Les incidences de la crise du Covid-19 sur les étudiants algériens en France

Les incidences de la crise du Covid-19 sur les étudiants algériens en France

Les étudiants algériens à l’étrangers souffrent des séquelles de la crise sanitaire du Coronavirus. Ceux qui se trouvent en France, sont forcés de faire face à une situation très difficile en s’appuyant sur l’entraide sociale et la solidarité de la diaspora algérienne.

Pour dénoncer les conditions de vie des étudiants algériens en France, deux jeunes algériennes racontent les situations dans lesquelles elles se trouvent depuis le début de la pandémie du Coronavirus à notre confrère de Liberté.

La première s’appelle Lila, elle est titulaire d’un diplôme universitaire dans les médias et la communication, et se trouve actuellement sans emploi malgré les dizaines de CV qu’elle envoie quotidiennement. Pourtant, il y a moins d’un an, elle avait décroché un CDI dans une agence, seulement elle devait fournir « le permis de travail ».

En effet, il s’agit d’une obligation spécifique aux étudiants algériens, décidée en 1968 par les autorités des deux pays. A l’origine, cette décision devait régulariser la circulation des individus, mais au jour d’aujourd’hui elle est devenue une contrainte qui complique la procédure de recrutement des jeunes algériens en France.

« La préfecture a mis quatre mois avant de me délivrer le permis à la fin février 2020. Entre-temps, ma promesse d’embauche s’est envolée« , explique Leila.

Avec l’arrivée de la pandémie en France et la mise en place du confinement total par le gouvernement, Leila s’est retrouvée sans aucun revenu, sans l’aide de son fiancé, qui bénéficie d’un emploi stable, et de ses amis elle se serait retrouvée dans la rue.

La jeune femme ne peut même pas bénéficier de l’aide de l’Etat pour les allocations chômages ou les bourses d’étudiants. « Compte tenu de ma petite expérience dans le monde du travail, je n’ouvre pas droit à une allocation chômage. Je suis aussi exclue des dispositifs d’aide aux étudiants et des offres de stages rémunérés car je suis déjà diplômée« , souligne-t-elle.

Leila raconte son expérience et explique qu’elle vit dans l’instabilité et le stresse car en février 2021, son permis de travail et sa carte de séjour vont expirer, à ce moment là elle devra quitter le territoire français ou trouver une autre alternative.

La deuxième histoire est celle de Taous, une jeune étudiante de 21 ans, celle-ci explique qu’à la rentrée prochaine elle va rejoindre son université et ses cours de physique. Seulement, et tout comme Leila, elle peine à financer son séjour en France. La jeune femme n’a pas payé son loyer depuis le mois de mars dernier et risque de se faire expulser de son appartement.

Avant la pandémie, Taous travaillait dans la distribution de flyers, depuis la mise en place du confinement total, les finances de la jeunes femmes se serrent. Pour se nourrir, elle compte sur l’aide de ses amis et des associations, elle réduit ainsi ses dépenses au strict minimum en évitant même de prendre les transports en commun, dont les abonnements ont connu une augmentation.

Taous explique qu’elle a envoyé des dizaines de CV dans l’espoir de trouver un travail, mais dans le contexte actuel les entreprises réduisent leurs budgets de recrutement.

Dans ce même contexte, la diaspora et les associations se mobilisent pour aider les étudiants et les nouveaux diplômés. L’association des Etudiant et Cadres Algériens en France (ECAF) est l’une des associations qui s’est mise à la disposition des étudiants et des diplômés en quête d’emploi pour les orienter.

Face à une telle situation de crise, l’association est débordée d’appels à l’aide. Fouad Miloudi, Président de l’ECAF, dénonce les conditions dans lesquelles se trouvent les étudiants au point ou certains ne trouvent plus de quoi se nourrir.

« Nous avons organisé trois opérations de distribution de colis alimentaires. Des centaines de personnes se sont inscrites », déclare-t-il.

D’un autre coté, l’Etat Français tente de venir en aide aux étudiants, une subvension exceptionnelle de 200 euros leur a été attribuée aux étudiants, y compris les étrangers, dans le cadre d’une opération de solidarité nationale suite à la crise sanitaire du Coronavirus.

Pour permettre aux étudiants de dépasser cette situation, l’Etat Français avait annoncé la mise en place d’un nouveau dispositif dérogatoire qui autorise les étudiants étrangers à avoir une activité professionnelle salariée dans la limite de 80% de la durée de travail annuelle. Seulement, les étudiants algériens ne peuvent pas profiter de cette nouvelle dérogation car les accords de 1968 limitent le temps de travail à 50% de la durée de travail annuelle.

A cet effet, le Président de l’ECAF a adressé une lettre à l’ambassadeur de l’Algérie en France pour mettre la lumière sur cet accord qui contraint les étudiants algériens à fournit une autorisation provisoire de travail à leur recruteurs.

« Beaucoup d’entreprises renoncent à employer des Algériens compte tenu de la longueur des délais de délivrance des permis« , justifie-t-il.

Le Président de l’Association des Algériens des deux rives et leurs amis (Adra), Ayed Jugurtha, a mis le doigt sur la menace d’expulsion des nouveaux diplômés en quête d’emploi.  Comme Leila, plusieurs autres jeunes diplômés algériens vivent stressés à cause de ce risque d’expulsion.

« Ce n’est pas le cas des diplômés marocains, par exemple. Ces derniers bénéficient d’une autorisation de séjour provisoire d’un an qui leur permet après la fin de leurs études de prospecter avec moins de stress le marché de l’emploi », compare-t-il.

Un autre cas de figure illustre les difficultés que rencontrent les étudiants algériens en France, celui de Dalina, une jeune étudiante en robotique, qui a eu beaucoup de mal à trouver un stage dans le contexte actuel. La jeune femme, qui vit grâce aux subvenions de ses parents, souligne que les étudiants qu’elle connait se trouvent dans des situations plus difficiles que la sienne : « Un ami va refaire son année universitaire car il n’a pas réussi à trouver un stage », rajoute-t-elle.

Rédaction d’Algérie 360.