Le « sniper » de la photo algérienne n’est plus

Le « sniper » de la photo algérienne n’est plus

La piste artistique algérienne n’est pas au bout de ses peines, une autre figure de l’art algérien nous a tristement et silencieusement quitté, il s’agit de l’artiste photographe Kays Djilali.

Né le 02 décembre 1961 à Alger, Kays est le neveu du théologien et historien cheikh Abderrahlane Djilali.

Depuis son plus jeune âge, il se penche vers le 8éme art et s’affirme au fil des années en se créant une place dans la cour des grands photographes algériens. Il se démarque par la singularité de ses prises que beaucoup de ses confrères décrivent de « pudiques » et de « limpide », il consacre son « objectif » pour immortaliser les paysages exceptionnels et les monuments architecturaux anciens dont l’Algérie regorge, et qui, grâce à lui, ont fait le tour des galeries internationales, notamment en Chine, en Russie, au Maroc ou encore en France.

Le regretté artiste a participé à l’élaboration de plusieurs projets, dont des ouvrages sur l’Algérie : 10 balades à Alger en 2007 de Karrine Thomas et Philomène Bon, Aurès vivre la terre chaouie en 2011 et dont il est l’auteur, et Alger sous le ciel de Nina Bouraoui et Malek Allaoua.

Kays Djilali a également mobilisé son art au service des populations subsahariennes, à travers ses illustrations dans La nuit sur la figure en 2008 préfacé par Yasmina Khadra, et son film documentaire poignant sur la détresse de ses dernières intitulé Le piège co-réalisé en 2007 avec Djamel Benramdan.

Il laisse son empreinte dans le monde de la musique, il est l’auteur de la photographie de la pochette de l’album Kutché en 1988 de cheb Khaled et Safy Boutella, qui ne manque pas l’occasion pour rendre hommage au défunt sur son facebook, écrivant ému : « C’est avec une infinie tristesse que je viens d’apprendre le décès de Kays Djilali ».

Il n’est d’ailleurs pas le seul à exprimer son chagrin et à rendre hommage au grand artiste :

«Amoureux des voyages et des grands espaces, féru de musiques du monde, Kays Djilali a, sans fin, arpenté l’Algérie, photographié ses paysages, sa nature, ses monuments historiques, ses artistes (musiciens, écrivains), contribuant ainsi, en artisan discret et polyvalent, à constituer un fonds photographique documentaire et artistique sans précédent», lit-on dans le témoignage de Selma Hellal et Sofiane Hadjadj.

«Les mots me manquent pour dire ma douleur. C’est un grand vide que va me laisser mon ami, mon frère Kays. C’était un photographe talentueux, un gentleman discret, humble, un homme honnête et bon», déclare Azeddine Guerfi, responsable des Editions Chihab.

«Homme de grande modestie, évoluant dans le retrait, peu soucieux d’accumuler publications et expositions personnelles, il a consacré sa vie à la photographie et à l’image, prêtant son regard à de nombreux projets.  Amoureux des voyages et des grands espaces, féru de musiques du monde, Kays Djilali a, sans fin, arpenté l’Algérie, contribuant ainsi, en artisan discret et polyvalent, à constituer un fonds photographique documentaire et artistique sans précédent», écrivent les éditions El Barzakh dans un communiqué émouvant lui rendant hommage.

Kays Djilal a rendu l’âme dimanche dernier, 14 juin, à l’âge de  59 ans, après une lutte acharnée et courageuse contre la maladie. Le défunt est mort entouré de ses proches en France, près de Nice, ou il était bloqué à cause du coronavirus dans l’attente du rapatriement.

Il avait encore beaucoup a donné à l’art et à l’Algérie, hélas la mort a eu raison de lui, comme l’aurait dit, si magnifiquement, le journaliste-auteur Sid-Ahmed Semiane : « Un œil s’est fermé. Un regard s’est éteint. Un talent est parti. Un homme bon est mort ce matin. Son nom est Kays Djilali. Son métier : photographe silencieux des destins humains ».

Rédaction d’Algérie 360.