Retour sur l’empreinte que le Capitaine Sankara aura laissé en Afrique

Retour sur l’empreinte que le Capitaine Sankara aura laissé en Afrique

Le 4 août 2020 a marqué le 37e anniversaire de l’ascension du Conseil National de la Révolution (CNR) au pouvoir sous la Haute-Volta (Actuellement Burkina Faso).

En effet, le 4 août 1983, le Capitaine Thomas Sankara a prononcé son premier discours à la prise du pouvoir de la République de Haute-Volta, qu’il a renommé « Burkina Faso », traduit par « Partie des hommes intègres ». Ce changement de nom a laissé transparaitre les objectifs du jeune officier, qui souhaitait faire de la Haute-Volta un pays libéré de l’emprise néocoloniale, au sein duquel il veut développer un projet collectif et démocratique venant en aide au Burkina Faso pour fonder une autonomie politique et économique.

De 1983 à 1987, le Capitaine Sankara, ayant arraché le poste de Premier ministre lors du coup d’État orchestré par Jean-Baptiste Ouédraogo, a demandé de grands efforts envers le peuple burkinabé. Durant cette période de 4 ans, le taux de scolarisation s’est multiplié par deux (12 % à plus de 23 %), chaque village a bénéficié de son poste de santé primaire, et de nombreux travaux ont été effectués pour obtenir de l’eau potable et irriguer les champs. En 1987, l’économie burkinabé était devenue totalement indépendante du FMI.

Le leader burkinabé anticolonialiste a également joué un grand rôle dans la défense et la promotion des droits des femmes, critiquant les « maris réactionnaires », il a ainsi déclaré « si nous perdons le combat pour la libération des femmes, nous aurons perdu tout droit d’espérer une transformation positive de la société ».

Le 15 octobre 1987, le président du Burkina Faso, Thomas Sankara fut brutalement assassiné dans des circonstances non élucidées jusqu’à ce jour. Cette figure politique incontournable sur le continent africain et plus particulièrement au Burkina Faso a été très rapidement remplacé par son bras droit, Blaise Compaoré qui a pris, le jour même, le poste de président du Burkina Faso. Ce dernier occupa cette place durant 27 ans au cours desquelles ont régné corruption et brutalité dictatoriale.

Voici le premier discours du nationaliste et pionnier du mouvement pan-africanisme Thomas Sankara lors de la prise de pouvoir du CNR :

Peuple de Haute-Volta !

Aujourd’hui encore, les soldats, sous-officiers et officiers de l’Armée nationale et des forces para-militaires se sont vus obligés d’intervenir dans la conduite des affaires de l’État pour rendre à notre pays son indépendance et sa liberté et à notre peuple sa dignité.

En effet, ces objectifs patriotiques et progressistes qui ont justifié l’avènement du Conseil du salut du peuple (CSP) le 7 novembre 1982, ont été trahis le 17 mai 1983, soit seulement six mois après, par des individus farouchement hostiles aux intérêts du peuple voltaïque et à ses aspirations à la démocratie et à la liberté.

Ces individus, vous les connaissez, car ils se sont frauduleusement introduits dans l’Histoire de notre peuple ; ils s’y sont tristement illustrés, d’abord par leur politique à double face, ensuite, par leur alliance ouverte avec toutes les forces conservatrices réactionnaires qui ne savent rien faire d’autre que de servir les intérêts des ennemis du peuple, les intérêts de la domination étrangère, et du néo-colonialisme.

Aujourd’hui, 4 août 1983, les soldats, sous-officiers et officiers de toutes les armes et de toutes les unités, dans un élan patriotique, ont décidé de balayer le régime impopulaire, le régime de soumission et d’aplatissement, mis en place depuis le 17 mai 1983 par le médecin commandant Jean-Baptiste Ouédraogo sous la houlette du colonel Gabriel Somé Yoryan et de ses hommes de main.

Aujourd’hui, 4 août 1983, des soldats, sous-officiers et officiers patriotes et progressistes ont ainsi lavé l’honneur de notre peuple et de son armée et leur ont rendu leur dignité, leur permettant de retrouver le respect et la considération que chacun, en Haute-Volta comme à l’étranger leur portait du 7 novembre 1982 au 17 mai 1983.

Pour réaliser ces objectifs d’honneur, de dignité, d’indépendance véritable et de progrès pour la Haute-Volta et pour son peuple, le mouvement actuel des Forces armées voltaïques tirant les leçons des amères expériences du « CSP », a constitué ce jour, 4 août 1983, le Conseil national de la révolution (CNR) qui assume désormais le pouvoir d’État, en même temps qu’il mette fin au fantomatique régime du CSP du médecin commandant Jean-Baptiste Ouédraogo qui l’avait du reste arbitrairement dissous.

Peuple de Haute-Volta,

Le Conseil national de la révolution appelle chaque Voltaïque, homme ou femme, jeune ou vieux à se mobiliser dans la vigilance pour lui apporter son soutien actif. Le Conseil national de la révolution invite le peuple voltaïque à constituer partout des Comités de défense de la révolution (CDR) pour participer à la grande lutte patriotique du CNR et pour empêcher les ennemis intérieurs et extérieurs de nuire à notre peuple. Il va sans dire que les partis politiques sont dissous.

Sur le plan international, le Conseil national de la révolution proclame son engagement à respecter les accords qui lient notre pays aux autres États. Il maintient également l’adhésion de notre pays aux organisations régionales, continentales et internationales.

Le Conseil national de la révolution n’est dirigé contre aucun pays, aucun État ou peuple. Il proclame sa solidarité avec tous les peuples, sa volonté de vivre en paix, et en bonne amitié avec tous les pays et notamment avec tous les pays voisins de la Haute-Volta.

La raison fondamentale et l’objectif du Conseil national de la révolution, c’est la défense des intérêts du peuple voltaïque, la réalisation de ses profondes aspirations à la liberté, à l’indépendance véritable et au progrès économique et social.

Peuple de Haute-Volta !

Tous en avant avec le Conseil national de la révolution pour le grand combat patriotique, pour l’avenir radieux de notre pays.

La patrie ou la mort, nous vaincrons !

Vive le peuple voltaïque !

Vive le Conseil national de la révolution !

Rédaction d’Algérie360.