Guerre d’Algérie : Le Cour Grandmaison estime que la France a mené une “guerre totale” 

Guerre d’Algérie : Le Cour Grandmaison estime que la France a mené une “guerre totale” 

Le politologue et universitaire français, Olivier Le Cour Grandmaison, a affirmé que la France a mené une « guerre totale » en Algérie depuis le début de la colonisation en 1830.

Dans un entretien accordé à Algérie Presse Service (APS), le politologue et universitaire français, Olivier Le Cour Grandmaison, a indiqué que « la France a mené, lors de la colonisation de l’Algérie entre 1830 et 1962, une guerre totale » soulignant que cette guerre  » a été marquée par des massacres et des crimes contre l’humanité, ayant décimé la population autochtone », notamment par « les destructions des villes et des villages, la déportation des populations civiles et les enfumades ».

En effet, M. Le Cour Grandmaison, qui est l’un des spécialistes reconnus des questions liées à l’histoire de la colonisation française en Algérie, a indiqué qu’ « en février 1841, le général Bugeaud est nommé gouverneur général de l’Algérie et va y mener une guerre totale, puisqu’elle méconnait les dispositions des conflits conventionnels tendant à la protection des civils et reposant sur la distinction entre champs de bataille et sanctuaire ».

« Entre 1830 et 1872, la population autochtone a perdu environ 875.000 personnes en raison des effets cumulés de ces guerres presque ininterrompues, de la misère et des famines qu’elles ont favorisées et aggravées », a-t-il révélé, soulignant « que les terribles massacres de Sétif, Guelma et Kherrata, qui débutent le 8 mai 1945 et durent plusieurs semaines, ont fait plus de 45.000 morts ».

« À cela s’ajoute la Guerre d’Algérie (1954-1962), un conflit marqué par de nombreux crimes de guerre et crimes contre l’humanité perpétrés par les armées françaises et les supplétifs harkis », a-t-il rajouté.

S’exprimant au sujet des massacres du 17 octobre 1961, M. Le Cour Grandmaison est revenu sur leur contexte « où il est de notoriété publique que la torture, les exécutions sommaires et les disparitions forcées font également partie des pratiques de la police française que dirige, dans la région parisienne, le préfet Maurice Papon », rajoutant que « ces massacres ont été commis lors des rassemblements pacifiques auxquels le Front de Libération Nationale (FLN) a appelé pour protester contre le couvre-feu raciste qui était alors imposé aux seuls Français musulmans d’Algérie depuis le 5 octobre de la même année ».

« Ces rassemblements ont d’emblée été souhaités pacifistes et les militants du FLN ont donné des consignes très strictes pour qu’il en soit ainsi. Contrairement aux mensonges d’État forgés alors pour faire croire que les forces de l’ordre ont riposté, à Paris et dans la région parisienne, à des coups de feu et des attaques, il n’en est rien », a-t-il affirmé, ajoutant que « les faits et leur déroulement sont désormais bien connus grâce au travail pionnier du regretté Jean-Luc Einaudi et à des recherches plus récentes », a-t-il détaillé.

Dans ce même contexte, le politologue a révélé que « les autorités françaises s’obstinent à ne pas vouloir reconnaître ces crimes contrairement à d’autres anciennes puissances coloniales, à l’instar de la Grande-Bretagne, qui  a non seulement reconnu certains faits criminels mais aussi accordé des réparations financières aux victimes et à leurs descendants, et érigé un mémorial à Nairobi à la mémoire des Mau-Mau massacrés au cours de l’insurrection qui a débuté en 1952 et s’est officiellement achevée en 1956 ».

Concernant l’accès aux archives, M. Le Cour Grandmaison a fait savoir qu ‘ « en 2011, un arrêté ministériel du Premier Ministre François Fillon interdit la communication des documents classés secret-défense alors même que le délai de 50 ans fixé par la loi du 15 juillet 2008 est dépassé », s’indignant du fait que « la France se distingue par des dispositions particulièrement restrictives comparées à d’autres pays démocratiques ».

Rédaction d’Algérie 360.