incident présumé ».

« Ce qui veut dire que « Baba Merzoug », le défenseur, n’a jamais été l’agresseur. Il est impossible de faire rentrer une personne dans le canon », a-t-elle rapporté en évoquant une lettre originale, que le Comité détient, provenant de l’Église italienne qui confirme noir sur blanc l’innocence du canon Algérien.

« Nous sommes en droit de demander cette pièce qui nous revient »

La Présidente du Comité a exigé le retour immédiat de ce canon qu’elle qualifie de symbole historique. « Nous sommes en droit de demander cette pièce qui nous revient, car nous, Algériens, nous avons présenté plus de civisme et de respect pour l’histoire française », a affirmé l’avocate en citant des textes de l’UNESCO.

Par ailleurs, elle a rappelé qu’au lendemain de l’indépendance de l’Algérie, « la France avait pris le soin d’emmener avec elle toutes les statues et les stèles, telles que la statue de la Grande-Poste, les clochers d’Alger, les statues de Jeanne d’Arc et de Bugeaud, ainsi celle de Notre-Dame d’Afrique ».

Enfin, Me. Benbraham a souligné que « la notion de patrimoine ne peut aujourd’hui souffrir d’aucune controverse, car la loi établit clairement que sont considérés comme un patrimoine historique les objets produits en territoire algérien par les Français, et non pas ceux qui sont produits en Algérie avant la colonisation ».

« Nous espérons une clairvoyance des hommes politiques français pour le restituer. Un bon civisme ne fait qu’apaiser les mémoires et les consciences », a conclu la Président du Comité National pour la restitution de « Baba Merzoug ».

 

Rédaction d’Algérie 360.